[CRITIQUE] : Tick, Tick … BOOM!
Réalisateur : Lin-Manuel Miranda
Acteurs : Andrew Garfield, Akexandra Shipp, Vanessa Hudgens, Bradley Whitford,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Musical, Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min.
Synopsis :
À l'approche de ses 30 ans, un jeune compositeur prometteur jongle entre l'amour, l'amitié et l'envie de réussir quelque chose de grandiose avant qu'il ne soit trop tard.
Critique :
Comme pour le fantastique Hamilton (exclusivement disponible sur Disney Plus dans l'hexagone), il y a quelque chose de résolument frustrant à l'idée de devoir découvrir le premier passage derrière la caméra d'un long-métrage du talentueux Lin-Manuel Miranda, enfermé entre les quatre cloisons de notre écran de salon, là où il appelait à s'apprécier pleinement dans une salle obscure.
D'autant que pour son premier effort, le bonhomme touche autant au genre sinueux du biopic musical (rincé plus que de raison par Hollywood), que du film intimement personnel en braquant ses projecteurs sur le compositeur qui a inspiré son propre éveil créatif : Jonathan Larson, injustement peu célébré de son vivant et décédé à l'âge de 35 ans d'un anévrisme de l'aorte, la veille du succès monumental à Broadway de son œuvre révolutionnaire Rent.
Il a laissé derrière lui une oeuvre méta-musicale devenue culte avec le temps, « Tick, Tick … BOOM! », l'autoportrait d'un artiste angoissé que Miranda a soigneusement dépoussiéré et poli comme un totem sacré pour en faire une merveille de comédie musicale, un vibrant hommage au processus créatif, à la nature même de la créativité et au besoin (et à la nécessité) de pouvoir s'exprimer.
Fresque New-yorkaise au coeur des 90s façon autopsie volontairement désordonnée des angoisses d'un artiste lors d'une annee charnière dans son existence et, plus directement, d'un homme confronté aux obstacles, au doute de soi et aux crises existentielles liées au dur passage de la trentaine; tout le film n'est qu'un compte à rebours - d'où le titre - face aux attentes de notre existence, celui qui nous frappe quotidiennement comme un panneau de signalisation sadique, pour nous signaler que l'on est en retard sur nos objectifs et ambitions.
Se compromettre en abandonnant tout sous le poids de la frustration, ou persévérer et tout donné pour réaliser son rêve, voilà le vrai dilemme de Larson de son appartement spartiate du Lower Manhattan, qui veut que sa voix soit entendue tout en alignant un job alimentaire dans un restaurant.
Il est un jeune talent prometteur, il entend la musique dans les rythmes quotidiens de la vie et il peut écrire une chanson sur n'importe quoi : il ne cherche juste que le bon projet pour tout canaliser.
Ce qui pourrait bien être comédie musicale science-fictionnelle et dystopique intitulée Superbia, basée sur le pavé culte 1984 de George Orwell...
La dévotion sans borne de Miranda à son idole se ressent de tous les pores de la pellicule, croquant une inspirée et inspirante histoire universelle sur le sacrifice et de détermination (à laquelle il donne le recul salvateur que ne pouvait pas avoir Larson), à la vulnérabilité attachante, frappée par une constellation de caméos des légendes de Broadway, accentuant le faste somptueux de son éloge.
Vissé sur la partition électrisante d'un Andrew Garfield sincèrement dévoué et à l'enthousiasme débordant, Tick, Tick … BOOM! est une merveille de comédie musicale passionnée et enthousiasmante qui transcende le genre pour mieux incarner un puissant drame autant qu'une éclatante et exaltante célébration de la vie et de l'humanité.
Une généreuse, sincère et émouvante note de remerciement de deux heures de Miranda à l'homme qui a contribué à rendre sa carrière possible.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Andrew Garfield, Akexandra Shipp, Vanessa Hudgens, Bradley Whitford,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Musical, Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min.
Synopsis :
À l'approche de ses 30 ans, un jeune compositeur prometteur jongle entre l'amour, l'amitié et l'envie de réussir quelque chose de grandiose avant qu'il ne soit trop tard.
