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[CRITIQUE] : Mission : Impossible - Dead Reckoning Partie 1


Réalisateur : Christopher McQuarrie
Acteurs : Tom Cruise, Hailey Atwell, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Ving Rhames, Pom Klementieff, Esai Morales, Vanessa Kirby, Shea Whigham, Henry Czerny, Cary Elwes,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Action, Espionnage, Thriller, Aventure.
Nationalité : Américain
Durée : 2h43min

Synopsis :
Dans Mission : Impossible - Dead Reckoning Partie 1, Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière.

Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission - pas même la vie de ceux qu’il aime.



Critique :


La plus grande prouesse de la saga Mission : Impossible, indiscutablement la meilleure franchise Hollywoodienne de ses deux dernières décennies, est d'avoir su se montrer aussi spectaculaire tout en étant d'une prévisibilité presque (et volontairement) confondante.
Depuis le pétaradant second opus, chaque épisode comporte son lot de grandes séquences/cascades où un Tom Cruise - plus impliqué que jamais - défie la mort avec une assurance indécente, mais aussi de retournements de situations dramatiques et même d'une longue poursuite motorisée.
Le tout au cœur d'une intrigue où les méchants ne peuvent pas réellement gagner, alors que le FMI (une équipe clandestine à qui l'on rappelle régulièrement, que le gouvernement des États-Unis niera leur existence s'ils sont pris), qui n'hésitera jamais à braver la loi et les autorités, sauve le monde toujours à la dernière seconde.

Du cousu de fil blanc et pourtant, ce cocktail si familier marche à tous les coups, devenant même de plus en plus savoureux à mesure que les épisodes s'enchaînent, trompant justement l'idée là aussi commune, par un élan de virtuosité et d'audace formelle, que toute franchise s'étirant trop en longueur perd en qualité avec le temps.

Copyright Paramount Pictures

Bonne nouvelle, le septième opus scindé en deux parties et toujours chapeauté par Christopher McQuarrie, Mission : Impossible - Dead Reckoning Partie 1, suit cette même formule presque au pied de la lettre, avec plusieurs - légers - changement réellement rafraîchissants, quand bien même il est tout autant à l'épreuve des spoilers potentiels : sa géniale scène de course-poursuite dans Rome (qui met une danse à celle ridiculement risible de Fast X), autant que sa fameuse pièce maîtresse - un saut défiant la mort d'une moto dévalant une montagne - sont déjà présents dans la bande annonce et sont encore plus cool qu'elles n'en ont l'air dedans (idem pour l'explosif final dans un train).

Comme les précédents films, Dead Reckoning Partie 1 est porté par la conviction profonde d'user de la magie du septième art pour montrer de vraies personnes faire des choses certes scandaleusement extraordinaires, mais surtout réelles, expurgées de toute création numérique outrageusement fictive.
Si les films Mission : Impossible sont ce qu'ils sont, c'est parce que les exploits incroyables d'Ethan Hunt sont essentiellement vrais et cohérents, et tout ce qui est montré au fil des intrigues souvent intimement liées entre-elles (tout du moins, depuis le troisième film), va pleinement dans le sens de cet engagement fait avec le spectateur.

Copyright Paramount Pictures

Chaque personnage, même secondaire, est là pour exacerber l'humanité d'un Ethan Hunt qui considère que chaque existence à la même valeur que l'intégralité de l'humanité; chaque vilain, aussi caricatural soit-il, n'est là que pour tester son statut de super-héros réel, sans costume ni cape, un super-héros de l'ombre dont chaque aventure à un impact palpable sur la rétine de son auditoire.
Peut-être (assurément) parce que Tom Cruise est la dernière légende du cinéma d'action encore pleinement en activité (Stallone et Schwarzenegger ont plus où moins laissés les flingues au placard), le seul comédien qui considère chacune de ses partitions face caméra comme de vraies performances, la dernière rock star d'un genre déchu qui fait se soulever les foules, qui leur donne exactement ce qu'elles attendent - et même bien plus encore.

Dead Reckoning Partie 1 est la troisième contribution de la saga avec Christopher McQuarrie à la barre et, comme le titre l'indique, la première moitié d'une épopée en deux parties appelée à être grandiose, où le MacGuffin central n'est plus une " patte de lapin " où des noyaux de plutonium, mais une clé cruciforme pour retrouver/récupérer un sous-marin russe expérimental, dit objet qui prendra toute son importance dans la seconde moitié prévue pour l'an prochain.

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Comme d'habitude, la mission première du gang FMI est de récupérer le dit objet avant les autres, mais c'est la où la petite nuance nouvelle de cet opus prend toute sa forme : le FMI doit cette fois lutter contre toutes les agences de renseignement de chaque nation sur Terre (y compris la leur), plus une cabale terroriste qui semble prendre ses ordres d'une sinistre intelligence artificielle, The Entity - descendant moderne et imprévisible de Hal 9000.
Un vilain majeur qui n'est donc pas une personne, mais un algorithme, une intelligence artificielle qui a tout du vilain ultime, du boss final de la saga tant elle installe même un double sens soigné : l'intelligence artificielle est à la fois une menace existentielle dans notre réalité, et un méta-commentaire astucieux sur ce que le blockbuster Hollywoodien a finalement fini par signifier dans le paysage cinématographique moderne.

