[CRITIQUE] : Slam
Réalisateur : Partho Sen-Gupta
Avec : Adam Bakri, Rachael Blake, Rebecca Breeds,...
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français, Australien.
Durée : 1h55min
Synopsis :
Slam est l’histoire d’un emballement médiatique qui bouleverse la vie paisible de Ricky, un jeune Australien d’origine palestinienne. Lorsque sa sœur Ameena disparaît, elle est très rapidement suspectée d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. Qui doit-il croire lorsque le doute et la suspicion s’immiscent ? Son intuition ou les médias ?
Critique :
Dans un monde où la lutte contre le terrorisme alimente autant les craintes - justifiées - populaires que la suspicion/méfiance envers l'autre (surtout s'il est d'origine musulmane, bien aidée par une politique des extrêmes ayant trouvé sa cible de prédilection), un film comme Slam du cinéaste indien Partho Sen-Gupta, nous ramène douloureusement à un quotidien que l'on essaye pourtant de fuir au coeur d'une salle obscure, pour mieux le décortiquer au coeur d'un thriller politique matiné de drame procédural au suspens lent et viscéral.
Une oeuvre profondément dans l'air du temps, qui nous donne ses réponses sur les questions sociétales (très) actuelles de la haine raciale - et ses accusations insensibles -, de la peur du terrorisme mais aussi et surtout de l'intégration (entre doute face à l'acceptation et l'harmonie sociale, et un acharnement médiatique islamophobe jamais vraiment remis en cause), qui voit résolument plus loin que son simple prisme australien.
En liant intimement trois histoires à la périphérie de Sydney, au coeur d'un seul et même drame, que ce soit l’étrange disparition d’une jeune musulmane (et la répercussion de cette tragédie sur ses proches, qui n’imagine pas une seconde la crédibilité de sa dérive radicale), Ameena, dont tout porte à croire qu’elle aurait rejoint une organisation terroriste (et capté au travers de son frère Ricky, dont le mariage s'étiole à force d'être constamment le cul entre les deux chaises de son compromis identitaire), les atermoiements de la policière solitaire Joanne Hendricks - superbement incarnée par Rachael Blake -, qui essaie de faire face à ses propres troubles domestiques tout en enquêtant sur la disparition d'Ameena, mais aussi celle d'un pilote australien qui a été fait prisonnier par l'Etat islamique (et sur la façon dont les appels officiels à sa libération, sont assortis de menaces d'exécution imminente); Slam, sans sombrer dans l'hystérie, détaille avec justesse et minutie comment avec quelle rapidité, la peur et la suspicion peuvent être utilisées pour promouvoir une politique en place, une réflexion puissante et discrète qui se confronte frontalement à la gestion de la solitude et du deuil (autant qu'au déracinement et à la nostalgie du passé), et comment elle peut façonner la perception des événements.
S'il ne dose pas toujours avec habileté son émotion ni ne maîtrise pas toujours la densité de sa narration (notamment dans un final surexplicatif), Slam n'en reste pas moins un drame social sincère et conscient qui suscite intelligemment la réflexion sur comment l'ethnocentrisme - et la politique extrême qui s'appuie dessus - ronge avec férocité notre société contemporaine.
Jonathan Chevrier
Avec : Adam Bakri, Rachael Blake, Rebecca Breeds,...
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français, Australien.
Durée : 1h55min
Synopsis :
Slam est l’histoire d’un emballement médiatique qui bouleverse la vie paisible de Ricky, un jeune Australien d’origine palestinienne. Lorsque sa sœur Ameena disparaît, elle est très rapidement suspectée d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. Qui doit-il croire lorsque le doute et la suspicion s’immiscent ? Son intuition ou les médias ?
Critique :
S'il ne dose pas toujours avec habileté son émotion ni ne maîtrise pas toujours la densité de sa narration, #Slam n'en reste pas moins un drame social sincère et conscient qui suscite intelligemment la réflexion sur comment l'ethnocentrisme ronge avec férocité notre société. pic.twitter.com/oV93Cxfc8A
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 4, 2021
Dans un monde où la lutte contre le terrorisme alimente autant les craintes - justifiées - populaires que la suspicion/méfiance envers l'autre (surtout s'il est d'origine musulmane, bien aidée par une politique des extrêmes ayant trouvé sa cible de prédilection), un film comme Slam du cinéaste indien Partho Sen-Gupta, nous ramène douloureusement à un quotidien que l'on essaye pourtant de fuir au coeur d'une salle obscure, pour mieux le décortiquer au coeur d'un thriller politique matiné de drame procédural au suspens lent et viscéral.
Une oeuvre profondément dans l'air du temps, qui nous donne ses réponses sur les questions sociétales (très) actuelles de la haine raciale - et ses accusations insensibles -, de la peur du terrorisme mais aussi et surtout de l'intégration (entre doute face à l'acceptation et l'harmonie sociale, et un acharnement médiatique islamophobe jamais vraiment remis en cause), qui voit résolument plus loin que son simple prisme australien.
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En liant intimement trois histoires à la périphérie de Sydney, au coeur d'un seul et même drame, que ce soit l’étrange disparition d’une jeune musulmane (et la répercussion de cette tragédie sur ses proches, qui n’imagine pas une seconde la crédibilité de sa dérive radicale), Ameena, dont tout porte à croire qu’elle aurait rejoint une organisation terroriste (et capté au travers de son frère Ricky, dont le mariage s'étiole à force d'être constamment le cul entre les deux chaises de son compromis identitaire), les atermoiements de la policière solitaire Joanne Hendricks - superbement incarnée par Rachael Blake -, qui essaie de faire face à ses propres troubles domestiques tout en enquêtant sur la disparition d'Ameena, mais aussi celle d'un pilote australien qui a été fait prisonnier par l'Etat islamique (et sur la façon dont les appels officiels à sa libération, sont assortis de menaces d'exécution imminente); Slam, sans sombrer dans l'hystérie, détaille avec justesse et minutie comment avec quelle rapidité, la peur et la suspicion peuvent être utilisées pour promouvoir une politique en place, une réflexion puissante et discrète qui se confronte frontalement à la gestion de la solitude et du deuil (autant qu'au déracinement et à la nostalgie du passé), et comment elle peut façonner la perception des événements.
S'il ne dose pas toujours avec habileté son émotion ni ne maîtrise pas toujours la densité de sa narration (notamment dans un final surexplicatif), Slam n'en reste pas moins un drame social sincère et conscient qui suscite intelligemment la réflexion sur comment l'ethnocentrisme - et la politique extrême qui s'appuie dessus - ronge avec férocité notre société contemporaine.
Jonathan Chevrier