[CRITIQUE] : Face à la mer
Réalisateur : Ely Dagher
Acteurs : Manal Issa, Roger Azar, Yara Abou Haidar,...
Distributeur : JHR Films/Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Qatarien, Américain, Belge, Français, Libanais.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
Jana revient soudainement à Beyrouth après une longue absence et reprend contact avec la vie familière mais étrange qu'elle avait quittée…
Critique :
Il y a un petit quelque chose - toute propension gardée - du cinéma énigmatique et béni de Michaelangelo Antonioni qui se dégage du premier long-métrage du wannabe cinéaste Ely Dagher - également derrière le scénario -, dans son exploration de l'atonie de la société moderne au travers de la mélancolie inexplicable dont souffre la jeune et insatisfaite Jana, clairement liée à une Beyrouth qu'elle ne reconnaît plus depuis son retour de France.
Méthodiquement lancinant et vissé sur la lente perdition de sa protagoniste dont on n'aura jamais les raisons réelles de son retour abrupte à la maison (ni même de son départ à la base pour Paris, au-delà de ses études), Face à la mer se fait le portrait tristement beau et - très - impénétrable aussi bien d'une Beyrouth fantomatique et à la population dévorée par une léthargie aliènante (renforcée par son cadre de plus en plus terne), que de la lente et douloureuse dépression qui écrase sa jeune protagoniste.
Tourné avant l'explosion du port de Beyrouth qui a accru autant le chaos que le pessimisme des libanais quant à la gouvernance - corrompue - du pays, et montrant combien cette grande ville multiculturelle est devenue l'ombre d'elle-même, Ely Dagher se sert de ce cadre troublé et en pleine crise existentielle pour nourrir celle plus intime de Jana (superbe Jana Issa, que l'on avait découvert dans le très beau Peur de Rien Danielle Arbid), torturée par ses échecs et incapable de se réconcilier avec son passé, tant elle semble coincée peut importe où elle se situe : les ruelles d'une ville inconnue et pourtant familière, un cocon familial aimant mais qui n'arrive jamais à la comprendre,...
Elle est comme un oiseau pris au piège dans une cage dorée et ne semble avoir nulle part où aller, si elle arrive à se perdre parfois dans le moment présent, elle reste constamment embourbée dans sa propre désillusion.
Vraie expérience sensorielle où la dramaturgie est volontairement secondaire face au ressenti, captivant tout autant qu'il n'est pas dénué de quelques longueurs, Face à la mer se fait une oeuvre aussi belle et lyrique qu'elle est déstructurée et parfois un brin éprouvante, sur la douleur de se sentir déconnecté de ses terres d'origine.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Manal Issa, Roger Azar, Yara Abou Haidar,...
Distributeur : JHR Films/Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Qatarien, Américain, Belge, Français, Libanais.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
Jana revient soudainement à Beyrouth après une longue absence et reprend contact avec la vie familière mais étrange qu'elle avait quittée…
Critique :
Vraie expérience sensorielle où le ressenti prime sur la dramaturgie, captivant tout autant qu'il n'est pas dénué de quelques longueurs, #FaceALaMer se fait une oeuvre aussi lyrique qu'éprouvante et déstructurée, sur la douleur de se sentir déconnecté de ses terres d'origine. pic.twitter.com/3x8kotD3is
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 14, 2022
Il y a un petit quelque chose - toute propension gardée - du cinéma énigmatique et béni de Michaelangelo Antonioni qui se dégage du premier long-métrage du wannabe cinéaste Ely Dagher - également derrière le scénario -, dans son exploration de l'atonie de la société moderne au travers de la mélancolie inexplicable dont souffre la jeune et insatisfaite Jana, clairement liée à une Beyrouth qu'elle ne reconnaît plus depuis son retour de France.
Méthodiquement lancinant et vissé sur la lente perdition de sa protagoniste dont on n'aura jamais les raisons réelles de son retour abrupte à la maison (ni même de son départ à la base pour Paris, au-delà de ses études), Face à la mer se fait le portrait tristement beau et - très - impénétrable aussi bien d'une Beyrouth fantomatique et à la population dévorée par une léthargie aliènante (renforcée par son cadre de plus en plus terne), que de la lente et douloureuse dépression qui écrase sa jeune protagoniste.
Copyright Ely Dagher |
Tourné avant l'explosion du port de Beyrouth qui a accru autant le chaos que le pessimisme des libanais quant à la gouvernance - corrompue - du pays, et montrant combien cette grande ville multiculturelle est devenue l'ombre d'elle-même, Ely Dagher se sert de ce cadre troublé et en pleine crise existentielle pour nourrir celle plus intime de Jana (superbe Jana Issa, que l'on avait découvert dans le très beau Peur de Rien Danielle Arbid), torturée par ses échecs et incapable de se réconcilier avec son passé, tant elle semble coincée peut importe où elle se situe : les ruelles d'une ville inconnue et pourtant familière, un cocon familial aimant mais qui n'arrive jamais à la comprendre,...
Elle est comme un oiseau pris au piège dans une cage dorée et ne semble avoir nulle part où aller, si elle arrive à se perdre parfois dans le moment présent, elle reste constamment embourbée dans sa propre désillusion.
Vraie expérience sensorielle où la dramaturgie est volontairement secondaire face au ressenti, captivant tout autant qu'il n'est pas dénué de quelques longueurs, Face à la mer se fait une oeuvre aussi belle et lyrique qu'elle est déstructurée et parfois un brin éprouvante, sur la douleur de se sentir déconnecté de ses terres d'origine.
Jonathan Chevrier