[CRITIQUE] : Cigare au Miel
Réalisatrice : Kamir Aïnouz
Acteurs : Zoé Adjani, Amira Casar, Lyes Salem,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge, Algérien.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
Selma, 17 ans, vit dans une famille berbère et laïque, à Neuilly-sur-Seine, en 1993. Lorsqu’elle rencontre Julien, un garçon provocateur, elle réalise à quel point les diktats du patriarcat contrôlent son intimité. Alors que Selma décide de découvrir la puissance et les dangers de son propre désir, l’équilibre de sa famille se fissure et la terreur du fondamentalisme émerge dans son pays d’origine.
Critique :
Dès son titre sucré et doucement évocateur, Cigare au miel convoque un désir de gourmandise qui va justement de pair avec la découverte de soi en plein adolescence, et donc vers notre initiation aux plaisirs des sens et de la chair - mais pas que.
Premier long-métrage assuré et séduisant de Kamir Aïnouz (demi-soeur du talentueux Karim Aïnouz, papa - entre autres - du formidable La Vie Invisible d'Eurídice Gusmão), également derrière le scénario, le film suit au coeur des années 90, les atermoiements de Selma, une jeune adolescente berbère de 17 ans, vivant en région parisienne avec ses parents, alors la guerre civile fait rage en Algérie.
Alors qu'elle vient d'entrer dans une école de commerce, elle fait la rencontre Julian, dont elle tombe immédiatement amoureuse; un de ses amours épiphanique, un coup de foudre qui révèlera à Selma sa sexualité mais surtout la conscience d'une réalité fortement patriarcale, que ce soit celle de ses origines dans laquelle elle a - en partie - grandit (une famille peu permissive et jamais totalement à contre-courant de leur héritage culturel, tant ils sont autant fièrement laïcs qu'ils veulent contrôler l'avenir de leur fille), ou celle profondément machiste du monde occidental, qui est tout autant son quotidien...
Il y aurait presque du Kechiche dans la manière intense que peut avoir la cinéaste à insister sur les corps immatures, la fierté des regards ou même la curiosité typiques de l'adolescence, à ceci près ici que l'émancipation de son héroïne (Zoé Adjani, captivante), son ouverture à sa sensualité et à sa sexualité, n'est pas une découverte facile.
Il n'y a pas de liberté inconsciente, de plaisir immédiat dans sa recherche, tant elle passe autant par des initiations brutales (parce qu'inconsciemment ou physiquement, imposées), que par des écueils et des déceptions; elle est entravée, difficile et même amère comme il ne devrait jamais l'être pour personne - mais qui est, certainement, le cas de beaucoup.
D'autant plus qu'à la différence de Kechiche, elle ne sexualise pas plus que de raison Selma, au contraire même, tout en pudeur, elle ne révèle rien ou presque de sa nudité, insistant constamment sur l'aspect douloureux d'un corps difficile à accepter, du fait de la manière dont il est vu, considéré et traité par les autres.
Un récit d'émancipation et d'acceptation qui prend dans son ultime virage, les contours d'une belle rencontre générationnelle, ou la découverte de soi est supplanté par la (re)découverte de l'autre, celle d'une mère (Amira Casar, superbe) qui par la rébellion intime et légitime de sa fille, prend elle aussi davantage conscience de sa féminité.
Pas toujours subtil ni exempt de superficialité, Cigare au Miel n'en reste pas moins un solide premier long-métrage, un beau récit initiatique et d'émancipation au féminin montrant avec subtilité l'empiètement insidieux du patriarcat et du machisme abusif dans la vie quotidienne.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Zoé Adjani, Amira Casar, Lyes Salem,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge, Algérien.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
Selma, 17 ans, vit dans une famille berbère et laïque, à Neuilly-sur-Seine, en 1993. Lorsqu’elle rencontre Julien, un garçon provocateur, elle réalise à quel point les diktats du patriarcat contrôlent son intimité. Alors que Selma décide de découvrir la puissance et les dangers de son propre désir, l’équilibre de sa famille se fissure et la terreur du fondamentalisme émerge dans son pays d’origine.
Critique :
Pas toujours subtil ni exempt de superficialité, #CigareauMiel n'en reste pas moins un solide premier long-métrage, un beau récit initiatique et d'émancipation au féminin, montrant avec subtilité l'empiètement insidieux du patriarcat et du machisme abusif dans la vie quotidienne. pic.twitter.com/B4Y8Lm4ryJ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 6, 2021
Dès son titre sucré et doucement évocateur, Cigare au miel convoque un désir de gourmandise qui va justement de pair avec la découverte de soi en plein adolescence, et donc vers notre initiation aux plaisirs des sens et de la chair - mais pas que.
Premier long-métrage assuré et séduisant de Kamir Aïnouz (demi-soeur du talentueux Karim Aïnouz, papa - entre autres - du formidable La Vie Invisible d'Eurídice Gusmão), également derrière le scénario, le film suit au coeur des années 90, les atermoiements de Selma, une jeune adolescente berbère de 17 ans, vivant en région parisienne avec ses parents, alors la guerre civile fait rage en Algérie.
Alors qu'elle vient d'entrer dans une école de commerce, elle fait la rencontre Julian, dont elle tombe immédiatement amoureuse; un de ses amours épiphanique, un coup de foudre qui révèlera à Selma sa sexualité mais surtout la conscience d'une réalité fortement patriarcale, que ce soit celle de ses origines dans laquelle elle a - en partie - grandit (une famille peu permissive et jamais totalement à contre-courant de leur héritage culturel, tant ils sont autant fièrement laïcs qu'ils veulent contrôler l'avenir de leur fille), ou celle profondément machiste du monde occidental, qui est tout autant son quotidien...
Copyright Eliph Willow |
Il y aurait presque du Kechiche dans la manière intense que peut avoir la cinéaste à insister sur les corps immatures, la fierté des regards ou même la curiosité typiques de l'adolescence, à ceci près ici que l'émancipation de son héroïne (Zoé Adjani, captivante), son ouverture à sa sensualité et à sa sexualité, n'est pas une découverte facile.
Il n'y a pas de liberté inconsciente, de plaisir immédiat dans sa recherche, tant elle passe autant par des initiations brutales (parce qu'inconsciemment ou physiquement, imposées), que par des écueils et des déceptions; elle est entravée, difficile et même amère comme il ne devrait jamais l'être pour personne - mais qui est, certainement, le cas de beaucoup.
D'autant plus qu'à la différence de Kechiche, elle ne sexualise pas plus que de raison Selma, au contraire même, tout en pudeur, elle ne révèle rien ou presque de sa nudité, insistant constamment sur l'aspect douloureux d'un corps difficile à accepter, du fait de la manière dont il est vu, considéré et traité par les autres.
Un récit d'émancipation et d'acceptation qui prend dans son ultime virage, les contours d'une belle rencontre générationnelle, ou la découverte de soi est supplanté par la (re)découverte de l'autre, celle d'une mère (Amira Casar, superbe) qui par la rébellion intime et légitime de sa fille, prend elle aussi davantage conscience de sa féminité.
Pas toujours subtil ni exempt de superficialité, Cigare au Miel n'en reste pas moins un solide premier long-métrage, un beau récit initiatique et d'émancipation au féminin montrant avec subtilité l'empiètement insidieux du patriarcat et du machisme abusif dans la vie quotidienne.
Jonathan Chevrier