[CRITIQUE] : À l’ombre des filles
Réalisateur : Étienne Comar
Acteur : Alex Lutz, Agnès Jaoui, Veerle Baetens, Hafsia Herzi, Marie Berto,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie, Musical.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Luc est un chanteur lyrique renommé. En pleine crise personnelle, il accepte d’animer un atelier de chant dans un centre de détention pour femmes. Il se trouve vite confronté aux tempéraments difficiles des détenues. Entre bonne conscience et quête personnelle, Luc va alors tenter d’offrir à ces femmes un semblant de liberté.
Critique :
A la lecture du synopsis, il est possible de retrouver le schéma et l'état d'esprit de Un Triomphe d’Emmanuel Courcol, sorti en 2021. Le hasard fait que l'on se retrouve devant un film très similaire, de la part d'Etienne Comar. Guère plus inspiré mais tout aussi agréable à suivre grâce au plaisir du casting, À l'ombre des filles a pour lui de jongler entre le musical et le drame social. Comme Kad Merad incarnait un comédien de théâtre qui n'est pas remonté sur scène depuis un moment, Alex Lutz incarne ici un chanteur lyrique qui n'a pas chanté et n'est pas monté sur scène depuis plusieurs mois. Comme le personnage de Kad Merad, celui d'Alex Lutz accepte d'animer un atelier dans une prison. Sauf que le chanteur Luc n'est pas confronté à des hommes, mais à des femmes. Un véritable défi pour lui, reconnu pour chanter du lyrique, où il doit harmoniser des voix mais aussi faire face aux goûts musicaux de chacune. Et comme le personnage de Kad Merad, il doit faire face aux tempéraments bien marqués des femmes détenues.
Là où le film pèche sincèrement, est dans la mise en scène de cet espace carcéral. Tout est déjà vu des centaines de fois, il n'y a aucune surprise dans les images produites. Déjà qu'elles ne sont pas nombreuses, car la narration se contente des scènes de l'atelier chant, elles relèvent purement de l'anecdote. Telles des transitions pour passer d'une scène à une autre, d'une répétition à une autre. L'univers carcéral ne semble pas du tout intéresser Etienne Comar, tant il se contente de répéter les images du chanteur qui se fait contrôler à son entrée et à sa sortie.
Mais surtout quand le seul contexte de cet univers consiste à filmer des surveillantes pénitencières qui accompagnent les détenues ou le chanteur dans telle ou telle pièce. Elles ne sont qu'un décor, qu'un vecteur de mouvement. En dehors des ateliers de chant, les détenues n'existent pas. Au point que les seules parts d'intimité et d'informations personnelles sont dans des répliques, au sein même de l'atelier chant. D'un autre côté, il y a le personnage d'Agnès Jaoui, qui permet de voir autre chose : les parloirs, la mélancolie plus poussée, la souffrance infinie. Puis il y a les quelques scènes de la vie privée du chanteur Luc, qui permettent au montage de respirer en dehors des murs de l'atelier chant.
Il est très vite compréhensible que À l'ombre des filles se focalise uniquement sur la partie divertissante, à savoir le mélange musical et comédie. Parce qu'en refusant de mettre en scène l'univers carcéral, Etienne Comar rejette toute la part dramatique de ses personnages. Une dimension sociale qui n'apparaît qu'à travers quelques révélations ici et là, ou à travers de petits rebondissements scénaristiques. Le cinéaste est bien plus intéressé par les liens qui se créent entre les participantes à l'atelier chant. Luc n'est donc plus seulement un enseignant de chant, mais il devient le chef d'orchestre d'un groupe social où l'amitié se modélise (avec ses hauts et ses bas). Le film se résume alors à 100 minutes d'apprentissage du chant, dans l'objectif de performer devant un public (comme dans le film d'Emmanuel Courcol, tiens). Cet apprentissage qui permettrait à ces femmes détenues de retrouver un minimum de joie, d'envie, et de liberté. Et même si ce format d'image en 4:3 tend à faire ressentir l'effet d'emprisonnement, il est bien contradictoire avec la recherche de liberté pour les personnages. Heureusement, les actrices se prêtent volontiers au jeu, et arrivent à elles seules à rendre l'ensemble plutôt agréable à regarder. Leur énergie dépasse largement une mise en forme bien trop sage et distante. Les images restent bien dans l'ombre des tempéraments des personnages, bien dans l'ombre de tout ce que l'on peut attendre d'un tel film.
