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[CRITIQUE] : La Chapelle du Diable


Réalisateur : Evan Spiliotopoulos
Acteurs : Jeffrey Dean Morgan, Katie Aselton, William Sadler, Cricket Brown,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Un journaliste discrédité tente d'insuffler un second élan à sa carrière après avoir découvert que de nombreux miracles ont eu lieu dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Ces mystères relèvent-ils du divin ou peut-être d'une source plus sombre ?



Critique :


Après plusieurs mois de fermeture des salles, les gens, à une heure ou une quatrième vague pointe douloureusement le bout de son nez, ont besoin d'un semblant de retour à la normal et force est d'avouer que pour tout spectateur avide de sorties, cela signifie devoir se fader des productions foireuses laissés longtemps dans les cartons, mais que l'on ne se résout pas pour autant à bazarder dans l'anonymat d'un catalogue VOD.
En ce sens, il y a quelque chose de fascinant à regarder Sony Pictures jeter un film d'horreur aussi médiocre que le premier long du scénariste Evan Spiliotopoulos, The Unholy - La Chapelle du Diable par chez nous -, au moment même où tous les yeux cinéphiles ou presque, sont rivés sur Cannes et sa riche sélection; tel un vulgaire mégot dont on ne saurait pu quoi faire - avec une jolie grille d'une centaine de salles, tout de même -, mais qui, potentiellement par miracle (cela parle religion en plus, doux hasard), pourrait nous rapporter quelque chose d'autre qu'un petit flot de critiques négatives.

Copyright 2021 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH

Adaptation du roman Sanctuaire du célèbre auteur horrifique britannique James Herbert, on y suit les aléas de Gerry Fenn (Jeffrey " Fucking " Dean Morgan, toujours trop bon pour les films dans lesquels il choisit de jouer) a un rapport un poil délicat avec la vérité.
Autrefois une étoile montante du journalisme, le bonhomme a tout perdu lorsque l'on a découvert qu'il avait inventé plusieurs éléments de ses histoires les plus populaires, soi-disant inspirées de faits réels.
Désormais, il parcourt la campagne en écrivant des articles sur les enlèvements extraterrestres et les rituels sataniques pour n'importe quel blog qui voudrait bien rétribuer sa plume.
Ainsi, lorsqu'il rencontre de manière fortuite Alice, une adolescente qui prétend parler à la Vierge Marie et réalise de vrais miracles dans sa communauté rurale, il est prêt à regarder au-delà des quelques présages dangereux qui clignotent devant sa pomme, pour concrétiser son rêve de come-back...
Sans trop cracher dans le bol de soupe, le premier tiers de The Unholy a au moins pour lui la jolie faculté d'instaurer une vraie ambiance intrigante avec ses miracles improbables, d'autant plus qu'il s'avère même plutôt pertinent lorsqu'il s'éloigne de ses penchants horrifiques pour aller questionner le pendant religieux de son récit (notamment les institutions qui ont tout intérêt à prouver la véracité des miracles d'Alice), en arpentant le chemin rafraîchissant du traitement des miracles comme des phénomènes socio-économiques (en gros, des événements savamment orchestrés qui renforceraient la réputation de l'Église catholique parmi les non-croyants, et génèreraient ainsi des millions de dollars de revenus touristiques).

Copyright 2021 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH

Dommage que ce regard ne pèse pas lourd dans la balance, tant le script de Spiliotopoulos délaisse gentiment ses facteurs alléchants (alors que son cadre, la Nouvelle-Angleterre, convoquait justement un passé de fanatisme et de violences religieuses avérées) pour laisser libre court aux pires instincts de " l'horreur religieuse " chère à la saga Conjuring - on est véritablement dans la veine empoisonnée de La Nonne -, dans une jolie énumération de tout ce qu'il ne faut pas faire pour divertir : un spectre menaçant sans background et cantonné à des apparitions ridicules (des secousses indulgentes mais jamais effrayantes), une violence hors champ, des éléments importants de l'intrigue bazardés à l'arrache dans des dialogues amorphes, inertie psychologique et émotionnelle,...
Uniquement sauvé par ses acteurs (Jeffrey Dean Morgan et William Sadler répondent toujours présents, Cricket Brown est une belle découverte), qui entretiennent l'illusion que le film est un divertissement horrifique compétent, bien plus longtemps qu'il ne le mérite; La Chapelle du Diable est un récit de possession démoniaque dramatiquement confus, laborieusement rythmé et incohérent, qui ne tire jamais parti de son paysage folklorique sporadiquement intéressant, ni même de ses pistes narratives prenantes.
Shame, avec un peu d'effort, de subtilité et d'implication, il était à quelques " je vous salue Marie " d'une vraie réussite horrifique.


Jonathan Chevrier



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