[CRITIQUE] : Le Procès Goldman
Réalisateur : Cedric Kahn
Acteurs : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié, Nicolas Briançon,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Policier, Drame, Historique, Judiciaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.
Critique :
C'est sans aucun doute la puissance et la crudité de la capacité rhétorique (et la certaine insolence qui le caractérise aussi) de Pierre Goldman, militant d'extrême gauche et fils d'un héros de la résistance, qui se dégage de son livre à succès Souvenirs obscurs d'un Juif polonais né en France, qui a sans doute éclairé, bien que tardivement, les lumières du septième art au travers de la caméra brute et sans artifice de Cedric Kahn, qui s'est intéressé autant à cette figure que son histoire avec son nouvel effort, Le Procès Goldman.
La narration ne se fait non pas une hagiographie ciblée mais bien, comme le titre l'indique, sur son procès, le second pour être précis, qui visait à réviser en 1975, sa condamnation en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes; une seconde instance motivée par le soutien de figures populaires et d'intellectuels tels que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou encore Simone Signoret, alors qu'il n'avait de cesse de clamer son innocence.
Mais, à l'instar d'Alice Diop dans son magnifique Saint Omer (mais également, dans une certaine mesure, Anatomie d'une Chute de Justine Triet, moins resserré sur le cadre d'un procès), Kahn ne s'intéresse pas tant à la question de la culpabilité où à l'innocence de son sujet ambiguë (bien que sa présomption d'innocence soit tout du long discutée), puisqu'il joue la carte, à la distance paradoxalement intime, d'une perspective intersectionnelle où la société s'immisce lentement et subtilement au cœur des assises d'Amiens où la vérité est - logiquement - sacrée.
Pur film procédural où tout n'est question que de parole et d'écoute (la puissance des mots et de la parole, sont sensiblement mis en avant), où tout est construit à travers les voix et les témoignages (et un format 4/3 qui renforce l'immédiateté de l'action), le cinéaste dresse, au-delà même du personnage de Pierre Goldman, une réflexion sur la société post-mai 1968, entre stigmatisation, xénophobie, répression (et la corruption qui va avec) et frustration, dessinée grâce aux déclarations des témoins, aux interventions des avocats et des procureurs.
Le Procès Goldman où un double portrait cinglant, à la fois d'un homme à l'ambiguïté assumée (incroyable Arieh Worthalter) que celui d'une société française dont les maux d'hier font sensiblement échos à ceux d'aujourd'hui, Cédric Kahn transformant brillamment son incursion dans le drame procédural, en une sorte de huis clos profondément théâtral.
Une belle réussite.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié, Nicolas Briançon,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Policier, Drame, Historique, Judiciaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.
Critique :
#LeProcèsGoldman incarne un double portrait cinglant, à la fois d'un homme réellement ambiguë que celui d'une société française dont les maux d'hier font sensiblement échos à ceux d'aujourd'hui, où Kahn fait de son incursion dans le drame procédural, un solide huis clos théâtral. pic.twitter.com/40MDfVGF3N
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 24, 2023
C'est sans aucun doute la puissance et la crudité de la capacité rhétorique (et la certaine insolence qui le caractérise aussi) de Pierre Goldman, militant d'extrême gauche et fils d'un héros de la résistance, qui se dégage de son livre à succès Souvenirs obscurs d'un Juif polonais né en France, qui a sans doute éclairé, bien que tardivement, les lumières du septième art au travers de la caméra brute et sans artifice de Cedric Kahn, qui s'est intéressé autant à cette figure que son histoire avec son nouvel effort, Le Procès Goldman.
La narration ne se fait non pas une hagiographie ciblée mais bien, comme le titre l'indique, sur son procès, le second pour être précis, qui visait à réviser en 1975, sa condamnation en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes; une seconde instance motivée par le soutien de figures populaires et d'intellectuels tels que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou encore Simone Signoret, alors qu'il n'avait de cesse de clamer son innocence.
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Mais, à l'instar d'Alice Diop dans son magnifique Saint Omer (mais également, dans une certaine mesure, Anatomie d'une Chute de Justine Triet, moins resserré sur le cadre d'un procès), Kahn ne s'intéresse pas tant à la question de la culpabilité où à l'innocence de son sujet ambiguë (bien que sa présomption d'innocence soit tout du long discutée), puisqu'il joue la carte, à la distance paradoxalement intime, d'une perspective intersectionnelle où la société s'immisce lentement et subtilement au cœur des assises d'Amiens où la vérité est - logiquement - sacrée.
Pur film procédural où tout n'est question que de parole et d'écoute (la puissance des mots et de la parole, sont sensiblement mis en avant), où tout est construit à travers les voix et les témoignages (et un format 4/3 qui renforce l'immédiateté de l'action), le cinéaste dresse, au-delà même du personnage de Pierre Goldman, une réflexion sur la société post-mai 1968, entre stigmatisation, xénophobie, répression (et la corruption qui va avec) et frustration, dessinée grâce aux déclarations des témoins, aux interventions des avocats et des procureurs.
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Le Procès Goldman où un double portrait cinglant, à la fois d'un homme à l'ambiguïté assumée (incroyable Arieh Worthalter) que celui d'une société française dont les maux d'hier font sensiblement échos à ceux d'aujourd'hui, Cédric Kahn transformant brillamment son incursion dans le drame procédural, en une sorte de huis clos profondément théâtral.
Une belle réussite.
Jonathan Chevrier