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[TERRIBLE SEQUELS] : #12. Zoolander 2

Copyright 2015 Paramount Pictures. All Rights Reserved.

Qu'on se le dise, même si elles arrivent à incarner des morceaux de cinéma légitimes - voire même franchement excellentes pour certaines -, les suites ont toujours eu mauvaise presse.
Raison de plus donc pour que nous, petite bande de cinéphiles qui aiment sadiquement se faire du mal (mais pour la bonne cause), nous nous penchions non pas sur ses dits cas mais bel et bien sûr le fond de la cuvette du pire, ses suites regrettables, inutiles et terribles; le tout dans un esprit un minimum ludique (car pourquoi ne pas si les mauvais films ne sont même pas là pour nous faire triper, à quoi bon ?).
Alors prends ton magnétoscope (ou ton lecteur DVD, mais c'est moins fun), enveloppe-toi dans le drap de la nostalgie et laisse-toi aller à une bonne dose de régression qui sent bon le bousin, la Fucking Team est là pour jouer les pilotes de l'impossible !



#13. Zoolander 2 de - et avec - Ben Stiller (2016)

Il y avait une désillusion plutôt féroce à l'idée de voir le génial Ben Stiller, retourner à ses premiers amours - la comédie cynique et potache -, passé un superbe effort qui laissait transparaître un penchant (presque) insoupçonnée de sa personnalité - La vie rêvée de Walter Mitty.
Pourtant, impossible de ne pas admettre que l'annonce d'un improbable Zoolander 2, suite aussi fantasmée qu'attendue de l'une des comédies les plus cultes des années 2000 (accouchée dans la douleur, avec un nombre incalculable de réécriture sur près de dix ans), pouvait avoir ces bons côtés : impossible sur le papier, de ne pas avoir envie de revoir le plus con des modèles hommes revenir pour une aventure complétement délirante aux côtés de son BFF Hansel, du méchant-méchant Mugatu et de la bomba latina Penelope Cruz.

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Si Zoolander premier du nom incarnait une critique aussi jubilatoire que maline du milieu de la mode, Zoolander 2 n'est qu'une pâle copie de celui-ci, une épopée aussi bancale que laborieuse, que même un Blue Steel combiné à un Magnum puissance 1000 ne sortirait pas de sa torpeur.
Littéralement plombé par un première partie assommante accumulant dans une frénésie non-sensique les sous-intrigues au détriment de gags pas forcément drôle - dans la généralité -; on y suit le destin littéralement chamboulé du Derek qui, après avoir sauvé le monde il y a quinze piges, n'est plus que l'ombre de lui-même.
Deux jours après l’ouverture du centre pour enfants Derek Zoolander Center for Kids Who Can’t Read Good And Wanna Learn To Do Other Stuff Good Too, celui-ci s'écroule, défigure Hansel et tue par la même occasion la belle Mathilda.
Veuf au foyer, Derek se voit très vite retiré la garde de Derek Jr et s'exile dans les montagnes enneigées du nord du New Jersey, ou il se fera désormais appelé Erik Toolander.
Plus tard, Billy Zane le forcera de sortir de sa retraite, à embarquer pour Rome avec Hansel (qui quitte son harem de Malibu, dans lequel vit notre bon vieux Jack Bauer) pour mieux déjouer un complot criminel et international, s'attaquant aux popstars célèbres...

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Objet de culte boycotté en salles mais célébré en vidéo, Zoolander se suffisait amplement à lui-même et ne méritait pas réellement de suite : plus clairement, il ne méritait décemment pas une telle suite aussi peu inspirée que franchement maladroite, exagérée au maximum, rarement désopilante - même si elle offrira quelques sourires marqués - et surtout complétement dénué du ton décalé si savoureux du premier film.
Sur près de deux heures ou seule la pluie de caméos (Sting, Kiefer Sutherland, Benedict Cumberbatch, Susan Boyle, MC Hammer ou encore Justin Bieber, Olivia Munn, Katy Perry, Anna Wintour, Kate Moss ou encore Ariana Grande) et les références appuyées à la pop culture, sortiront plus ou moins le spectateur d'un ennui poli, le film s'enlise dans une narration manquant autant de souffle que de réel intérêt, tant elle semble se borner à ne jamais voir plus loin que du simple name-dropping putassier.
Les limites sont visibles dès le premier tiers (tronqué par un flashback didactique), et l’abatage comique du quatuor Stiller/Wilson/Ferrell/Wiig a beau être des plus sincères (les trois premiers s'éclatent à reprendre leurs personnages, et cela se voit) ainsi que sa critique acerbe de la génération Faebook/Twitter/Instagram (moins fine et juste que la critique de la génération MTV de Zoolander), il ne rattrape en rien un film rythmé mais partant trop souvent dans tous les sens au point de, justement, n'en avoir carrément aucun.

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Difficile alors, de ne pas réaliser in fine que ce Zoolander 2 incarne douloureusement une suite pondue quinze ans trop tard, trop peu jubilatoire (heureusement que Ferrell est là...) et presque gênante aux vues du génie comique de ses têtes pensantes (Stiller et Justin Theroux).
On a beau être des amoureux de l'humour con comme ses pieds du Frat Pack, ce second opus n'exploite jamais vraiment son potentiel comique et s'embourbe dans les sables mouvants de l'absurde, au point de ne jamais réellement prétendre au titre de chef d’œuvre du mauvais gout qu'on était pourtant si prêt de lui décerner...


Jonathan Chevrier