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[CRITIQUE] : Ce qui reste


Réalisatrice : Anne Zohra Berrached
Acteurs : Canan Kir, Roger Azar, Özay Fecht,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Allemand, Français.
Durée : 1h59min.

Synopsis :
Quand Asli, brillante étudiante en médecine, rencontre le charismatique Saeed au milieu des années 90, c’est le coup de foudre. Ils se marient, et Asli promet à Saeed de lui être fidèle et de ne jamais dévoiler ses secrets. Leur avenir semble radieux, mais à l’approche du vingt-et-unième siècle, Saeed prend une décision qui va non seulement briser les rêves d’Asli, mais faire trembler le monde entier.



Critique :


La talentueuse cinéaste allemande Anne Zohra Berrached a su bâtir jusqu'à présent, sa jeune - mais prometteuse - carrière sur le thème fascinant de l'amour sous pression et mis à l'épreuve par la vie : que ce soit via le quotidien d'un couple de lesbiennes qui désire un enfant et s'engage dans des conflits presque insolubles pour arriver à leur fin (Deux Mères) ou les tiraillements d'un autre, confronté à la possibilité de garder ou de procédé à l'avortement tardif de leur bébé de six mois, annoncé handicapé (24 semaines).
Dans la même veine d'arpenter des sujets peu abordés, mais peut-être avec une envie de prendre résolument plus de risque cette fois, elle s'attache avec Ce qui reste, son troisième effort, aux aléas d'un mariage aussi passionné qu'en dent de scie, confronté autant à la douleur de l'absence qu'à un vrai début de radicalisation.

Copyright Neue Visionen Filmverleih

Démarrant comme une chronique romantico-légère - voire même intimement sensuel - sur un coup de foudre partagé et ravageur, entre deux jeunes âmes, Aslid, une jeune fille d’origine turque et Saeed, un immigré arabe libanais (venu en Allemagne pour échapper à la guerre, et qui apparaît de prime abord comme le plus libéral du couple), dont les différences culturelles et religieuses sont déjà des sources de conflits (pas tant pour eux que pour leurs familles respectives); le film glisse peu à peu vers le recit à suspens haletant - aux omissions volontaires -, sondant avec sincérité et sensibilité la toxicité de l'aveuglement amoureux, aux contradictions complexes mais humaines (l'obstination et l'incapacité, physique et psychologique, de se défaire d'une relation, aussi mauvaise soit-elle), tout en étant totalement tourné vers le personnage d'Aslid, que le scénario place - avec bienveillance - autant face à ses contradictions que ses responsabilités.
Un drame percutent, pertinent et émouvant sur l'immobilité impénétrable d'une femme face à la transformation lente mais radicale de son mari, mise en scène avec délicatesse et justesse, tout en étant superbement incarné par le tandem Canan Kir/Roger Azar, aussi authentiques qu'impliqués.


Jonathan Chevrier


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