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[CRITIQUE] : Vesper Chronicles


Réalisateur•rice : Kristina Buozyte et Bruno Samper
Acteurs : Raffiella Chapman, Eddie Marsan, Rosy McEwen, Richard Brake,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Science-fiction, Drame, Aventure.
Nationalité : Lituanien, Français, Belge.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
Dans le futur, les écosystèmes se sont effondrés. Parmi les survivants, quelques privilégiés se sont retranchés dans des citadelles coupées du monde, tandis que les autres tentent de subsister dans une nature devenue hostile à l’homme. Vivant dans les bois avec son père, la jeune Vesper rêve de s’offrir un autre avenir, grâce à ses talents de bio-hackeuse, hautement précieux dans ce monde où plus rien ne pousse. Le jour où un vaisseau en provenance des citadelles s’écrase avec à son bord une mystérieuse passagère, elle se dit que le destin frappe enfin à sa porte…



Critique :


Au sein d'un été des blockbusters où les séances les plus enthousiasmantes n'ont pas forcément été là où on les attendait (excepté peut-être pour les grosses montures Hollywoodiennes Top Gun : Maverick et Nope), Vesper Chronicles du tandem Kristina Buozyte/Bruno Samper, déjà à l'oeuvre sur l'ambitieuse fresque SF Vanishing Waves il y a une dizaine d'années, constitue une étonnante évasion entre le trip rétro-futuriste moderne et la tambouille nostalgico-bricolée tout droit sortie des 80s/90s, entre le cinéma d'art et d'essai européen (tendance cinéma rital) et les bisseries hollywoodiennes dont les louables ambitions masquent à peine le manque de moyens.

Copyright Condor Distribution

Fable distopique à la lisière des bandes YA contemporaines, auxquelles on aurait injecté le pessimisme et les sombres nuances psychologiques de l'oeuvre des frangins Grimm, le film joue sur de nombreux thèmes et tropes familiers pour mieux dégainer une mythologie dense et captivante, enracinée dans un effondrement écologique viscérale et une lutte/division des classes articulée autour d'une économie singulière - et éthiquement douteuse.
Dans son fond comme dans sa forme (doublement fruit d'un budget trop riquiqui pour ses jolies ambitions), Vesper Chronicles joue la carte de la périphérie, que ce soit via ses personnages titres (une jeune fille et son père alité - qui a transféré sa conscience à un drone gyroscopique qui plane autour de sa progéniture -, qui vivent dans une jungle fongique, là où la population plus privilégiée vit dans des citadelles fortifiées), où même plus directement dans son approche cinématographique, rompant avec l'idée d'une intrigue percutante et rythmée pour privilégier quelque chose de plus contemplatif, vissé sur les humeurs et attitudes de ses personnages autant que sur la richesse de cadres peints comme des tableaux du siècle d'or néerlandais, où la frontière entre le synthétique et l'organique (ici à forte résonance Cronenbergienne) a rarement été aussi poreuse.

Copyright Condor Distribution

Visuellement impressionnant, jouissant d'une esthétique qui se prélasse dans un mélange entre VFX numériques et effets en dur (appuyé autant par la superbe photographie de Feliksas Abrukauskas que par la partition passionnante de Dan Levy), autant qu'il est porté par une critique féroce du capitalisme moderne (le fonctionnement de notre société est déjà bâti sur l'horreur d'une thésaurisation de nos ressources par les plus riches) et un fort accent sur nos enjeux écologiques (nous ne faisons qu'entériner notre propre destruction); Vesper Chronicles se fait un petit bout de cinéma immersif et parfois cruel, qui se veut comme un reflet pessimiste de notre réalité autant qu'il est porté par un message un poil naïf mais inspirant : dans un monde décimées par la cupidité, les jeunes générations sont notre seul espoir.


Jonathan Chevrier


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