[CRITIQUE] : Inu-Oh
Réalisateur : Masaaki Yuasa
Avec les voix originales de : Avu-chan, Mirai Moriyama, Tasuku Emoto, Kenjiro Tsuda
Budget : -
Distributeur : Star Invest Films France
Genre : Animation, Historique, Drame
Nationalité : Japonais, Chinois
Durée : 1h38min
Synopsis :
lnu-oh, créature maudite, est né avec une particularité physique l’obligeant à cacher chaque parcelle de son corps. Sa vie de paria solitaire change lorsqu’il rencontre Tomona, un joueur de Biwa aveugle. Ensemble, ils créent un duo singulier qui fascine les foules et deviennent les premières célébrités du Japon. Pour découvrir la vérité sur la malédiction d’Inu-oh, ils devront continuer à danser et chanter, au risque de déranger l’ordre établi.
Avec la pandémie, le nouveau film de Masaaki Yuasa, Inu-Oh, s’est fait attendre. Il court les festivals depuis deux ans, mais il sort enfin dans nos salles hexagonales. Préparez vos oreilles et vos yeux, le réalisateur japonais nous a concocté un récit on the rock !
Après le très émouvant Ride your wave, Masaaki Yuasa nous emmène dans le Japon de l’ère féodale, où les histoires se racontent par le chant et la danse. D’un côté, il y a une chose difforme, innommée, née d’une malédiction. Plus tard, il se nommera Inu-Oh, se construisant seul son identité. De l’autre, on retrouve Tomona, jeune homme aveugle. Le premier devient danseur de Nô, tandis que l’autre est joueur de biwa. Leur rencontre fait sens et leur duo est explosif. Ensemble, ils parcourent le Japon afin de faire entendre les histoires disparues du clan Heike.
Bien que puisant dans le traditionnel, dans son récit et dans son animation, Inu-Oh est profondément moderne, dans son approche de l’identité ainsi que dans son montage. Morcelée, comme son personnage principal, la narration n’arrête pas de bondir, de reculer, perdant le public. La musique apparaît comme un phare et nous guide au travers de l’épais brouillard des (trop) nombreuses informations. Tantôt calme, tantôt déchaînée, la musique nous entraîne, nous éduque et nous divertit. Un bel hommage à l’art du spectacle, dans son entièreté.
En filigrane, le film de Masaaki Yuasa n’est pas aussi joyeux qu’il n’en a l’air. Sous ses airs rock et euphorisant, Inu-Oh insinue que l’art est politique, que les œuvres montrées, jouées, dansées, entrent dans une censure gouvernementale tandis que la Japon tourne un chapitre de leur histoire pour en commencer un autre. Le choix du cinéaste, de faire du duo un miroir d’artistes de notre époque (on pense forcément à Queen, à Jimi Hendrix, et bien d’autres …), évoque l’aspect indiscipliné du rock et le confronte à la conformité voulue par les autorités. Inu-Oh et Tomona sont des figures révolutionnaires. Ils modernisent l’art de la représentation scénique en prenant à partie le public, en le faisant chanter et danser. Plus que des conteurs, ils rassemblent les populations afin de faire entendre des histoires perdues. Ces histoires sont entendues mais aussi vécues car le public vit à cent pour cent la proposition artistique.
Changement brutal de narration, ellipse, histoire du Japon, tout était fait pour nous perdre et nous immerger. Pourtant, Inu-Oh s’en sort grâce à son incroyable énergie, à ses séquences musicales revigorantes et rock’n’roll et à son animation dynamique. À la fois politique, historique et léger, le nouveau long métrage de Masaaki Yuasa remplit toutes ses promesses.
Laura Enjolvy
Avec les voix originales de : Avu-chan, Mirai Moriyama, Tasuku Emoto, Kenjiro Tsuda
Budget : -
Distributeur : Star Invest Films France
Genre : Animation, Historique, Drame
Nationalité : Japonais, Chinois
Durée : 1h38min
Synopsis :
lnu-oh, créature maudite, est né avec une particularité physique l’obligeant à cacher chaque parcelle de son corps. Sa vie de paria solitaire change lorsqu’il rencontre Tomona, un joueur de Biwa aveugle. Ensemble, ils créent un duo singulier qui fascine les foules et deviennent les premières célébrités du Japon. Pour découvrir la vérité sur la malédiction d’Inu-oh, ils devront continuer à danser et chanter, au risque de déranger l’ordre établi.
