[CRITIQUE] : The House (Skinamarink)
Réalisateur : Kyle Edward Ball
Acteurs : Lucas Paul, Dali Rose Tetreault, Ross Paul,...
Distributeur : ESC Films/Shadowz
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min.
Synopsis :
Deux enfants se réveillent au milieu de la nuit pour découvrir que leur père a disparu et que toutes les fenêtres et les portes de leur maison ont disparu.
Critique :
Que se cache-t-il derrière cet étrange nom ? “Skinamarink” est un mot qui ne signifie rien. Il est baragouiné dans une chanson enfantine écrite pour une comédie musicale du début du siècle dernier et popularisé par le trio musical canadien, Sharon, Lois And Bram. Ce choix de titre rend le film encore plus intriguant. Skinamarink est l’aboutissement d’un projet du vidéaste Kyle Edward Ball. Ce dernier met en image les récits de cauchemars d’internautes et publie ces vidéos sur sa chaîne Bitesized Nightmares. Le film s’inspire des mauvais rêves les plus récurrents pour proposer une expérience cinématographique unique.
Kevin et sa sœur Kaylee se réveillent en pleine nuit dans leur inquiétante maison. Peu à peu, les portes, les fenêtres, des jouets, et même leur parent se mettent à disparaître.
À la croisée des références
Si Kyle Edward Ball cite comme référence certains grands noms du cinéma expérimental - Stan Brakhage, Maya Deren et David Lynch - , il est impossible de ne pas voir l’influence de la culture internet dans son esthétique néo nostalgique. Cependant, si l’on devait réellement classer cet objet plutôt iconoclaste dans un genre, Skinamarink s'inscrit parfaitement dans le mouvement du slow cinema : minimaliste, peu de scénarios, point de vue observateur et de longues séquences longues à la façon de Chantal Akerman ou Andrei Tarkovsky.
Sans repères
Skinamarink n’est pas un film agréable et ne fait rien pour l’être. Celui-ci joue avec les repères de son spectateur pour l’enfermer dans son cauchemar. Le temps n’existe plus. Les séquences semblent se répéter à l’infini et aucune n'indique clairement ni un début ni une fin. Aucun visage ne sera montré à l’écran. Le tout est rêche et il ne sera pas possible de se réconforter avec un semblant d’émotion. Skinamarink prend un malin plaisir à faire disparaître ou à distordre des symboles de confort, de protection. Une maison sans porte sans fenêtre ni toilettes devient un tombeau. Une famille sans parents, des orphelins. Même la télé, centrale dans le salon familial, devient ce fond sonore entêtant et inquiétant. La seule certitude de ce film est l’incertitude.
Acteurs : Lucas Paul, Dali Rose Tetreault, Ross Paul,...
Distributeur : ESC Films/Shadowz
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min.
Synopsis :
Deux enfants se réveillent au milieu de la nuit pour découvrir que leur père a disparu et que toutes les fenêtres et les portes de leur maison ont disparu.
Critique :
#TheHouse (#Skinamarink) est un objet atypique à la croisée des genres, fruit d’une peur collective permise par une certaine “culture internet”. Une véritable bombe sensorielle, brillante, l’angoisse est diffuse et n'épargne pas son spectateur. (@LeoIurillo) pic.twitter.com/csnbS6QF2F
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 24, 2023
Que se cache-t-il derrière cet étrange nom ? “Skinamarink” est un mot qui ne signifie rien. Il est baragouiné dans une chanson enfantine écrite pour une comédie musicale du début du siècle dernier et popularisé par le trio musical canadien, Sharon, Lois And Bram. Ce choix de titre rend le film encore plus intriguant. Skinamarink est l’aboutissement d’un projet du vidéaste Kyle Edward Ball. Ce dernier met en image les récits de cauchemars d’internautes et publie ces vidéos sur sa chaîne Bitesized Nightmares. Le film s’inspire des mauvais rêves les plus récurrents pour proposer une expérience cinématographique unique.
Kevin et sa sœur Kaylee se réveillent en pleine nuit dans leur inquiétante maison. Peu à peu, les portes, les fenêtres, des jouets, et même leur parent se mettent à disparaître.
© IFC Films/Shudder |
À la croisée des références
Si Kyle Edward Ball cite comme référence certains grands noms du cinéma expérimental - Stan Brakhage, Maya Deren et David Lynch - , il est impossible de ne pas voir l’influence de la culture internet dans son esthétique néo nostalgique. Cependant, si l’on devait réellement classer cet objet plutôt iconoclaste dans un genre, Skinamarink s'inscrit parfaitement dans le mouvement du slow cinema : minimaliste, peu de scénarios, point de vue observateur et de longues séquences longues à la façon de Chantal Akerman ou Andrei Tarkovsky.
