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[CRITIQUE] : Dalva


Réalisatrice : Emmanuelle Nicot
Avec : Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h20min

Synopsis :
Dalva a 12 ans mais s'habille, se maquille et se vit comme une femme. Un soir, elle est brusquement retirée du domicile paternel. D'abord révoltée et dans l'incompréhension totale, elle va faire la connaissance de Jayden, un éducateur, et de Samia, une adolescente au fort caractère. Une nouvelle vie semble alors s’offrir à Dalva, celle d’une jeune fille de son âge.



Critique :


La maltraitance enfantine, et plus directement l'inceste, est un sujet aussi délicat que profondément complexe à aborder et à représenter à l'écran, d'autant que les représentations peuvent dangereusement exprimer leur vérité que ce soit implicitement et/où explicitement, en charge alors à la où le cinéaste à bord si c'est cette seconde voie qui est privilégié, de ne pas se laisser aller à une surenchère frontale et putassière et de jouer la carte de l'empathie pure.
C'est ce chemin salutaire mais pas moins tortueux que choisit Emmanuelle Nicot avec son premier long-métrage, Dalva, portrait audacieux et émouvant d'une jeune môme de douze ans victime de la toxicité d'un père incestueux et manipulateur.

Soit Dalva, douze ans au compteur et que l'on découvre arrachée de force à son père une nuit de chaos (l'une des scènes les plus furieusement percutante du film), pour être placée dans un centre d'accueil pour mineurs.
Elle ne comprend pas réellement la raison pour laquelle il ira en justice et la gravité de l'affaire - elle le défend même, aveuglément -, tant les abus psychologiques et sexuels qu'elle a subis pendant presque toute son enfance, ont été le fruit d'une éducation tordue et malsaine qu'elle pensait naïvement comme la normalité...

Copyright Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions

Dénué de tout voyeurisme facile et abject, la vision de la cinéaste sur cette jeune victime qui ne se considère pas encore comme telle - à tel point qu'elle en est presque terrifiante parfois -, bouscule sensiblement les codes du drame conventionnel.
Totalement vissée sur sa jeune héroïne troublée sur laquelle elle ne pose aucun jugement (incroyable Zelda Samson), Emmanuelle Nicot dresse le portrait sensible et crédible d'une gamine qui se réapproprie lentement mais sûrement sa propre enfance, d'une gamine qui, en embrassant sa propre autonomisation en reniant l'éducation malsaine de son patriarche, procède à un passage à l'âge adulte consentie et presque inversé puisque débarrassé d'une féminité totalement instrumentalisée.

En se concentrant intelligemment sur " l'après ", sur le processus d'adaptation et d'acceptation autant de soi que de la vérité et de ses conséquences dévastatrices, d'une figure complexe et ambiguë lancée dans la difficile voie du réapprentissage de sa propre identité et de son rapport au monde; Dalva incarne une expérience à la fois humaine et percutante sur la dure réalité de la vie et du présent, expurgée de tout sensationnalisme désagréable.
Un épatant premier effort, rien de moins.


Jonathan Chevrier


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