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[CRITIQUE] : Les Promesses


Réalisateur : Thomas Kruithof
Acteurs : Isabelle Huppert, Reda Kateb, Naidra Ayadi,...
Budget : -
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Maire d’une ville du 93, Clémence livre avec Yazid, son directeur de cabinet, une bataille acharnée pour sauver le quartier des Bernardins, une cité minée par l’insalubrité et les "marchands de sommeil". Ce sera son dernier combat, avant de passer la main à la prochaine élection. Mais quand Clémence est approchée pour devenir ministre, son ambition remet en cause tous ses plans. Clémence peut-elle abandonner sa ville, ses proches, et renoncer à ses promesses ?...



Critique :


L'engagement est au cœur du film de Thomas Kurthof, Les Promesses.
Thomas Kurthof et Jean-Baptiste Delafont jouent avec ces multiples situations et amènent le spectateur dans un monde où les promesses sont de belles paroles non tenues. De plus, chaque protagoniste est victime de ces promesses à différentes échelles et tombent dans le piège sans s'en rendre compte.
Moins impitoyable que l'univers de Dallas, le long-métrage est plutôt gentillet et manque de répondant, toutefois, il est servi par un casting remarquable et une mise en scène dynamique.

Copyright Wild Bunch Distribution

Le duo, Isabelle Huppert/Reda Kateb, fonctionne très bien, et permet à la première de tenir un rôle plus effacé et de pousser le second sous le feu des projecteurs. Une belle manière de montrer une nouvelle facette du comédien d'Hippocrate. À noter, la présence de trois comédiens de la série Lupin, Sofiane Guerrab, Hervé Pierre et Vincent Garanger, qui ont des rôles clé à leur manière, et c'est un plaisir de les retrouver au même endroit.
J'ai trouvé le long-métrage plutôt plaisant, bien écrit, mais ça manquait de mordant et de réalisme. Isabelle Huppert interprète une femme ayant peur de la solitude et qui ne vit que pour son boulot, tandis que Reda Kateb, est le fidèle Lieutenant qui se verrait bien voler de ses propres ailes.
C'est sympathique, sans être marquant. 


Jason


Copyright Wild Bunch Distribution

Le timing d'une sortie dans les salles obscures est toujours une question cruciale, une mécanique pas toujours bien huilée lorsqu'elle est confrontée à une période pandémique, même si certains distributeurs arrivent à conjurer le sort et dégainer leur film au moment le plus opportun.
À quelques mois de la présidentielle et alors que tous les candidats officiellement annoncés ou non, démarrent leur parade de séduction auprès des électeurs, le second long-métrage de Thomas Kruithof (La Mécanique de l’ombre), Les Promesses, passé par la dernière Mostra, arrive donc a point nommé, d'autant que le délitement de la population envers la classe politique et, plus directement, le gouvernement, est au coeur de toutes les conversations ou presque.

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Vissé sur l'exercice du pouvoir dans son pendant local (une maire et son directeur de cabinet en fin de mandat, une élue tiraillée entre le dévouement et l'engagement envers ses citoyens, et la perspective de devenir ministre), ou les élus sont en lien direct avec les citoyens que les hautes sphères ont une - certaine - tendance à mépriser, Kruithof analyse les problématiques intimes auxquelles sont confrontées les personnalités politiques, tant il s'agit moins de les présenter comme le sommet du narcissisme normatif, mais plus de se demander si les forces à l'œuvre au sein de la société sont plus introspectivement complexes que les apparences le laisse supposer.
De ce fait, nous sommes ici totalement plongé dans une cartographie complexe et stratifiée de la vie politique à petite échelle (dans un style proche du thriller politique, bien aidé par la bande originale affûtée de Grégoire Auger), bâti sur la relation fragile entre l'individu et le système. 
Il n'y a pas d'idéologies, ni de doctrines et de croyances politiques ici, juste une mise en images de l'action concrète, du combat quotidien des protagonistes face à la différence sociale et ce pouvoir qui, finalement, n'use que ceux qui ne l'ont pas.
Le maire occupe une place particulière dans ce système car il connaît les noms de ses électeurs, peut leur rendre des comptes tout en étant dans même temps, exposé aux décisions du gouvernement en place (et aussi... lui rendre des comptes); il éprouve quotidiennement la froideur, le mépris venant d'en haut tout autant que la colère, l'impatience et la perte de confiance d'en bas. 

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Fable sociale qui expose les véritables luttes et rapports de force politiques (les coulisses du pouvoir et non sa quête, ce qui est moins coutumier du film politique), autant qu'elle pousse à la compréhension des différents acteurs de terrain dans la prise de décision politique, face à une misère qui ne cesse de sévir et des inégalités territoriales de plus en plus criantes; le long-métrage montre chaque personnage comme un pion sur un champ de bataille, figé dans sa vision du monde et ses combats personnels.
Les Promesses ou, justement, une œuvre scellée de promesses, rompues, non dites et presque jamais tenues, l'épine dorsale de campagnes électorales entières, qui ne deviennent jamais réellement des éléments concrets et factuels à partir desquels (re)partir.
Dominé par un formidable tandem Isabelle Huppert/Reda Kateb et une écriture aussi subtile que psychologiquement fouillé (co-signé avec Jean-Baptiste " Baron Noir " Delafont), ce second effort démontre que Thomas Kruithof lui, n'a pas trahit les promesses que sa première réalisation avait suscitée.


Jonathan Chevrier


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