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[CRITIQUE] : Free Guy


Réalisateur : Shawn Levy
Acteurs : Ryan Reynolds, Jodie Comer, Taika Waititi, Lil Rel Howery, Joe Keery, Channing Tatum,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Comédie, Action, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
Un employé de banque, découvrant un jour qu’il n’est en fait qu’un personnage d’arrière-plan dans un jeu vidéo en ligne, décide de devenir le héros de sa propre histoire, quitte à la réécrire. Evoluant désormais dans un monde qui ne connaît pas de limites, il va tout mettre en œuvre pour le sauver à sa manière, avant qu’il ne soit trop tard…



Critique :


On pouvait facilement avancer - plus ou moins à juste titre - dès sa bande annonce, que le manque d'originalité apparent (au moins autant proportionnel au potentiel gros plaisir régressif qu'il semblait incarner) de Free Guy, le catapulterait sans trop forcer dans la catégorie des blockbusters génériques qu'Hollywood produit aveuglément à la chaîne.
Un jugement d'apparence qui, paradoxalement, est aussi malhonnête que partiellement juste, même si dès ses prémisses, le film de Shawn Levy déplace l'importance du récit, au même titre que La Grande Aventure Lego de Phil Lord et Chris Miller, sur un personnage générique et mineur - littéralement un PNJ (personnage non-joueur); une façon de raconter une histoire connue - ici un jeu vidéo populaire - mais d'une manière totalement différente.

Copyright Disney

Soit celle de Guy, un employé de banque insouciant et jovial, qui ignore parfaitement que son seul but dans le monde numérique de Free City (sorte de rip-off de San Andreas et Vice City réunies, shootés aux décors pop et colorés de Fortnite) est de se coucher sur le sol lorsque des braqueurs de banque - avatars des joueurs du monde réel -, entrent par effraction et commencent à tirer sur tout ce qui bouge.
Il se réveille si heureux chaque matin qu'il pourrait presque chanter « Everything is Awesome », que cela ne dénoterait pas du cadre : il est heureux parce qu'il ne sait pas qu'il y a une autre façon d'être, et chacune de ses journées ne sont que le calque de la précédente, encore et encore.
Mais un jour, tout bascule avec l'arrivée dans sa vie de LA fille, MolotovGirl, l'avatar badass de Millie, une joueuse et programmeuse dont le but dans le jeu n'est pas d'accumuler les points, mais bien de trouver la preuve qu'Antwan, le vif boss de la société de jeux vidéo effrontément nommée Soonami, a volé un code qu'elle avait développé pour un jeu différent, avec Keys qui travaille désormais pour Soonami.
Dès lors, Guy découvre la nature artificielle de son existence, prend conscience de lui-même et, ce faisant, embrasse enfin un vrai rôle et perturbe de plus en plus le jeu, avec sa rébellion de gentilhomme...

Copyright Disney

Quête existentielle rebattue mais pas moins touchante et prenante puisque bâtie sur l'autel de l'humour décalé aux changements de tons étonnamment maîtrisés, au coeur d'un chaos - faussement - désorganisé et arbitraire, Free Guy n'a beau ne jamais totalement péter dans la soie de l'originalité, son enthousiasme authentique et sa propension à intelligemment digérer ses références (caméos géniaux à la clé) autant que de baigner dans une compréhension accrue de la pop culture moderne, en fond un divertissement méta et trivial qui réussit pleinement là où le tout récent Space Jam : Une Nouvelle Ère, s'est littéralement ramassé la tronche.
S'inscrivant comme un héritier direct de The LEGO Movie, Ready Player One - Zak Penn au scénario - et même de The Truman Show (le concept de réveil d'un homme face à l'artificialité de son monde, conçu pour divertir un public), férocement calibré tout en n'étant pas uniquement tributaire de ces nombreux clins d'oeil; le film, non sans un cynisme délectable (voir les petits développeurs vaincrent la grosse major qui a voulu les croquer tout cru, c'est assez couillu venant d'une prod estampillée Disney), est un joli trip jubilatoire qui ne se refuse rien ou presque - pas même quelques facilités scénaristiques - pour divertir son auditoire.

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Pas même la partition gentiment ironique et consciente de Ryan Reynolds, rompu à l'exercice depuis Deadpool, qui vient compenser celle plus timide de Jodie Comer mais surtout le cabotinage extrême de Taika Waititi - à la limite de l'irritant.
S'il aurait sans doute gagné à dire Game Over un poil plus tôt, Free Guy s'inscrit dans la plus pure tradition des blockbuster estivale décomplexés, absurdes et jouissifs, tout en se payant le luxe d'être joliment dans l'air du temps via les thématiques qu'il brasse.
Ne boudons absolument pas notre plaisir, les grosses machines US ne sont pas toutes aussi réussites ni feel good en cette saison passablement tronquée...


Jonathan Chevrier