[CRITIQUE] : Freda
Réalisatrice : Gessica Geneus
Acteur : Néhémie Bastien, Fabiola Remy, Djanaïna François,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Haïtien, Béninois, Français.
Durée : 1h29min
Synopsis :
Ce film est présenté dans la sélection Un Certain regard du Festival de Cannes 2021
Freda habite avec sa mère et sa soeur dans un quartier populaire de Port-au-Prince. Face aux défis du quotidien en Haïti, chacune se demande s’il faut partir ou rester. Freda veut croire en l’avenir de son pays.
Critique :
La question est aussi intime que profondément complexe : si votre patrie sombrait dans le chaos le plus complet, est-ce que vous feriez le choix d'y rester pour tenter de la changer, ou de la quitter ?
C'est un peu le dilemme au coeur du brillant Freda, premier long-métrage de la cinéaste Gessica Geneus, superbe drame vissé sur l'avenir incertain d'une jeunesse en quête d'émancipation, qui prend peu à peu les contours d'une célébration subtile de la résilience au sein d'une société Haïtienne troublée (et dont la situation n'a eu de cesse de se dégrader depuis l'époque où le film a été tourné), aussi vivante qu'elle est engoncée entre traditions et désir de modernité.
Avec une vérité crue, Généus, qui puise dans sa propre histoire et la connaissance indiscutable de son pays d'origine, offre un regard destructeur sur une humanité qui s'étiole, tout en croquant une exploration compréhensive et passionnée de la gentrification des espaces et des corps noirs, au travers du portrait et de la lutte d'une famille pour trouver la paix et le bonheur, mais aussi de définir ce qu'est réellement être Haïtien dans l'Haïti d'aujourd'hui.
Comme de nombreux pays, les problèmes de stabilité et d'identité d'Haïti découlent des fissures de sa fondation : de colonie d'esclaves exploitée par la France à première nation à obtenir son indépendance grâce à une révolte d'esclaves, devenant ainsi la première république noire, elle est passée par des décennies d'instabilité politique, d'endettement, d'occupation par les États-Unis et de régimes autoritaires avant d'être littéralement fissurée par le tremblement de terre de 2010, dont elle ne s'est jamais vraiment remise.
Dans une effervescence et une chaleur aussi énergique que peut l'être la tumultueuse Port-au-Prince, le film s'inscrit dans la même mouvance que l'anthologie Small Axe de Steve McQueen (tout comme pour Lovers Rock, Généus se livre elle aussi à de longs plans immersifs et cathartiques d'une jeunesse se sentant libre via quelques instants volés de chant et de danse), et se fait l'exorcisme sur pellicule d'une île intérieurement et physiquement blessée, au travers d'un généreux et saisissant portrait de survivantes d'une société sous forte domination masculine.
Sans phare et avec un prisme féministe affirmé, Freda regarde la réalité de sa nation et de ses contradictions avec une sobriété glaciale et douloureuse pour mieux questionner (et ainsi tenter de comprendre ce qui apparait incompréhensible d'un point de vue extérieur) les liens intangibles entre Haïti et son peuple, tout en lui offrant la lueur d'espoir certes naïve mais essentielle, d'une potentielle guérison de ses stigmates par l'unité et l'acceptation.
Un sacré premier long en somme.
Jonathan Chevrier
Acteur : Néhémie Bastien, Fabiola Remy, Djanaïna François,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Haïtien, Béninois, Français.
Durée : 1h29min
Synopsis :
Ce film est présenté dans la sélection Un Certain regard du Festival de Cannes 2021
Freda habite avec sa mère et sa soeur dans un quartier populaire de Port-au-Prince. Face aux défis du quotidien en Haïti, chacune se demande s’il faut partir ou rester. Freda veut croire en l’avenir de son pays.
Critique :
#Freda ou un beau drame vissé sur l'avenir incertain d'une jeunesse en quête d'émancipation, qui prend peu à peu les contours d'une célébration subtile de la résilience au sein d'une société Haïtienne trouble, aussi vivante qu'elle est coincée entre tradition et rêve de modernité pic.twitter.com/B3PfdN4YKQ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 14, 2021
La question est aussi intime que profondément complexe : si votre patrie sombrait dans le chaos le plus complet, est-ce que vous feriez le choix d'y rester pour tenter de la changer, ou de la quitter ?
C'est un peu le dilemme au coeur du brillant Freda, premier long-métrage de la cinéaste Gessica Geneus, superbe drame vissé sur l'avenir incertain d'une jeunesse en quête d'émancipation, qui prend peu à peu les contours d'une célébration subtile de la résilience au sein d'une société Haïtienne troublée (et dont la situation n'a eu de cesse de se dégrader depuis l'époque où le film a été tourné), aussi vivante qu'elle est engoncée entre traditions et désir de modernité.
Copyright Nour Films |
Avec une vérité crue, Généus, qui puise dans sa propre histoire et la connaissance indiscutable de son pays d'origine, offre un regard destructeur sur une humanité qui s'étiole, tout en croquant une exploration compréhensive et passionnée de la gentrification des espaces et des corps noirs, au travers du portrait et de la lutte d'une famille pour trouver la paix et le bonheur, mais aussi de définir ce qu'est réellement être Haïtien dans l'Haïti d'aujourd'hui.
Comme de nombreux pays, les problèmes de stabilité et d'identité d'Haïti découlent des fissures de sa fondation : de colonie d'esclaves exploitée par la France à première nation à obtenir son indépendance grâce à une révolte d'esclaves, devenant ainsi la première république noire, elle est passée par des décennies d'instabilité politique, d'endettement, d'occupation par les États-Unis et de régimes autoritaires avant d'être littéralement fissurée par le tremblement de terre de 2010, dont elle ne s'est jamais vraiment remise.
Dans une effervescence et une chaleur aussi énergique que peut l'être la tumultueuse Port-au-Prince, le film s'inscrit dans la même mouvance que l'anthologie Small Axe de Steve McQueen (tout comme pour Lovers Rock, Généus se livre elle aussi à de longs plans immersifs et cathartiques d'une jeunesse se sentant libre via quelques instants volés de chant et de danse), et se fait l'exorcisme sur pellicule d'une île intérieurement et physiquement blessée, au travers d'un généreux et saisissant portrait de survivantes d'une société sous forte domination masculine.
Copyright Nour Films |
Sans phare et avec un prisme féministe affirmé, Freda regarde la réalité de sa nation et de ses contradictions avec une sobriété glaciale et douloureuse pour mieux questionner (et ainsi tenter de comprendre ce qui apparait incompréhensible d'un point de vue extérieur) les liens intangibles entre Haïti et son peuple, tout en lui offrant la lueur d'espoir certes naïve mais essentielle, d'une potentielle guérison de ses stigmates par l'unité et l'acceptation.
Un sacré premier long en somme.
Jonathan Chevrier