[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #158. Semaine du 6 au 12 mars
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 6 Mars au 12 Mars
Dimanche 6 Mars. Il était une fois en Amérique de Sergio Leone sur Arte.
Anéanti par la perte, Noodles laisse les souvenirs remonter à la surface de sa mémoire dans une fumerie d’opium du quartier chinois. Quarante ans plus tôt, avec ses amis d’enfance, ils formaient une bande de gamins débrouillards déjà prêts à affronter tous les dangers pour sortir de la pauvreté. Puis, il y avait la première flamme d’amour avec l’inaccessible Deborah. Pour sauver ses amis, il les avait vendus. Cependant, l’arrestation tourna à la boucherie et tous furent tués.
Je vais enfoncer des portes ouvertes, mais Il était une fois en Amérique est un chef d’œuvre. Cette fresque qui ne cesse d’aller et venir entre passé et futur à toute la beauté crépusculaire des tragédies grecques. Doté d’un scénario qui a de quoi foutre le vertige, le long-métrage délaisse la baroquerie Sergio Leonesque pour viser une retenue visuelle visant à donner plus d’importance aux émotions. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela marche, diablement, les personnages, superbement incarnés, vont venir cueillir son spectateur et entrainer celui-ci dans un torrent d’émotions diverses et variées. Le tout était sublimé par la partition hors normes d’un Ennio Morricone au sommet de son art.
Lundi 7 Mars. Piège de Cristal de John McTiernan sur W9.
John McClane, policier new-yorkais, est venu rejoindre sa femme Holly, dont il est séparé depuis plusieurs mois, pour les fêtes de Noël dans le secret espoir d’une réconciliation. Celle-ci est cadre dans une multinationale japonaise, la Nakatomi Corporation. Son patron, M. Takagi, donne une soirée en l’honneur de ses employés, à laquelle assiste McClane. Tandis qu’il s’isole pour téléphoner, un commando investit l’immeuble et coupe toutes les communications avec l’extérieur...
Véritable pivot dans le film d’action qui n’a eu de cesse, encore aujourd’hui, d’inspirer bons nombres de productions, mais pourquoi au juste ce culte ? Piège de Cristal ne repose pas tellement sur son scénario. Attention, il n’est pas question de dire que celui-ci serait mauvais, non, il est juste assez consensuel dans son genre. Toute l’audace repose sur l’œil de John McTiernan. En effet, celui-ci s’efforce à s’appuyer sur les qualités de son script, la claustrophobie, mais surtout sur les personnages, dont John McClane. Bruce Willis introduit le héros décontracter, celui qui lâche toujours la bonne punchline et apporter ainsi un vrai décalage. Enfin, il faut noter le sens du cadre du cinéaste, qui ne cesse de vouloir explorer toutes les possibilités de son décor. Tout cela, mit bout à bout, créer un grand film d’action aussi divertissant qu’exigeant et qui n’a pas pris une ride.
Mercredi 9 Mars. Hot Fuzz de Edgar Wright sur Cstar.
Des collègues jaloux conspirent pour envoyer un des meilleurs policiers de Londres, Nicholas Angel, dans le très tranquille West Country village de Sandford où il va faire équipe avec un associé peu respectable.
Ce second opus de la trilogie Cornetto, Hot Fuzz est peut-être — certainement même — mon Edgar Wright favori. Comme pour Shaun of the Dead, le trio Wright/Pegg/Frost s’empare d’un genre et de sa recette pour faire leur propre tambouille, ici en l’occurrence le film d’action US. Celui-ci se voit ici propulser dans un univers à son antipode la campagne anglaise. Un décalage qui va nourrir la fibre comique du métrage sans vraiment se rattacher à la parodie. En effet, Hot Fuzz se prend au sérieux, pas question de juste empiler les gags, non ici le gag est certes concon, mais précis et surtout cultive son ambiance absurde. On plonge alors avec délice dans cette sorte de croisement bizarroïde entre un épisode d’Inspecteur Barnaby et la saga Bad Boys. Jouissif.
Thibaut Ciavarella