Sans repères
Skinamarink n’est pas un film agréable et ne fait rien pour l’être. Celui-ci joue avec les repères de son spectateur pour l’enfermer dans son cauchemar. Le temps n’existe plus. Les séquences semblent se répéter à l’infini et aucune n'indique clairement ni un début ni une fin. Aucun visage ne sera montré à l’écran. Le tout est rêche et il ne sera pas possible de se réconforter avec un semblant d’émotion. Skinamarink prend un malin plaisir à faire disparaître ou à distordre des symboles de confort, de protection. Une maison sans porte sans fenêtre ni toilettes devient un tombeau. Une famille sans parents, des orphelins. Même la télé, centrale dans le salon familial, devient ce fond sonore entêtant et inquiétant. La seule certitude de ce film est l’incertitude.
© IFC Films/Shudder |
Le cauchemar
Le film a pour ambition de faire ressentir au spectateur, l’immersion dans un cauchemar. Et pour cela, derrière ce qui semble être une mise en scène très simpliste, voire inexistante, se cache une certaine maîtrise assez impressionnante surtout pour un premier film. Déjà, les axes de chaque plan ne sont pas anodins. Une partie des séquences sont filmées, assez logiquement, à hauteur d’enfant. Certaines autres filment le plafond en contre-plongée. Cet axe peut sembler assez étrange. Ce positionnement peut faire penser à ce que le dormeur voit juste avant ou après le sommeil. Ces axes atypiques jouent avec les repères du spectateur quand ce n’est pas tout simplement le plafond qui se retrouve à la place du sol.
Pour brouiller encore les sens, Skinamarink joue beaucoup sur le son, le silence et les paroles. Il y a très peu de dialogues et certains sont parfois totalement inaudibles. Pour compenser, des sous-titres sont incrustés. La dissonance entre l’écrit et l’oral amplifie encore la confusion ambiante.
Il faut aussi reconnaître le travail sur la lumière et les couleurs. Le budget du film est minuscule. Créer des images captivantes dans une pénombre tout en restant cohérent n’est pas une mince affaire. Skinamarink y arrive assez admirablement et propose une galerie d’images marquantes longtemps après le visionnage.
Skinamarink est un objet atypique à la croisée des genres, fruit d’une peur collective permise par une certaine “culture internet”. Véritable bombe sensorielle, brillante, qui n'épargne pas son spectateur. Les images sont persistantes, l’angoisse est diffuse et ne vous quittera pas. Ce type de film est rare. Ne passez pas à côté.
Éleonore Tain
Le film a pour ambition de faire ressentir au spectateur, l’immersion dans un cauchemar. Et pour cela, derrière ce qui semble être une mise en scène très simpliste, voire inexistante, se cache une certaine maîtrise assez impressionnante surtout pour un premier film. Déjà, les axes de chaque plan ne sont pas anodins. Une partie des séquences sont filmées, assez logiquement, à hauteur d’enfant. Certaines autres filment le plafond en contre-plongée. Cet axe peut sembler assez étrange. Ce positionnement peut faire penser à ce que le dormeur voit juste avant ou après le sommeil. Ces axes atypiques jouent avec les repères du spectateur quand ce n’est pas tout simplement le plafond qui se retrouve à la place du sol.
Pour brouiller encore les sens, Skinamarink joue beaucoup sur le son, le silence et les paroles. Il y a très peu de dialogues et certains sont parfois totalement inaudibles. Pour compenser, des sous-titres sont incrustés. La dissonance entre l’écrit et l’oral amplifie encore la confusion ambiante.
© IFC Films/Shudder |
Il faut aussi reconnaître le travail sur la lumière et les couleurs. Le budget du film est minuscule. Créer des images captivantes dans une pénombre tout en restant cohérent n’est pas une mince affaire. Skinamarink y arrive assez admirablement et propose une galerie d’images marquantes longtemps après le visionnage.
Skinamarink est un objet atypique à la croisée des genres, fruit d’une peur collective permise par une certaine “culture internet”. Véritable bombe sensorielle, brillante, qui n'épargne pas son spectateur. Les images sont persistantes, l’angoisse est diffuse et ne vous quittera pas. Ce type de film est rare. Ne passez pas à côté.
Éleonore Tain