Critique :
À la fois politique, historique et léger, #InuOh remplit toutes ses promesses grâce à son incroyable énergie, ses séquences musicales revigorantes et rock’n’roll et à son animation dynamique, Yuasa faisant tout pour nous perdre et nous immerger dans son histoire. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/TBlytKfzAF
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 22, 2022
Avec la pandémie, le nouveau film de Masaaki Yuasa, Inu-Oh, s’est fait attendre. Il court les festivals depuis deux ans, mais il sort enfin dans nos salles hexagonales. Préparez vos oreilles et vos yeux, le réalisateur japonais nous a concocté un récit on the rock !
Après le très émouvant Ride your wave, Masaaki Yuasa nous emmène dans le Japon de l’ère féodale, où les histoires se racontent par le chant et la danse. D’un côté, il y a une chose difforme, innommée, née d’une malédiction. Plus tard, il se nommera Inu-Oh, se construisant seul son identité. De l’autre, on retrouve Tomona, jeune homme aveugle. Le premier devient danseur de Nô, tandis que l’autre est joueur de biwa. Leur rencontre fait sens et leur duo est explosif. Ensemble, ils parcourent le Japon afin de faire entendre les histoires disparues du clan Heike.
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Bien que puisant dans le traditionnel, dans son récit et dans son animation, Inu-Oh est profondément moderne, dans son approche de l’identité ainsi que dans son montage. Morcelée, comme son personnage principal, la narration n’arrête pas de bondir, de reculer, perdant le public. La musique apparaît comme un phare et nous guide au travers de l’épais brouillard des (trop) nombreuses informations. Tantôt calme, tantôt déchaînée, la musique nous entraîne, nous éduque et nous divertit. Un bel hommage à l’art du spectacle, dans son entièreté.
En filigrane, le film de Masaaki Yuasa n’est pas aussi joyeux qu’il n’en a l’air. Sous ses airs rock et euphorisant, Inu-Oh insinue que l’art est politique, que les œuvres montrées, jouées, dansées, entrent dans une censure gouvernementale tandis que la Japon tourne un chapitre de leur histoire pour en commencer un autre. Le choix du cinéaste, de faire du duo un miroir d’artistes de notre époque (on pense forcément à Queen, à Jimi Hendrix, et bien d’autres …), évoque l’aspect indiscipliné du rock et le confronte à la conformité voulue par les autorités. Inu-Oh et Tomona sont des figures révolutionnaires. Ils modernisent l’art de la représentation scénique en prenant à partie le public, en le faisant chanter et danser. Plus que des conteurs, ils rassemblent les populations afin de faire entendre des histoires perdues. Ces histoires sont entendues mais aussi vécues car le public vit à cent pour cent la proposition artistique.
La métaphore de la conformité dans l’art prend tout son sens tandis qu’Inu-Oh perd de plus en plus de sa singularité (et de sa monstruosité) au profit de la popularité (et du soutien du shogun), alors que de son côté, Tomona s’émancipe de ses aînées (de son père, de sa troupe de moines biwa) en fondant sa propre guilde et en prenant le nom de Tomoari. Leur volonté de s’éloigner de la tradition et du poids familial les ont propulsé au firmament mais les ont aussi éloignés de leur but : faire connaître l’histoire des Heike. Au final, les époques changent mais rien ne change, l’industrie musicale et la notoriété broient même les plus purs desseins.
Changement brutal de narration, ellipse, histoire du Japon, tout était fait pour nous perdre et nous immerger. Pourtant, Inu-Oh s’en sort grâce à son incroyable énergie, à ses séquences musicales revigorantes et rock’n’roll et à son animation dynamique. À la fois politique, historique et léger, le nouveau long métrage de Masaaki Yuasa remplit toutes ses promesses.
Laura Enjolvy