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[CRITIQUE] : Une histoire d’amour et de désir

Réalisatrice : Leyla Bouzid
Acteurs : Sami Outalbali, Zbeida Belhajamor, Diong-Keba Tacu,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Le film est présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2021 et sera le film de clôture de la section

Ahmed, 18 ans, est français d’origine algérienne. Il a grandi en banlieue parisienne. Sur les bancs de la fac, il rencontre Farah, une jeune Tunisienne pleine d’énergie fraîchement débarquée de Tunis. Tout en découvrant un corpus de littérature arabe sensuelle et érotique dont il ne soupçonnait pas l’existence, Ahmed tombe très amoureux de cette fille, et bien que littéralement submergé par le désir, il va tenter d’y résister.




Critique :


On peut - déjà - ressentir une sorte de douce continuité au sein de la filmographie naissante de la réalisatrice et scénariste tunisienne Leyla Bouzid, dont le second long-métrage, Une histoire d'amour et de désir, répond sur certains points à son premier effort À peine j'ouvre les yeux.
À ceci près que celui-ci embrasse pleinement les contours d'un récit initiatique - ou le titre prend pleinement son sens - narrant avec délicatesse l'éveil aussi bien au sentiment amoureux qu'au désir et à la sexualité, d'un jeune adulescent algérien en lutte avec ses propres sentiments et envies.
Soit Ahmed, un jeune homme réservé vivant en banlieue, et étudiant en première année à la faculté de lettres de la Sorbonne, qui voit son quotidien gentiment bouleversé lorsqu'il rencontre Farah, une étudiante d'origine tunisienne qui vient tout juste d'arriver en France.
Leur attirance est aussi immédiate que mutuelle, mais si Farah souhaite concrétiser la relation de façon charnelle, elle qui a de l'expérience, en revanche, Ahmed lui, résiste et retient son bouillonnement intérieur...

Copyright Pyramide Distribution

Il y a quelque chose de joliment rafraîchissant dans cette inversion intelligente des codes du genre - même s'il reste sensiblement vissé du point de vue masculin - orchestré par Leyla Bouzid, faisant du personnage féminin celle qui est libérée, qui admet pleinement son désir et est prête à l'embrasser sans la moindre complication, là où c'est le garçon qui est paralysé par sa propre attirance, celui qui faut courtiser et même sexualiser.
Est-ce que le véritable amour surgit lorsque le désir est assouvi et la relation concrétisée... ou bien disparait-il une fois que l'union physique est actée ?
Dans cette exploration délicate de la sexualité adolescente et de la quête identitaire de mômes entrant pleinement dans l'âge adulte, rappelant parfois la série Normal People mais avant tout et surtout le cinéma d'Abdellatif Kechiche, la cinéaste tisse la petite histoire intime de deux âmes contraires qui se découvrent par la force de la lecture et de l’écriture de la littérature érotique arabe; au sein d'une plus grande mais pas moins universelle, confrontation/choc des cultures entre celles algériennes et tunisiennes (avec un vrai regard sur la virilité dans le monde arabe), au sein d'un cadre - français - qui ne peut que renforcer leurs différences (elle est libre et moderne, lui est fier, arrogant et engoncé dans un esprit traditionnel; elle est impétueuse et impatiente, il est réservé et timide), mais ne fera finalement que nourrir leur envie de découverte - et pas seulement de l'autre.

Copyright Pyramide Distribution

Mise en images d'un empathique conflit interne entre appréhension de l'inconnue (comme de soi) et désir sincère d'abandon (ou le plus grand ennemi que l'on puisse avoir reste soi-même), prenant lentement mais sûrement le pli d'un récit d'émancipation sensuel et charnel ou le désir physique épouse sans réserve les battements vibrants et passionnés des coeurs, ou les regards et les silences ont autant d'importances que la beauté des proses; Une histoire d'amour et de désir est un frais - même si peu original - et langoureux teen movie au naturel désarmant, un éveil des sens sobre et modeste dominé par un superbe tandem Zbeida Belhajamor et Sami Outalbali.
Une vraie merveille.


Jonathan Chevrier


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