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[CRITIQUE] : Le Dernier Piano


Réalisateur : Jimmy Keyrouz
Acteurs : Tarek Yaacoub, Rola Baksmati, Mounir Maasri,...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Libanais.
Durée : 1h50min.

Synopsis :
Karim, un pianiste de talent, a l’opportunité unique de passer une audition à Vienne. La guerre en Syrie et les restrictions imposées bouleversent ses projets et la survie devient un enjeu de tous les jours. Son piano constitue alors sa seule chance pour s’enfuir de cet enfer. Lorsque ce dernier est détruit par l’Etat Islamique, Karim n’a plus qu’une idée en tête, trouver les pièces pour réparer son instrument. Un long voyage commence pour retrouver sa liberté.



Critique :


Étonnante proposition de cinéma que le premier long-métrage du wannabe cinéaste Jimmy Keyrouz, Le Dernier Piano (on lui préférera volontiers son titre original plus juste au vu de l'intrigue, Broken Keys), une extension de son court-métrage primé Nocturne In Black et estampillé comme le porte drapeau du Liban lors de la dernière course à l'Oscar du meilleur film étranger (il avait également reçu le label Cannes 2020, pour ne rien gâcher à son C.V).
Inspiré d'une - prétendue - histoire vraie et capturé au coeur même de la zone de conflit à Mossoul en Irak, le film se fait un formidable éloge de la puissante et silencieuse résilience et résistance d'un pianiste syrien, Karim (excellent Tarek Yaacoub), confronté au régime férocement répressif de l'État Islamique, vivant dans un village syrien où la musique et encore plus sa pratique (et que dire de toute forme d'expression culturelle), sont interdites.

Copyright Alba Films

Au mépris de cela et constamment motivé par l'idée de s'échapper, il réconforte les siens et ceux qui partagent sa communauté, en jouant de son piano quand aucune oreille ennemie n'est assez proche pour l'entendre, mais dans un tel climat les murs ont autant d'oreilles que d'impacts de balles.
Détruit par les extrémistes, il va se lancer dans une mission périlleuse pour trouver les pièces lui permettant de le réparer.
Ce piano, qui appartenait autrefois à sa mère, symbolise non seulement ce qui permet à Karim d'être relié à son passé (résolument plus simple et paisible) mais surtout son défi de l'autorité répressive en place (lui qui est constamment tiraillé par l'idée d'aider la résistance ou de partir) autant qu'un outil pacifique pour se (re)donner l'espoir d'un avenir meilleur, en le réparant puis en le vendant et obtenir l'argent dont il a besoin pour fuir...
Si on peut sensiblement lui reprocher de jouer beaucoup trop la carte de la facilité avec une narration où les coïncidences et les rebondissements s'emboîtent un peu trop parfaitement (tout comme les élans romantiques qu'il distille maladroitement, pas aidé par des personnages un brin caricaturaux), voire même une utilisation parfois abusive des codes du mélodrame pour forcer le trait d'une émotion qui n'en à pas fondamentalement besoin (un lyrisme appuyé sui lui fait parfois raté le coche); impossible pourtant de ne pas se laisser emporter par la rugosité et la tension de la réalité étouffante et anxiogène qu'il expose, ne détournant jamais sa caméra de l'horreur insoutenable - parce que réelle - d'un régime où la violence est la seule des réponses.

Copyright Alba Films

Plombé par ses élans mélodramatiques mais démontrant avec puissance que le courage et l'espoir peuvent ne se résumer qu'à une seule petite note d'un instrument cabossé, Le Dernier Piano, esthétiquement soigné (superbe photographie de Joe Saade), réussit à capturer avec justesse l'horreur de la vie quotidienne dans une Syrie déchirée par la guerre, à défaut de totalement marquer les esprits et les coeurs autant que la rétine.


Jonathan Chevrier


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