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[CRITIQUE] : Lynx


Réalisateur : Laurent Geslin
Acteurs : -
Budget : -
Distributeur : Gebeka Films
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h24min.

Synopsis :
Au cœur du massif jurassien, un appel étrange résonne à la fin de l'hiver. La superbe silhouette d'un lynx boréal se faufile parmi les hêtres et les sapins. Il appelle sa femelle. En suivant la vie de ce couple et de ses chatons, nous découvrons un univers qui nous est proche et pourtant méconnu... Une histoire authentique dont chamois, aigles, renards et hermines sont les témoins de la vie secrète du plus grand félin d'Europe qui reste menacé... Un film pour découvrir le rôle essentiel que ce discret prédateur occupe dans nos forêts, l'équilibre qu'il a rétabli dans un milieu fragile mais aussi les difficultés qu'il rencontre dans un paysage largement occupé par les humains.



Critique :


Au cœur du sublime mais hostile massif jurassien, un cri rauque résonne à travers la forêt.
C'est le lynx boréal qui, parfaitement camouflé, rampe à travers les arbres à la recherche de sa moitié.
Un étrange balet se noue entre eux, ils se retrouvent l'espace d'un instant avant de se séparer, et ils peuvent mettre des mois avant de se retrouver...
Exterminé en Europe occidentale tout au long du 19ème siècle, le petit chat semble avoir enfin retrouvé sa place dans le cadre et la nature franco-suisse (il y aurait entre 100 et 150 spécimens de cette espèce en voie de disparition, serait pour le moment recensé), et c'est sur leurs talons (enfin, surtout un en particulier) que s'attache le photographe animalier internationalement reconnu - et désormais cinéaste - Laurent Geslin, pour habiter sa première réalisation visuellement à couper le souffle, et sobrement intitulée Lynx.

Copyright Geslin Laurent

Montage épuré - même pas 90 minutes - et plus ou moins savamment scénarisé d'une décennie d'images scrutant le quotidien d'un félin timide et extrêmement difficile à observer, capable de pointer le bout de son nez de manière totalement impromptue avant de disparaître pendant des lustres, le documentaire animalier se fait autant le fruit touchant d'une passion sincère de son auteur pour la nature (surtout les récifs jurassiens) et sa faune (presque enchanteresse sous l'objectif limpide de Geslin, les animaux étant délicatement capturés dans leur habitat naturel), que celui d'une dévotion extraordinaire à vouloir délivrer une étude au plus près d'un roi discret des forêts, régnant dans l'ombre d'un loup infiniment plus populaire - et remarqué.
Dommage en revanche que l'émerveillement qu'il suscite, à la dramaturgie jamais forcée, se pare de quelques tics dispensable digne d'un effort made in Disney Nature (un récit auto-narrée et scénarisé comme dit plus haut, ou encore une musique un brin envahissante), tant l'effort n'est jamais aussi fort que lorsque Geslin laisse parler ses merveilleuses et brutes images d'elles-mêmes.
La balade n'en reste pas moins poétique et fascinante, nous en apprenant un peu plus sur un predateur dont il nous sensibilise subtilement pour sa préservation (tout comme le bestiaire un peu plus familier qu'il capture aléatoirement), puisque nous sommes sensiblement sa principale menace.


Jonathan Chevrier