Teddy Devisme
Acteur : Alex Lutz, Agnès Jaoui, Veerle Baetens, Hafsia Herzi, Marie Berto,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie, Musical.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Luc est un chanteur lyrique renommé. En pleine crise personnelle, il accepte d’animer un atelier de chant dans un centre de détention pour femmes. Il se trouve vite confronté aux tempéraments difficiles des détenues. Entre bonne conscience et quête personnelle, Luc va alors tenter d’offrir à ces femmes un semblant de liberté.
Critique :
En refusant de mettre en scène l'univers carcéral qui lui sert de cadre, Etienne Comar rejette toute la part dramatique de ses personnages et fait de son #ÀLombredesFilles un musical trop sage et distant, heureusement sauvé par l'énergie de ses actrices. (@Teddy_Devisme) pic.twitter.com/doEH1y8PXL
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 13, 2021
A la lecture du synopsis, il est possible de retrouver le schéma et l'état d'esprit de Un Triomphe d’Emmanuel Courcol, sorti en 2021. Le hasard fait que l'on se retrouve devant un film très similaire, de la part d'Etienne Comar. Guère plus inspiré mais tout aussi agréable à suivre grâce au plaisir du casting, À l'ombre des filles a pour lui de jongler entre le musical et le drame social. Comme Kad Merad incarnait un comédien de théâtre qui n'est pas remonté sur scène depuis un moment, Alex Lutz incarne ici un chanteur lyrique qui n'a pas chanté et n'est pas monté sur scène depuis plusieurs mois. Comme le personnage de Kad Merad, celui d'Alex Lutz accepte d'animer un atelier dans une prison. Sauf que le chanteur Luc n'est pas confronté à des hommes, mais à des femmes. Un véritable défi pour lui, reconnu pour chanter du lyrique, où il doit harmoniser des voix mais aussi faire face aux goûts musicaux de chacune. Et comme le personnage de Kad Merad, il doit faire face aux tempéraments bien marqués des femmes détenues.
Copyright Charles Paulicevich |
Là où le film pèche sincèrement, est dans la mise en scène de cet espace carcéral. Tout est déjà vu des centaines de fois, il n'y a aucune surprise dans les images produites. Déjà qu'elles ne sont pas nombreuses, car la narration se contente des scènes de l'atelier chant, elles relèvent purement de l'anecdote. Telles des transitions pour passer d'une scène à une autre, d'une répétition à une autre. L'univers carcéral ne semble pas du tout intéresser Etienne Comar, tant il se contente de répéter les images du chanteur qui se fait contrôler à son entrée et à sa sortie.
Copyright Charles Paulicevich |
Mais surtout quand le seul contexte de cet univers consiste à filmer des surveillantes pénitencières qui accompagnent les détenues ou le chanteur dans telle ou telle pièce. Elles ne sont qu'un décor, qu'un vecteur de mouvement. En dehors des ateliers de chant, les détenues n'existent pas. Au point que les seules parts d'intimité et d'informations personnelles sont dans des répliques, au sein même de l'atelier chant. D'un autre côté, il y a le personnage d'Agnès Jaoui, qui permet de voir autre chose : les parloirs, la mélancolie plus poussée, la souffrance infinie. Puis il y a les quelques scènes de la vie privée du chanteur Luc, qui permettent au montage de respirer en dehors des murs de l'atelier chant.
Copyright Charles Paulicevich |
Il est très vite compréhensible que À l'ombre des filles se focalise uniquement sur la partie divertissante, à savoir le mélange musical et comédie. Parce qu'en refusant de mettre en scène l'univers carcéral, Etienne Comar rejette toute la part dramatique de ses personnages. Une dimension sociale qui n'apparaît qu'à travers quelques révélations ici et là, ou à travers de petits rebondissements scénaristiques. Le cinéaste est bien plus intéressé par les liens qui se créent entre les participantes à l'atelier chant. Luc n'est donc plus seulement un enseignant de chant, mais il devient le chef d'orchestre d'un groupe social où l'amitié se modélise (avec ses hauts et ses bas). Le film se résume alors à 100 minutes d'apprentissage du chant, dans l'objectif de performer devant un public (comme dans le film d'Emmanuel Courcol, tiens). Cet apprentissage qui permettrait à ces femmes détenues de retrouver un minimum de joie, d'envie, et de liberté. Et même si ce format d'image en 4:3 tend à faire ressentir l'effet d'emprisonnement, il est bien contradictoire avec la recherche de liberté pour les personnages. Heureusement, les actrices se prêtent volontiers au jeu, et arrivent à elles seules à rendre l'ensemble plutôt agréable à regarder. Leur énergie dépasse largement une mise en forme bien trop sage et distante. Les images restent bien dans l'ombre des tempéraments des personnages, bien dans l'ombre de tout ce que l'on peut attendre d'un tel film.
Teddy Devisme