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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Ascenseur pour l'échafaud


Réalisateur : Louis Malle
Avec : Jeanne Moreau, Mairice Ronet, Georges Poujouly Lino Ventura,…
Distributeur : Malavida FIlmsion
Budget : -
Genre : Policier, Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h33min

Date de sortie : 1er février 1958
Date de ressortie : 9 novembre 2022

Synopsis :
Florence aime Julien Tavernier que son mari, Simon Carala, un homme riche et redoutable a pris dans ses affaires. Ils préméditent ensemble un crime parfait. Julien fabrique un alibi indiscutable. Il tue Simon Carala et maquille son crime en suicide. Le hasard intervient, Julien est bloqué dans l’ascenseur, le portier ayant coupé le courant. Pendant qu’il tente de s’évader, deux jeunes gens volent sa voiture et tuent deux touristes allemands. Julien est donc recherché pour ce meurtre qu’iln’a pas commis, sera-t-il condamné ?



Critique :



Il n'est jamais évident de revenir sur les premiers pas derrière la caméra de cinéastes majeurs, et qui plus est des cinéastes tels que Louis Malle dont le savoir-faire autant que le style, ont sensiblement révolutionné le septième art au point de férocement marquer les futures générations de réalisateurs.
Un comble quant on sait qu'il a scrupuleusement su s'extirper de toute classification facile où de toute appartenance à un mouvement cinématographique - pas même une Nouvelle Vague qui l'a gentiment renié.
Première pierre majeur d'un édifice d'exception, Ascenseur pour l'échafaud, tout simplement son premier effort de fiction, installe les contours d'un style où l'utilisation de la musique, composante essentielle du langage filmique, prend ici une valeur absolue, non seulement comme compagnon furieusement évocateur des images plaqués sur la pellicule, mais aussi et surtout comme un véritable véhicule pour la commenter.
Composée le temps d'une nuit par Miles Davis lors d'une séance d'improvisation, dans ce qui sera peu après surnommé le Jazz Modal (justement plus accès sur une note de gammes plus étendue et plus prompt à l'improvisation), la musique donne ici la note toute particulière d'un thriller où le crime était presque parfait.

(Everett / Aurimages)

Adapté du roman éponyme de Noël Calef et pensé comme une réappropriation des codes du polar noir purement ricain - avec un doigt de néorealisme italien - dans la droite lignée du bouillant Assurance sur la mort de Billy Wilder (dont il reprend le même triangle amoureux mortel : l'épouse, l'amant et le mari gênant, auquel il ajoute une tragique escapade juvénile de deux autres âmes intimement liées au couple principal), le film se fait autant le portrait furieusement moderne d'une jeunesse bouffée par les maux vampirisant de la société consumériste que d'une bourgeoisie totalement déconnectée et dénuée de toute morale; deux faces d'une même pièce, celle d'un individualisme exacerbé au coeur d'une capitale autant des amoureux que des vices.
Polar noir férocement contemplatif et à l'ambiance mortifère, où les silences en disent bien plus que des dialogues parfois maladroits, Ascenseur pour l'échafaud capture les âmes égoïstes d'un Paris grisatre et sans éclats (formidable tandem Jeanne Moreau/Maurice Ronet), en les faisant déambuler dans la noirceur de la nuit (la vie?) sous le souffle envoûtant des sonorités de Davis.
Une merveille, tout simplement.


Jonathan Chevrier


 

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