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[CRITIQUE] : Massacre à la Tronçonneuse

Réalisateur : David Blue Garcia
Acteurs : Sarah Yarkin, Elsie Fisher, Mark Burnham, Jacob Latimore, Olwen Fouéré,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h21min.

Synopsis :
Melody, sa sœur adolescente Lila et leurs amis Dante et Ruth se rendent dans la petite ville de Harlow, au Texas, pour lancer une nouvelle entreprise. Mais leur rêve se transforme bientôt en cauchemar éveillé lorsqu'ils pénètrent sans le vouloir dans le monde de Leatherface, le dangereux tueur en série dont l'héritage sanglant continue de hanter les habitants de la région. Parmi eux, Sally Hardesty, unique survivante du tristement célèbre massacre de 1973, et bien décidée à se venger.




Critique :


Le succès conséquent du reboot d'Halloween de David Gordon Green, a imposé un nouveau modèle de production au sein d'un cinéma de genre toujours en mutation : abandonner les multiples continuités, fruit d'une franchisation à outrance dont cet opus fait lui-même partie (tout effet de mode à Hollywood à ses contradictions), pour s'imposer comme la seule suite naturelle du film culte original, dont il faudrait également prendre le titre pour légitimer sa vision (comprendre : l'imposer).
Mais, étrangement, ce nouveau reboot de Massacre à la Tronçonneuse produit par un Fede Alvarez qui avait déjà initié le procédé avec son Evil Dead, et chapeauté par une Netflix trop heureuse de récupérer le bébé, s'avérait plus alléchant que toutes les tentatives de rafraîchir la saga depuis le remake musclé de Marcus Nispel en 2003.
S'il n'est évidemment pas à la hauteur du chef-d'oeuvre de Tobe Hooper (ni de sa suite férocement déjantée), force est d'admettre qu'il n'en est pas moins une (très) sympathique surprise, une suite dont l'ambition féroce dépasse toutes les carences de son exécution où l'aspect totalement ridicule de son intrigue prétexte.

Copyright Yana Blajeva / 2021 Legendary / Netflix

Partant d'un pitch gentiment abracadabrantesque (un quatuor de jeunes " influenceurs " trouve des investisseurs pour redonner vie à une ville fantôme du fin fond de l'Amérique, Harlow) flanqué cinquante ans après les événements du film de Hooper - pourtant sorti il y a quarante-huit ans -, TCM cuvée 2022 s'éloigne de la vision 70s et post-Vietnam calqué par toutes les précédentes itérations de la saga, pour lui préférer une vision plus actuelle du même cauchemar, celui d'une Amérique gangrenée par la violence et la folie, une obscurité dont on ne peut s'échapper comme si tout où presque nous y ramenait constamment (un sentiment accentué par une unité de lieu volontairement resserrée).
Si le hachoir à viande du Vietnam n'est plus, c'est le spectre d'une violence encore plus terrifiante et intime qui s'immisce au sein du cadre : celle d'une anxiété constante ou le mort frappe partout, même au coeur des institutions scolaires (l'héroïne Lila, a elle-même survécu à une fusillade dans son lycée).
Mais qui dit suite directe de l'oeuvre originale, dit obligatoirement la nécessité d'aligner les planètes et pour ce faire, le film ramène la Final Girl originale, Sally Hardesty (Olwen Fouéré, en lieu et place de feu Marilyn Burns), pour en faire une Laurie Strode du pauvre, le rapprochant encore un peu plus du cadre d'un Halloween avec lequel il partage ce manque cruel de catharsis autour de ses deux victimes (ou même de la culpabilité du survivant pour la plus âgée des deux), mais aussi la brutalité d'une violence inéluctable, avec un tueur implacable qui ne fait uniquement ce qu'il sait faire - et qu'il le fait bien.

Copyright Yana Blajeva / 2021 Legendary / Netflix

Il n'empêche que le film de David Blue Garcia réussit là où bon nombre de se sont plantés : incarner un pur et glorieux chaos de tronçonneuse où le sang et la terreur ne font qu'un, certaines séquences distillant un vrai frisson, qu'elles soient des rappels ou non, au film original (comme cette première apparition choquante de Leatherface, qui brutalise une victime dans un mouvement similaire à son apparition originelle), où le fruit d'une inventivité rafraîchissante (portée par une excellente OST et un sound design solide).
Sans transformer le plomb en or, Texas Chainsaw Massacre fait joliment le café, installant sa générosité sanglante et son ironie étonnante dans un ragoût plus fin qu'il n'en à l'air, des habitudes et angoisses américaines modernes.
Suffisant pour justifier sa vision, et même en faire l'un des meilleurs opus de la foisonnante franchise.


Jonathan Chevrier


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