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[CRITIQUE] : Le château solitaire dans le miroir


Réalisateur : Keiichi Hara
Avec les voix originales de : Shingo Fujimori, Rihito Itagaki, Yûki Kaji,…
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation, Drame, Fantastique
Nationalité : Japonais
Durée : 1h56min

Synopsis :
Un beau jour, le miroir dans la chambre de Kokoro se met à scintiller. À peine la jeune fille l’a-t-elle effleuré qu’elle se retrouve dans un formidable château digne d’un conte de fées. Là, une mystérieuse fillette affublée d’un masque de loup lui soumet un défi. Elle a un an pour l’accomplir et ainsi réaliser un souhait. Seulement Kokoro n’est pas seule : six autres adolescents ont le même objectif qu’elle.



Critique :


Le cinéma a toujours vu la littérature comme source narrative sans fond, on ne vous apprend rien. Cela devient même le parcours classique d’un roman à succès de le voir adapté en salles (ou sur nos écrans). Après Wonderland : le royaume sans pluie, Keiichi Hara revient avec une autre adaptation littéraire, le roman phénomène japonais Le château solitaire dans le miroir, écrit par Mizuki Tsujimura. Il est aussi question d’un monde imaginaire, mais assombri cette fois par le harcèlement scolaire et la dépression.

Copyright Eurozoom

Kokoro fuit. Lorsqu’elle descend les escaliers, son ventre sait déjà qu’aller à l’école sera au-dessus de ses forces. Sa mère ne semble pas étonnée et nous comprenons que c’est là une discussion habituelle. Nous sommes bien loin du ton cotonneux et doux des premières secondes du film, où dans son lit (dans ses rêves ?), Kokoro s’embarquait dans les contes enfantins, en l'occurrence Le petit chaperon rouge. Est-ce une façon de s’échapper de la réalité ? La suite nous fait douter. Rien dans sa journée type, seule, cachée dans sa chambre, ne laisse espérer une imagination débordante de l’héroïne, un besoin irrépressible de s’échapper dans la fiction comme un moyen de défense. Au contraire même, Kokoro est ancrée dans sa morne réalité solitaire, enfermée dans une spirale infernale de peur, de culpabilité et, tout le laisse y penser, de dépression. C’est presque comme un cheveu sur la soupe qu'apparaît le premier élément surnaturel, le miroir qui s’illumine. Happée par cette lumière, l’adolescente atterrit dans un véritable conte, avec un château et un personnage étrange habillé comme une princesse mais dont le visage est remplacé par un masque de loup.

Kokoro (Alice) a enfin traversé le miroir et peut débuter son extraordinaire aventure. De nouveau, le film part à l’opposé de nos attentes. Après quelques explications sommaires, Kokoro et six autres adolescent⋅es font connaissance. Mais au lieu de chercher la clef du mystère de ce château, la clef qui leur donnera accès à leur vœu le plus cher, Kokoro et ses nouveaux ami⋅es transforment le lieu non pas en une quête aventureuse mais en un échappatoire à leur vie de l’autre côté du miroir. Un choix anti-spectaculaire qui nous laisserait de marbre si la réflexion de leur réalité dans le miroir n’était pas si … réelle. Car ce sont bien les sujets du harcèlement et de la phobie scolaire au cœur du récit et non le château solitaire. Il faut attendre le dernier quart du film pour comprendre les liens entre leurs histoires respectives, le pourquoi de leur présence au château et comment les personnages pourront débloquer leur situation dans leur vie grâce à cette expérience commune. Le final comporte émotion et action, même s’il doit tout expliquer en un temps record. Un dernier sprint narratif comme une apothéose, un baume au cœur après tant de souffrance.

Copyright 2022 “Lonely Castle in the Mirror” Film Partners

Si le manque d’action surprend au premier abord (les personnages préfèrent se parler autour d’une tasse de thé que de vivre pleinement la fantaisie qui leur est proposée), Le Château solitaire dans le miroir dévoile ses cartes à mesure des confidences des adolescent⋅es. Les contes étant le miroir de nos peurs enfantines, le film s’empare de cet imaginaire et y restitue son côté sombre, la lumière finit cependant par briller au-delà de la souffrance. Tout comme le château, le film de Keiichi Hara peut se voir comme un lieu safe, où l’on se sent compris, soutenu, aimé.


Laura Enjolvy


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