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[FUCKING SERIES] : Tapie : Victoire sur tapis vert ?


(Critique - avec spoilers - de la mini-série)


Que ce soit du côté de la télévision ou du cinéma, Netflix n'a pas forcement eu le portefeuille bleu, blanc et rouge pour ce qui est de produire finement, quand bien même de plus en plus de contre-exemples, viennent contredire des millésimes tels que Marseille, 8 rue de l'humanité et autres BigBug et Les Liaisons Dangereuses.

Reste qu'arpenter le terrain difficile du biopic bigger than life de l'une des figures les plus populaires et controversées à la fois, de ces quarante dernières années dans l'hexagone, façon hagiographie plus ou moins policé/romancé à la The Crown, avait quelque chose de suffisamment intriguant pour nous faire loucher un minimum dessus, malgré une rentrée cinématographique particulièrement riche en séances immanquables.

Copyright Netflix

C'est la belle promesse (oui) incarnée sur le papier par Tapie sauce Tudum, vendue comme une fiction plus vraie que vrai et scindée en sept épisodes/chapitres - comme autant de défis déraisonnables qu'il s'est lancé -, sur l'ascension puis la chute tout aussi brutale de l'éternel Nanar Tapie, dépeint comme un travailleur acharné issu de la classe ouvrière, parti de rien pour se rapprocher, tel un Icare, d'un soleil qui lui aura plus que brûler les ailes.
Un homme d'affaires qui aura tout connu, des tribunes de l'olympique de Marseille au sommet du pouvoir, en passant par la case prison, exactement le genre de destin multiple propice à se voir capturer par une caméra - d'autant que le bonhomme lui-même, était acteur à l'occasion.

Tapie voulait tout simplement (et à, quoi qu'on en dise) marquer l'histoire avec un grand H, et qui donc eu les honneurs d'un biopic sur sa propre personne, dans une célébration/déconstruction du mythe de ses débuts dans la variété aux cœurs des 60s à la fin des 90s, et son incarcération suite à l'affaire OM/VA.

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Un show au demeurant rythmé et loin d'être désagréable, porté par ailleurs par une belle reconstitution historique, mais qui a le défaut de jongler continuellement entre la fiction romancé/admirative et l'hagiographie fidèle sauce Wikipedia (mais laissant consciemment de côté quelques pans fascinant de sa vie, comme l'affaire Adidas, la faillite du Crédit lyonnais, le château de Bokassa,...), au point de ne jamais laisser poindre de vraie volonté directrice - si ce n'est un entre-deux maladroit.

Que le tandem Tristan Séguéla/Olivier Demange fasse preuve de distance et de respect est un fait (s'il est tout à fait logique qu'il réécrivent quelques détails de l'histoire pour, justement, la retranscrire à l'écran, trop de modifications viennent gâcher sa vision pour les spectateurs un tant soit peu érudits), mais qu'il ne sache jamais vraiment sur quel pied danser en est une autre, dégageant quelques pistes/enjeux fébrilement soutenue (la quête d'approbation du père, la lutte des classes et le futur symbole presque héroïque du prolétariat et d'une France qui gagne, le rôle de Dominique Tapie en tant que vraie femme de l'ombre influente), dans ce qui peut in fine se voir plus comme un hommage candide et complaisant (qui se justifie platement de ses moindres écarts), qu'une vraie étude de la figure Tapie et de ses milles vies.

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Reste un vrai goût d'inachevé dans la télécommande donc, avec cette chronique mi-cuite, biopic (très) fictionnel - comme The Crown, finalement - sous fond d'emprise musclée de l'ascenseur social, malgré une partition impressionnante d'un Laurent Lafitte qui capture à merveille l'aura de cet homme bigger than life (accompagné par un joli duo Joséphine Japy/Camille Chamoux), et quelques séquences vraiment magistrales.
Un match nul donc, pour mieux rejouer plus tard ?


Jonathan Chevrier