[CRITIQUE] : La Main
Réalisateurs : Danny et Michael Philippou
Acteurs : Sophie Wilde, Joe Bird, Alexandra Jensen,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Australien.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Lorsqu'un groupe d'amis découvre comment conjurer les esprits à l'aide d'une mystérieuse main hantée, ils deviennent accros à ce nouveau frisson, et l’expérience fait le tour des réseaux sociaux. Une seule règle à respecter : ils ne doivent pas tenir la main plus de 90 secondes. Lorsque l’un d’entre eux l’enfreint, ils vont être rattrapés par les esprits, les obligeant à choisir : à qui se fier, aux morts ou aux vivants ?
Critique :
N'ayons pas peur des grandes formules qui sentent gentiment le pâté : au cœur d'un été cinéma résolument riche en péloches horrifiques à la qualité diverse - pour être poli -, La Main, estampillé premier long-métrage des frangins australiens Danny et Michael Philippou et sa campagne promotionnelle diablement efficace (cette bande annonce...) avait presque une belle allure de Messie sur pellicule, quand bien même il avait tout dès le départ, de la production calibrée pour ne pas trop faire de vagues - horreur US oblige, même avec A24 à la production- et contenter tous les auditoires.
Moins pétard mouillé qu'un Bodies Bodies Bodies boxant pourtant dans la même catégorie (et avec un casting de jeunes loups résolument plus conséquent), et vissé sur un concept étrange mais aguichant façon fusion entre la table de Ouija et le beer pong 2.0 (une main en céramique embaumée connectée au monde des esprits, qu'il faut serrer pendant 90 secondes en disant " parle-moi ", pour invoquer un interlocuteur de l'au-delà), où la possession est un jeu adolescent au cœur de fêtes plus où moins (surtout plus) alcoolisées, le film, aussi prévisible soit-il, déjoue gentiment les attentes autant dans son horreur frontale (qui prend, il est vrai, son temps pour arriver) que dans son sous-texte sur la jeunesse contemporaine.
Et la plus grande force du tandem de réalisateurs, c'est d'assumer pleinement le ridicule confondant de leur concept, au moins autant que les prises de décisions stupides de leur jolie galerie de personnages (que ce soit par pur plaisir pervers, pour l'adrénaline, par influence, pour rire - oui - ou par un sens bizarre et déplacé de bravoure), en rendant justement ses adolescents suffisamment empathiques pour que l'on se soucie d'eux (même si l'intrigue en bazarde la plupart en cours de route), malgré leurs erreurs et leurs défauts criants, au moment où leur délire déraille sévère.
A partir de ce constat, le petit tour de train fantôme sous forte influence Evil Dead-esque (notamment dans la mise en scène nerveuse de Sam Raimi, l'utilisation impressionnante du son, des effets pratiques et des maquillages au diapason, mais aussi dans une horreur lié au deuil et à la dépression), où être possédé correspond à un acte brutal et sanglant d'automutilation et de visions cauchemardesques/dérangeantes, prend une tournure vraiment chouette dans sa manière d'arpenter une horreur familière et les codes inhérents au teen movie, en faisant de la possession, lorsqu'elle est " maîtrisée " et suit un timing très précis, une sorte de drogue à la mode, un trip planant qui place le spiritisme comme un passage obligé de toute fête, et non un rituel secret et à l'abri des regards.
C'est la que se dresse, en filigrane, un dialogue plus où moins subversif sur la Gen Z (sa naïveté confondante allant de pair avec une perte relative des valeurs, sa pathétique dépendance aux réseaux sociaux, son besoin absolu de confirmité,...), pensé avec plus de consistance que Bodies Bodies Bodies (sans doute parce que le discours n'est pas le cœur même, de la narration), voire même, à travers ce terrifiant rite de passage, une evocation pertinente de l'angoisse et l'aliénation de la jeunesse d'aujourd'hui.
Alors certes, c'est fin comme un loukoum et ça n'est pas plus surligné que cela, mais cela rajoute un peu de gras à un cauchemar plus cruel et vachard que la moyenne, que ne vient même pas plombé un troisième acte sensiblement bordélique, où il perd sensiblement de son élan.
Construisant sa mythologie sans se sentir alourdi par son exposition captivante, tout en offrant une vitrine spectaculaire à la nouvelle venue Sophie Wilde, pour crever l'écran, La Main traite ce qui pourrait facilement être considéré comme un pitch stupide de série Z, comme un vrai petit bout de terreur moderne méchant et un brin désespéré, qui fait solidement le café.
