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[CRITIQUE] : Au cimetière de la pellicule



Réalisateur : Thierno Souleymane Diallo
Avec : -
Distributeur : Dean Medias
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Guinéen, Sénégalais, Saoudien.
Durée : 1h30min

Synopsis :
En 1953, Mamadou Touré réalise "Mouramani", le tout premier film réalisé par un cinéaste d'Afrique francophone noire. Mais personne ne sait où le trouver. Thierno Souleymane Diallo parcourt la Guinée à la recherche de cette œuvre perdue, utilisant sa caméra pour se confronter à l'Histoire et au cinéma, celui que l'on regarde et celui que l'on fait.



Critique :


Tout n'est qu'une question de perte, et pas uniquement cinématographique, au coeur du magnifique et mélancolique documentaire Au cimetière de la pellicule de Thierno Souleymane Diallo, lui qui répond avec force à une question on ne peut plus cruciale à une heure où la viabilité du cinéma et des salles obscures, est au cœur des débats : comment préserver le cinéma d'une nation qui, elle-même, ne s'est jamais échinée à l'entretenir ? Comment restaurer toute une identité culturelle, à une heure où la culture n'est pas/plus essentielle ?

Tout en sensibilité et en intimité, le cinéaste, conscient que le cinéma guinéen meurt à petit feu chaque jour, se lance dans une quête Indiana Jonesque : retrouver le saint graal, le film perdu Mouramani, tout premier film réalisé par un cinéaste d'Afrique francophone noire, Mamadou Touré.

Copyright L’image d’après

In fine plus road movie pittoresque que documentaire à part entière, le parcours extraordinaire de Diallo dresse en filigrane le portrait d'une Guinée qui a lentement mais sûrement détruit son héritage et sa production culturelle - et donc cinématographique -, autrefois florissant mais aujourd'hui incapable de capturer la beauté de ses propres paysages, la créativité de ses propres artisans.
Dans les décombres du passé, le chaos désenchanté de bandes détériorées, Diallo se fait un magicien de l'ombre, redonne aux vestiges abîmés leurs grâce, fait perdurer le feu du septième art grâce à des discussions enflammées avec d'autres cinéphiles, des pèlerinages dans des lieux de tournages presque sacrés.

En résulte une expérience profondément captivante, une réflexion immédiate et frontale, totalement dépouillée, autant sur le cinéma que sur l'histoire de la Guinée, où le cinéaste s'appuie avec force et conviction sur les réminiscences profondes, pour mieux rebâtir le pouvoir didactique et collectif du septième art.
Une séance aussi chaleureuse et tendre que passionnante.


Jonathan Chevrier


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