[CRITIQUE] : Chili 1976
Réalisatrice : Manuela Martelli
Avec : Aline Küppenheim, Nicolás Sepúlveda, Hugo Medina,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chilien.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Chili, 1976. Trois ans après le coup d’état de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée.
Critique :
Quelques jours après les premiers films coup de poing Tengo sueños eléctricos de Valentina Maurel et Un Varón de Fabián Hernández, c'est un nouveau baptême du feu percutant qui nous vient d'un cinéma latino-américain définitivement très présent dans nos salles obscures en ce riche mois de mars (et l'on ne va décemment pas s'en plaindre) : Chili 1976 de la cinéaste chilienne Manuela Martelli, passé par la case Quinzaine lors de la dernière réunion cannoise, qui se veut comme une plongée au coeur de " l'apogée " de la politique dictatoriale sanglante et furieusement répressive du régime Pinochet.
Rien de fondamentalement original sur le papier et pourtant, c'est par son prisme que la vision de Martelli fait toute la différence.
Ici, point de regard intime au coeur du petit peuple où des dissidents du régime, la narration se colle au plus près des aternoiements d'une belle et élégante quinquagénaire de la "haute", Carmen (incarnée par une Aline Küppenheim juste parfaite), pour qui les répercussions de la dictature sur sa propre existence sont proches de zéro, partisante qu'elle est - tout comme ses proches - d'un Pinochet qui a remis les communistes au pouvoir.
Loin d'être dissidente, c'est une ancienne infirmière de la Croix-Rouge, une femme de médecin et une mère uniquement soucieuse à l'idée de superviser les rénovations de la résidence d'été de sa famille sur la côte.
Une femme pour qui la dictature est une action hors champ qui ne la touche pas, ne l'implique pas en quoique ce soit.
Tout se bascule cependant à son arrivée à la dîte maison secondaire, Carmen y rencontrant le père Sanchez, prêtre local et ami proche de la famille, qui lui demande de l'aide : soigner un jeune homme qu'il cache, Elias, qui a été agressé et blessé par la police.
Jusqu'alors totalement - et volontairement - étrangère aux tumultes tragiques qui retourne son pays, Carmen va découvrir que tout peut être potentiellement une source de danger.
Sorte de mise en perspective presque Hitchcockienne d'une femme sous tension dont la perception du monde a brutalement changée en rompant la praxis de sa vie impeccable, Chili 1976 incarne autant un solide thriller paranoïaque qu'un superbe portrait de femme profond et nuancé qui n'a jamais rien pu choisir de substantiel dans sa vie, symbole d'un conformisme réticent face à une image biaisée de la femme qui trouve ses racines dans quelque chose de bien plus profond et lointain que la dictature en place.
Une femme qui tente de faire le bien autant pour combattre l'injustice que pour sauver cette part d'elle-même restée anesthésiée et déconnectée bien trop longtemps.
Un sacré premier effort.
Jonathan Chevrier
Avec : Aline Küppenheim, Nicolás Sepúlveda, Hugo Medina,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chilien.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Chili, 1976. Trois ans après le coup d’état de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée.
Critique :
#Chili1976 incarne autant un solide thriller paranoïaque qu'un superbe portrait de femme profond et nuancé, sur une figure qui tente de faire le bien autant pour combattre l'injustice que pour sauver cette part d'elle-même restée anesthésiée et déconnectée bien trop longtemps. pic.twitter.com/FvMkxSCXfh
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 22, 2023
Quelques jours après les premiers films coup de poing Tengo sueños eléctricos de Valentina Maurel et Un Varón de Fabián Hernández, c'est un nouveau baptême du feu percutant qui nous vient d'un cinéma latino-américain définitivement très présent dans nos salles obscures en ce riche mois de mars (et l'on ne va décemment pas s'en plaindre) : Chili 1976 de la cinéaste chilienne Manuela Martelli, passé par la case Quinzaine lors de la dernière réunion cannoise, qui se veut comme une plongée au coeur de " l'apogée " de la politique dictatoriale sanglante et furieusement répressive du régime Pinochet.
Rien de fondamentalement original sur le papier et pourtant, c'est par son prisme que la vision de Martelli fait toute la différence.
Ici, point de regard intime au coeur du petit peuple où des dissidents du régime, la narration se colle au plus près des aternoiements d'une belle et élégante quinquagénaire de la "haute", Carmen (incarnée par une Aline Küppenheim juste parfaite), pour qui les répercussions de la dictature sur sa propre existence sont proches de zéro, partisante qu'elle est - tout comme ses proches - d'un Pinochet qui a remis les communistes au pouvoir.
Loin d'être dissidente, c'est une ancienne infirmière de la Croix-Rouge, une femme de médecin et une mère uniquement soucieuse à l'idée de superviser les rénovations de la résidence d'été de sa famille sur la côte.
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Une femme pour qui la dictature est une action hors champ qui ne la touche pas, ne l'implique pas en quoique ce soit.
Tout se bascule cependant à son arrivée à la dîte maison secondaire, Carmen y rencontrant le père Sanchez, prêtre local et ami proche de la famille, qui lui demande de l'aide : soigner un jeune homme qu'il cache, Elias, qui a été agressé et blessé par la police.
Jusqu'alors totalement - et volontairement - étrangère aux tumultes tragiques qui retourne son pays, Carmen va découvrir que tout peut être potentiellement une source de danger.
Sorte de mise en perspective presque Hitchcockienne d'une femme sous tension dont la perception du monde a brutalement changée en rompant la praxis de sa vie impeccable, Chili 1976 incarne autant un solide thriller paranoïaque qu'un superbe portrait de femme profond et nuancé qui n'a jamais rien pu choisir de substantiel dans sa vie, symbole d'un conformisme réticent face à une image biaisée de la femme qui trouve ses racines dans quelque chose de bien plus profond et lointain que la dictature en place.
Une femme qui tente de faire le bien autant pour combattre l'injustice que pour sauver cette part d'elle-même restée anesthésiée et déconnectée bien trop longtemps.
Un sacré premier effort.
Jonathan Chevrier