Ce point crucial de l'intrigue donne judicieusement (où pas, selon les goûts) l'impression d'être tiré d'une petite bisserie d'espionnage so 90s (qui a dit 007 sauce Brosnan ?), et c'est justement toute l'intention derrière cet opus : revenir aux origines Hitchcokienne de la saga, privilégier l'intrigue (et la nécessité de prendre son temps pour en installer les enjeux) aux scènes d'action spectaculaires - qui sont pourtant bien présentes -, les dialogues aux envolées musclées sans pour autant perdre son formidable élan cinématographique.

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En ce sens, c'est un véritable retour aux sources qu'opére le tandem McQuarrie/Cruise, tant Dead Reckoning fait délibérément écho au premier film de De Palma, et pas uniquement dans le retour délicieusement improbable d'Eugene Kittridge (où celui, plus ironique, de William Donloe), puisque les dilemmes moraux auxquels Hunt est confronté ressemblent à des variations cauchemardesques de ceux auxquels il a été confronté à l'origine.
Dépouillé de toute fin vaine et/où nostalgique, le rapport au passé se fait ici mature et dévastateur, presque un retour brutal à l'ouverture du film de 1996 : la mort de toute l'équipe de Hunt, orchestré par son mentor Jim Phelps (une manière puissante de s'affranchir de la série télévisée d'origine) et sa femme, Claire, que Hunt ne s'est jamais caché d'aimer - et qui sera in fine, tuée par son propre mari.

Une naissance du personnage dans la mort, un rite de passage sanglant mué par le désespoir, qui ne semblait pas marquer plus que de raison son destin, mais qui revient ici comme un furieux retour de bâton, fissurant la carapace fantasmée du super-agent juste, une créature militaro-industrielle américaine qui surplante sa hiérarchie pour défendre l'humanité.
L'IA et son imprévisibilité, qui sème la mort jusqu'au plus près de Hunt, est alors le moteur du plus grand bouleversement de la saga : bousculer la confiance en soi fondamentale d'Ethan, et qu'il puisse - enfin - arriver un moment où il ne pourra pas sauver le monde, et encore moins sa propre famille d'adoption.

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Car perte il y a cette fois, et une collosale même, et jamais la saga n'en a connu d'aussi déterminante jusqu'à maintenant, transformant de facto le film comme l'opus le plus réfléchi et le plus émouvant de la saga, bien qu'il ne brade pas pour autant son humour (très Protocole Fantôme dans le ton), totalement conscient que se prendre trop au sérieux, à la vue de son intrigue, viendrait à faire exploser tout son édifice.
Et plus encore qu'un Protocole Fantôme où un Fallout, les femmes sont mises à l'honneur et volent férocement le show.

Que ce soit la Grace d'une Hailey Atwell faite pour l'action (et dont on ne doute pas de l'importance capitale dans la team FMI), la Alana Mitsopolis/Veuve Blanche de Vanessa Kirby (définitivement plus vénéneuse que jamais), où la Xenia Onatopp maniaque et dangereuse de Pom Klementieff (absolument géniale en femme fatale) sans oublier une Rebecca Ferguson toujours aussi incroyable dans l'action (elle restera LA révélation de la saga); toutes impressionnent et font même de l'ombre à un excellent Esai Morales, létal dans la peau de l'énigmatique Gabriel, qui semble lié avec le passé traumatisant pré-FMI de Hunt (appuyé au chausse-pied pour le coup, bien qu'il ne soit pas exclu que cette introduction du passé d'Ethan, soit rétroactivement consolidé avec la seconde partie).
Mention également au trop rare Shea Whigham, qu'il ne serait pas si étonnant de voir rejoindre l'agence FMI par la suite.

Copyright Paramount Pictures

Bien qu'il nous faudra attendre de découvrir sa seconde moitié pour juger pleinement de sa grandeur, difficile de ne pas considérer, déjà, cette Partie 1 comme un diamant brut vertigineux et exceptionnel dans la droite lignée des trois derniers films, dont on n'a décemment pas fini de fantasmer sur sa beauté et sa maestria en apparence simple (ce que ne sait plus être le blockbuster Hollywoodien moyen).

À une heure où cela est devenu - presque - une mission impossible de sauver l'expérience théâtrale, Cruise, au milieu des nombreux blockbusters qui se ramassent la tronche dans les salles obscures US, a choisi de l'accepter pour le second été consécutif : notre mission, que l'on se doit d'accepter, est de soutenir de toutes nos forces Mission : Impossible Dead Reckoning Partie 1 là où il est censé être : au cinéma, et nulle part ailleurs.


Jonathan Chevrier


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