[CRITIQUE] : Chers Camarades !
Réalisateur : Andreï Konchalovsky
Acteurs : Yuliya Vysotskaya, Vladislav Komarov, Andrey Gusev,...
Distributeur : Potemkine Films
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Russe.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Une ville de province dans le sud de l’URSS en 1962. Lioudmila est une fonctionnaire farouchement dévouée au Parti Communiste. Sa fille décide de participer à la grève d’une usine locale et les événements prennent une tournure tragique. Les autorités dissimulent la violence de la répression. Lioudmila se lance alors dans une quête éperdue à la recherche de sa fille disparue.
Critique :
Quelques mois à peine, après l'arrivée dans les salles obscures de son formidable Michel-Ange, diamant noir incroyable de vitalité et de véracité, sondant autant les démons que le génie de l'un des plus grands artistes de la Renaissance, Andreï Konchalovsky, plus de huit décennies au compteur mais porté par l'énergie d'un trentenaire - comme papys Eastwood et Scorsese -, enchaîne avec une nouvelle claque, toujours gentiment lovée dans le giron de la reconstitution historique à l'ambition folle, pointant des tragédies humaines que peu mettent en images.
Sec comme un coup de trique et embaumé dans un noir et blanc somptueux, Chers Camarades ! se rapprochent de son Paradis tout en incarnant un véritable retour à la maison pour le cinéaste, en un épisode sombre de l’histoire de l’URSS sous la présidence de Khrouchtchev, et longtemps caché sous le tapis par le régime soviétique (plus de trente ans, des années soixante à la fin des années quatre-vingt-dix) : le massacre de Novotcherkassk.
Soit la preuve accablante de la violence sourde d'un gouvernement répressif, punissant brutalement tout mouvement contestataire, et ici plus directement une grève d'ouvriers qui a eu le malheur de défier le pouvoir en place, et qui le payera par le sang - 28 morts et des centaines de blessés.
Cette tragédie, le cinéaste nous la fait vivre à travers les yeux de Lyudmila (Yuliya Vysotskaya, formidable), une femme nostalgique du Stalinisme, une employée du conseil municipal et figure local du PC, dont les convictions vont lentement se fissurer lorsque sa fille se retrouve portée disparue dans la manifestation.
Dévoilant l'hypocrisie crasse d'un gouvernement propagandiste tentant cyniquement de masquer les apparences (ou de vendre une utopie impossible et surréaliste, un grand bal suivra le massacre quelques heures plus tard), au travers du drame intime qui frappe une femme cristalisant en elle-même tout le paradoxe qui anime sa nation, et dont l'universalité des maux est déchirante.
Maîtrisant pleinement son sujet et sa caméra, Konchalovsky joue habilement avec la croyance de ses personnages et de son auditoire, aussi bien que des contrastes avec une distance mordante avant d'embrasser pleinement le mélodrame désenchanté, et signe une merveille d'oeuvre humaniste, un vrai devoir de mémoire d'une noirceur folle (cette politique de bureau qui punit sourdement l'insurrection de la rue) jusque dans son final, logé entre le déni et l'espoir.
Un indispensable de cette rentré ciné.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Yuliya Vysotskaya, Vladislav Komarov, Andrey Gusev,...
Distributeur : Potemkine Films
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Russe.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Une ville de province dans le sud de l’URSS en 1962. Lioudmila est une fonctionnaire farouchement dévouée au Parti Communiste. Sa fille décide de participer à la grève d’une usine locale et les événements prennent une tournure tragique. Les autorités dissimulent la violence de la répression. Lioudmila se lance alors dans une quête éperdue à la recherche de sa fille disparue.
Critique :
Maîtrisant pleinement son sujet et sa caméra, Konchalovsky joue habilement des contrastes avec une distance mordante avant d'embrasser pleinement le mélodrame désenchanté, et fait de #ChersCamarades une merveille d'oeuvre humaniste, un vrai devoir de mémoire sombre et désenchanté pic.twitter.com/1uWJPUbd2k
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 2, 2021
Quelques mois à peine, après l'arrivée dans les salles obscures de son formidable Michel-Ange, diamant noir incroyable de vitalité et de véracité, sondant autant les démons que le génie de l'un des plus grands artistes de la Renaissance, Andreï Konchalovsky, plus de huit décennies au compteur mais porté par l'énergie d'un trentenaire - comme papys Eastwood et Scorsese -, enchaîne avec une nouvelle claque, toujours gentiment lovée dans le giron de la reconstitution historique à l'ambition folle, pointant des tragédies humaines que peu mettent en images.
Sec comme un coup de trique et embaumé dans un noir et blanc somptueux, Chers Camarades ! se rapprochent de son Paradis tout en incarnant un véritable retour à la maison pour le cinéaste, en un épisode sombre de l’histoire de l’URSS sous la présidence de Khrouchtchev, et longtemps caché sous le tapis par le régime soviétique (plus de trente ans, des années soixante à la fin des années quatre-vingt-dix) : le massacre de Novotcherkassk.
©Potemkine Films |
Soit la preuve accablante de la violence sourde d'un gouvernement répressif, punissant brutalement tout mouvement contestataire, et ici plus directement une grève d'ouvriers qui a eu le malheur de défier le pouvoir en place, et qui le payera par le sang - 28 morts et des centaines de blessés.
Cette tragédie, le cinéaste nous la fait vivre à travers les yeux de Lyudmila (Yuliya Vysotskaya, formidable), une femme nostalgique du Stalinisme, une employée du conseil municipal et figure local du PC, dont les convictions vont lentement se fissurer lorsque sa fille se retrouve portée disparue dans la manifestation.
Dévoilant l'hypocrisie crasse d'un gouvernement propagandiste tentant cyniquement de masquer les apparences (ou de vendre une utopie impossible et surréaliste, un grand bal suivra le massacre quelques heures plus tard), au travers du drame intime qui frappe une femme cristalisant en elle-même tout le paradoxe qui anime sa nation, et dont l'universalité des maux est déchirante.
Maîtrisant pleinement son sujet et sa caméra, Konchalovsky joue habilement avec la croyance de ses personnages et de son auditoire, aussi bien que des contrastes avec une distance mordante avant d'embrasser pleinement le mélodrame désenchanté, et signe une merveille d'oeuvre humaniste, un vrai devoir de mémoire d'une noirceur folle (cette politique de bureau qui punit sourdement l'insurrection de la rue) jusque dans son final, logé entre le déni et l'espoir.
Un indispensable de cette rentré ciné.
Jonathan Chevrier