[CRITIQUE] : De l'autre côté du ciel
Réalisateur : Yusuke Hirota
Avec les voix françaises de : Philippe Katerine, Fanny Bloc, Éric Métayer, Chloé Bertier, …
Distributeur : Art House
Budget : -
Genre : Animation, Fantastique
Nationalité : Japonais
Durée : 1h40min
Synopsis :
Lubicchi vit au milieu de grandes cheminées dont l’épaisse fumée recouvre depuis toujours le ciel de sa ville. Il aimerait prouver à tous que son père disait vrai et que, par-delà les nuages, il existe des étoiles. Un soir d’Halloween, le petit ramoneur rencontre Poupelle, une drôle de créature avec qui il décide de partir à la découverte du ciel.
Critique :
Si #DeLAutreCôtéDuCiel emprunte au steampunk son cadre et ses costumes à l'allure victorienne, son récit pose un regard critique sur nos modes de vie indécents et met la naïveté de sa créature au service du rêve, insufflant dans nos ❤ le charme d’un ciel étoilé.(@CookieTime_LE) pic.twitter.com/paJxr5rVkC
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 13, 2022
Comment rêver sans ciel ? Impossible pour Bruno, qui se met en danger en racontant mythes et légendes sur les étoiles, dans la Ville Cheminée. De l’autre côté du ciel, réalisé par Yusuke Hirota (son premier long métrage) est né de l’imagination débordante de Akihiro Nishin. Celui-ci publie en 2016 un conte pour enfants, Poubelle of Chimney Town, dont le succès planétaire fait connaître à un plus large public le travail de graphisme minutieux de Nishin. L’auteur n’a jamais caché son ambition de voir son histoire adaptée en film d’animation. Son vœu s’est vu enfin réalisé. Après un passage remarqué dans les plus grands festivals européens (dont Annecy en juin dernier), le film de Hirota se positionne comme la sortie poétique de l’été.
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De l’autre côté du ciel est nourri de l’ambition de son créateur, Nishin, qui officie en tant que superviseur artistique. Les couleurs flamboient et offrent un contraste flagrant avec la noirceur de la Ville Cheminée, dont la fumée constante empêche les habitant⋅es de voir le ciel. C’est une nuit sans fin depuis tant de générations que personne ne se rappelle avoir vu le jour. Le père de Lubicchi, Bruno, fait le choix de rêver et de le partager lors de spectacles de rue. Mais Bruno disparaît brusquement, avalé par le terrible monstre marin.
L’enfance de Lubicchi est maintenant contrainte. Un autre monstre, l’homme-poubelle, vient lui donner ce qui lui manque : la possibilité de rêver d’un monde meilleur. Fabriqué de bric et de broc, l’homme-poubelle, que l’on nomme par la suite Poubelle, voit le jour le soir d’Halloween, alors que la ville bat au rythme d’une musique entêtante. Poubelle est le cœur du film, celui qui par sa naïveté (parfois comique), montre toutes les incohérences du système de cette ville obscure. Vivant dans des conditions sanitaires catastrophiques (la mère de Lubicchi souffre d’un asthme sévère à cause de la fumée), les habitant⋅es de la Ville Cheminée sont endoctriné⋅es par un discours sectaire et totalitaire, visant à ne pas laisser le moindre espace de liberté. La fumée cache le ciel, le monstre marin croque quiconque s’essaie de voguer en mer. L’espoir n’est plus, surtout dans le cœur de Lubicchi qui vit un deuil terrible à un si jeune âge.
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La poésie du film prend place dans la quête, peut-être simpliste, du personnage : trouver sa voie grâce aux souvenirs heureux du défunt. Poubelle, mi-ami, mi-figure paternelle de substitution, aide le jeune garçon à lever son regard et à trouver une forme d’espoir dans les légendes que lui racontait son père. Il trouve alors une force nouvelle par le biais des récits et un héritage précieux où se niche un trésor : la vérité sur la Ville Cheminée. Si De l’autre côté du ciel emprunte au style steampunk son paysage industriel et ses costumes à l’allure victorienne, le récit, lui, nous invite dans le présent et pose un regard critique sur nos modes de vie indécents, qui visent à la surproduction. Le film met la naïveté de son homme-poubelle au service du rêve, et insuffle dans nos cœurs le charme d’un ciel étoilé.
Laura Enjolvy