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[CRITIQUE] : J’étais à la maison, mais...


Réalisatrice : Angela Schanelec
Acteurs :  Maren Eggert, Jakob Lassalle, Franz Rogowski,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Allemand.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
Alors qu’il avait totalement disparu, Phillip revient à la maison au bout d'une semaine, blessé au pied, sans aucune explication ni un mot pour sa mère, Astrid. Profondément affectée et avec l'aide d'un professeur de Philip, elle cherche à répondre à des questions a priori insolubles : où était-il passé ? À quoi a-t-il bien pu vouloir se confronter ?




Critique :



Au coeur d'une production européenne résolument éclectique, dont on loue l'originalité autant que la densité de ses efforts (à la différence d'une industrie Hollywoodienne, engoncée dans la facilité de sa mécanique recyclage à outrance de tout film populaire), le cinéma de la cinéaste Angela Schanelec (figure importante de la Nouvelle Vague allemande) incarne une alternative un brin singulière tant elle est profondément épurée - voire même elliptique.
Une alternative composée d'intrigues morcelées et énigmatiques, aux omissions volontairement et minutieusement pensées, de temporalité floues (comme les unités de lieu) mais aussi de personnages si ce n'est mutiques, assez peu bavards (ce qui rend parfois leurs sursauts volubiles plutôt surprenants).
Des efforts exigeants qui demandent une vraie attention à ses spectateurs et le huitième long-métrage de la cinéaste, J'étais à la maison, mais..., dont le titre - mais pas uniquement - fait directement référence à la comédie dramatique I Was Born, But... de Yasujiro Ozu, ne déroge absolument pas à cette règle.


Copyright Shellac Distribution

Drame domestique intime et cryptique centré sur les atermoiements - sous fond de deuil difficile - d'une mère (superbe Maren Eggert, une habituée du cinéma d'Angela Schanelec) et de ses deux enfants à Berlin, Schanelec ne tarde pas à dévoiler l'influence de Bresson et de son approche élémentaire du cinéma, dans la conception de cet enchaînement étrange mais captivant de tableaux beaux et froids, ou elle démontre sans une once de surenchère émotionnelle (on est même dans le plus strict opposé) la tristesse et la solitude de l'existence.
Portrait indélébile et volontairement confus d'une famille aux prises avec les questionnements fondamentaux de la vie, à laquelle se juxtapose de manière presque méta les lignes du Hamlet de Shakespeare, le film privilégie le ressenti et la douleur émotionnelle à l'exposé prolixe, la psychologie complexe et la préciosité de l'image (c'est par elle que née ici l'émotion) aux élans trop suggestifs pour dévoiler l'affliction qui habite ses personnages.
Viscéral et impénétrable à la fois (au point de décontenancer parfois), frappé par un rythme aussi lancinant qu'il est contemplatif, J'étais à la maison, mais..., visuellement léché, est une tragédie à la contradiction et à la folie élaborées, une expérience (volontairement) décousue au coeur d'un labyrinthe des sentiments qui ne demande pas forcément à être comprise (beaucoup la trouveront d'ailleurs plus artificielle qu'autre chose) mais avant tout et surtout vécue... comme la vie.


Jonathan Chevrier


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