Que l'horreur contemporaine accueille les jumeaux Philippou comme il se doit, mais qu'elle ne leur sert pas la main...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Sophie Wilde, Joe Bird, Alexandra Jensen,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Australien.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Lorsqu'un groupe d'amis découvre comment conjurer les esprits à l'aide d'une mystérieuse main hantée, ils deviennent accros à ce nouveau frisson, et l’expérience fait le tour des réseaux sociaux. Une seule règle à respecter : ils ne doivent pas tenir la main plus de 90 secondes. Lorsque l’un d’entre eux l’enfreint, ils vont être rattrapés par les esprits, les obligeant à choisir : à qui se fier, aux morts ou aux vivants ?
Critique :
Construisant sa mythologie sans se sentir alourdi par son cahier des charges et ses effets, #LaMain traite ce qui pourrait facilement être considéré comme un pitch stupide de série Z, comme un vrai bout de terreur moderne méchant et un brin désespéré, qui fait solidement le café. pic.twitter.com/xvfD9t1dMZ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 27, 2023
N'ayons pas peur des grandes formules qui sentent gentiment le pâté : au cœur d'un été cinéma résolument riche en péloches horrifiques à la qualité diverse - pour être poli -, La Main, estampillé premier long-métrage des frangins australiens Danny et Michael Philippou et sa campagne promotionnelle diablement efficace (cette bande annonce...) avait presque une belle allure de Messie sur pellicule, quand bien même il avait tout dès le départ, de la production calibrée pour ne pas trop faire de vagues - horreur US oblige, même avec A24 à la production- et contenter tous les auditoires.
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Moins pétard mouillé qu'un Bodies Bodies Bodies boxant pourtant dans la même catégorie (et avec un casting de jeunes loups résolument plus conséquent), et vissé sur un concept étrange mais aguichant façon fusion entre la table de Ouija et le beer pong 2.0 (une main en céramique embaumée connectée au monde des esprits, qu'il faut serrer pendant 90 secondes en disant " parle-moi ", pour invoquer un interlocuteur de l'au-delà), où la possession est un jeu adolescent au cœur de fêtes plus où moins (surtout plus) alcoolisées, le film, aussi prévisible soit-il, déjoue gentiment les attentes autant dans son horreur frontale (qui prend, il est vrai, son temps pour arriver) que dans son sous-texte sur la jeunesse contemporaine.
Et la plus grande force du tandem de réalisateurs, c'est d'assumer pleinement le ridicule confondant de leur concept, au moins autant que les prises de décisions stupides de leur jolie galerie de personnages (que ce soit par pur plaisir pervers, pour l'adrénaline, par influence, pour rire - oui - ou par un sens bizarre et déplacé de bravoure), en rendant justement ses adolescents suffisamment empathiques pour que l'on se soucie d'eux (même si l'intrigue en bazarde la plupart en cours de route), malgré leurs erreurs et leurs défauts criants, au moment où leur délire déraille sévère.
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A partir de ce constat, le petit tour de train fantôme sous forte influence Evil Dead-esque (notamment dans la mise en scène nerveuse de Sam Raimi, l'utilisation impressionnante du son, des effets pratiques et des maquillages au diapason, mais aussi dans une horreur lié au deuil et à la dépression), où être possédé correspond à un acte brutal et sanglant d'automutilation et de visions cauchemardesques/dérangeantes, prend une tournure vraiment chouette dans sa manière d'arpenter une horreur familière et les codes inhérents au teen movie, en faisant de la possession, lorsqu'elle est " maîtrisée " et suit un timing très précis, une sorte de drogue à la mode, un trip planant qui place le spiritisme comme un passage obligé de toute fête, et non un rituel secret et à l'abri des regards.
C'est la que se dresse, en filigrane, un dialogue plus où moins subversif sur la Gen Z (sa naïveté confondante allant de pair avec une perte relative des valeurs, sa pathétique dépendance aux réseaux sociaux, son besoin absolu de confirmité,...), pensé avec plus de consistance que Bodies Bodies Bodies (sans doute parce que le discours n'est pas le cœur même, de la narration), voire même, à travers ce terrifiant rite de passage, une evocation pertinente de l'angoisse et l'aliénation de la jeunesse d'aujourd'hui.
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Alors certes, c'est fin comme un loukoum et ça n'est pas plus surligné que cela, mais cela rajoute un peu de gras à un cauchemar plus cruel et vachard que la moyenne, que ne vient même pas plombé un troisième acte sensiblement bordélique, où il perd sensiblement de son élan.
Construisant sa mythologie sans se sentir alourdi par son exposition captivante, tout en offrant une vitrine spectaculaire à la nouvelle venue Sophie Wilde, pour crever l'écran, La Main traite ce qui pourrait facilement être considéré comme un pitch stupide de série Z, comme un vrai petit bout de terreur moderne méchant et un brin désespéré, qui fait solidement le café.
Que l'horreur contemporaine accueille les jumeaux Philippou comme il se doit, mais qu'elle ne leur sert pas la main...
Jonathan Chevrier