Critique :
Fresque New-yorkaise au coeur des 90s façon autopsie désordonnée des angoisses d'un artiste lors d'une année charnière de son existence, #TickTickBoomVissé est une merveille de comédie musicale passionnée et enthousiasmante vissée sur la partition électrisante d'Andrew Garfield. pic.twitter.com/1ABaxS6dhx
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 19, 2021
Comme pour le fantastique Hamilton (exclusivement disponible sur Disney Plus dans l'hexagone), il y a quelque chose de résolument frustrant à l'idée de devoir découvrir le premier passage derrière la caméra d'un long-métrage du talentueux Lin-Manuel Miranda, enfermé entre les quatre cloisons de notre écran de salon, là où il appelait à s'apprécier pleinement dans une salle obscure.
D'autant que pour son premier effort, le bonhomme touche autant au genre sinueux du biopic musical (rincé plus que de raison par Hollywood), que du film intimement personnel en braquant ses projecteurs sur le compositeur qui a inspiré son propre éveil créatif : Jonathan Larson, injustement peu célébré de son vivant et décédé à l'âge de 35 ans d'un anévrisme de l'aorte, la veille du succès monumental à Broadway de son œuvre révolutionnaire Rent.
Il a laissé derrière lui une oeuvre méta-musicale devenue culte avec le temps, « Tick, Tick … BOOM! », l'autoportrait d'un artiste angoissé que Miranda a soigneusement dépoussiéré et poli comme un totem sacré pour en faire une merveille de comédie musicale, un vibrant hommage au processus créatif, à la nature même de la créativité et au besoin (et à la nécessité) de pouvoir s'exprimer.
Copyright Macall Polay/Netflix |
Fresque New-yorkaise au coeur des 90s façon autopsie volontairement désordonnée des angoisses d'un artiste lors d'une annee charnière dans son existence et, plus directement, d'un homme confronté aux obstacles, au doute de soi et aux crises existentielles liées au dur passage de la trentaine; tout le film n'est qu'un compte à rebours - d'où le titre - face aux attentes de notre existence, celui qui nous frappe quotidiennement comme un panneau de signalisation sadique, pour nous signaler que l'on est en retard sur nos objectifs et ambitions.
Se compromettre en abandonnant tout sous le poids de la frustration, ou persévérer et tout donné pour réaliser son rêve, voilà le vrai dilemme de Larson de son appartement spartiate du Lower Manhattan, qui veut que sa voix soit entendue tout en alignant un job alimentaire dans un restaurant.
Il est un jeune talent prometteur, il entend la musique dans les rythmes quotidiens de la vie et il peut écrire une chanson sur n'importe quoi : il ne cherche juste que le bon projet pour tout canaliser.
Ce qui pourrait bien être comédie musicale science-fictionnelle et dystopique intitulée Superbia, basée sur le pavé culte 1984 de George Orwell...
La dévotion sans borne de Miranda à son idole se ressent de tous les pores de la pellicule, croquant une inspirée et inspirante histoire universelle sur le sacrifice et de détermination (à laquelle il donne le recul salvateur que ne pouvait pas avoir Larson), à la vulnérabilité attachante, frappée par une constellation de caméos des légendes de Broadway, accentuant le faste somptueux de son éloge.
Copyright Macall Polay/Netflix |
Vissé sur la partition électrisante d'un Andrew Garfield sincèrement dévoué et à l'enthousiasme débordant, Tick, Tick … BOOM! est une merveille de comédie musicale passionnée et enthousiasmante qui transcende le genre pour mieux incarner un puissant drame autant qu'une éclatante et exaltante célébration de la vie et de l'humanité.
Une généreuse, sincère et émouvante note de remerciement de deux heures de Miranda à l'homme qui a contribué à rendre sa carrière possible.
Jonathan Chevrier
Faire une comédie musicale sur la comédie musicale, c’est un dangereux challenge dont les ingrédients sont cruciaux. Ici, la vie de Jonathan Larson, illustre compositeur avant-gardiste de Broadway (Rent), compose la matière. Lin-Manuel Miranda, sculpteur musical, s’en empare. Heureusement pour nous, on commence donc avec deux piliers qui inspirent déjà fortement confiance.
Pour incarner le grand, brun, fin, nerveux et talentueux Jon, quel meilleur choix que notre Andrew Garfield, aussi présent dans les blockbusters que dans les obscurs indépendants, aussi touchant que drôle, aussi détendu que torturé. Il interprète ici à la perfection l’artiste incompris qui n’a pas compris, qui cherche, encore et toujours des réponses à ses questions. Concentré sur son art, sur son œuvre qui ne voit jamais le jour, terrifié de vieillir, il oublie l’essentiel, la chaleur, l’amour et ceux qui l’entourent. Mais le contexte de son époque lui rappelle tant rapidement que violemment. En 1990, le SIDA fait des ravages et emporte trop tôt toute une jeunesse, tout particulièrement dans un monde du spectacle où évolue la communauté LGBT, et Jonathan. Lui qui prend tout pour acquis, va vite se souvenir de la dure réalité, dont ses proches sont souvent victimes.
La mise en scène décide de reprendre un spectacle de Jonathan Larson, et se libère d’une forme de séparation traditionnelle entre scènes parlées et scènes chantées. Les unes se mélangent aux autres et on ne sait plus si l’art imite la vie ou l’inverse. Suivant un rythme aussi saccadé que sa bande-originale, le film sursaute, explose, se recroqueville, pour mieux éclater ensuite. Une véritable partition de musique, élément d’ailleurs omniprésent à l’écran. Les acteurs excellents y chantent, dansent, jouent, comme sur une scène de Broadway. Entre le réalisme du New York de 1990 et la féérie du monde de la scène, le film tisse des liens subtils, permanents. Les émotions révélées par l’art s’entremêlent avec celles de la vraie vie. C’est ainsi que Jon apprend à écrire sur ce qu’il connaît, sur les conseils de son agent. On y voit là les prémices de ce qui, quelques années plus tard, deviendra Rent, son plus gros succès. On sent déjà dans les années galères que l’on suit, que le talent du compositeur marquera sa génération et son art à jamais.
Lin-Manuel Miranda signe une jolie première réalisation avec un hommage émouvant. Il s’entoure d’un casting talentueux, jeune et pétillant qui s’amuse sur une bande-originale remarquable. Un beau film que l’on aurait souhaité voir sur grand écran, et qui restera dans un coin de nos têtes, comme une mélodie entraînante..
Éloise
Pour incarner le grand, brun, fin, nerveux et talentueux Jon, quel meilleur choix que notre Andrew Garfield, aussi présent dans les blockbusters que dans les obscurs indépendants, aussi touchant que drôle, aussi détendu que torturé. Il interprète ici à la perfection l’artiste incompris qui n’a pas compris, qui cherche, encore et toujours des réponses à ses questions. Concentré sur son art, sur son œuvre qui ne voit jamais le jour, terrifié de vieillir, il oublie l’essentiel, la chaleur, l’amour et ceux qui l’entourent. Mais le contexte de son époque lui rappelle tant rapidement que violemment. En 1990, le SIDA fait des ravages et emporte trop tôt toute une jeunesse, tout particulièrement dans un monde du spectacle où évolue la communauté LGBT, et Jonathan. Lui qui prend tout pour acquis, va vite se souvenir de la dure réalité, dont ses proches sont souvent victimes.
Copyright Macall Polay/Netflix |
La mise en scène décide de reprendre un spectacle de Jonathan Larson, et se libère d’une forme de séparation traditionnelle entre scènes parlées et scènes chantées. Les unes se mélangent aux autres et on ne sait plus si l’art imite la vie ou l’inverse. Suivant un rythme aussi saccadé que sa bande-originale, le film sursaute, explose, se recroqueville, pour mieux éclater ensuite. Une véritable partition de musique, élément d’ailleurs omniprésent à l’écran. Les acteurs excellents y chantent, dansent, jouent, comme sur une scène de Broadway. Entre le réalisme du New York de 1990 et la féérie du monde de la scène, le film tisse des liens subtils, permanents. Les émotions révélées par l’art s’entremêlent avec celles de la vraie vie. C’est ainsi que Jon apprend à écrire sur ce qu’il connaît, sur les conseils de son agent. On y voit là les prémices de ce qui, quelques années plus tard, deviendra Rent, son plus gros succès. On sent déjà dans les années galères que l’on suit, que le talent du compositeur marquera sa génération et son art à jamais.
Lin-Manuel Miranda signe une jolie première réalisation avec un hommage émouvant. Il s’entoure d’un casting talentueux, jeune et pétillant qui s’amuse sur une bande-originale remarquable. Un beau film que l’on aurait souhaité voir sur grand écran, et qui restera dans un coin de nos têtes, comme une mélodie entraînante..
Éloise