[CRITIQUE] : Seize Printemps
Réalisatrice : Suzanne Lindon
Acteurs : Suzanne Lindon, Arnaud Valois, Florence Viala, Rebecca Marder,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h14min.
Synopsis :
Suzanne a seize ans. Elle s’ennuie avec les gens de son âge. Tous les jours pour aller au lycée, elle passe devant un théâtre. Elle y rencontre un homme plus vieux qu’elle qui devient son obsession. Grâce à leur différence d’âge, ils pensent ne plus s’ennuyer ensemble et tombent amoureux. Mais Suzanne sent qu’elle risque de passer à côté de sa vie, celle de ses seize ans qu’elle avait tant de mal à vivre comme les autres.
Critique :
Force est d'avouer qu'il y a un petit " je-ne-sais quoi " profondément charmant et irritant à la fois, mais qui inspire intimement un certain respect à la vision du premier long-métrage de Suzanne Lindon, Seize Printemps.
Sans doute peut-être, parce qu'il est rare de voir des efforts aussi personnels pour des baptêmes du feu, mais avant tout parce qu'elle l'a bâti par sa propre volonté, du scénario débuté du haut de ses quinze ans (ce qui confère dès lors une blessure face aux affres de l'adolescence encore plus authentique, même si de facto dénué d'universalité puisque vissée sur sa condition plus que privilégiée), à sa mise en scène quatre ans plus tard, quelle devait chapeauter tout en étant le rôle-titre de ce qui est, clairement, l'un des plus ambitieux teen movie de récente memoire, produit par le cinéma hexagonal - avec À l'Abordage, bien plus empathique et enlevé.
Portrait dépouillé du ressentiment d'une adolescente envers son statut de vilain petit canard qui peine à s'intégrer (et dont l'arrogance défensive peut se voir comme une preuve, ou non, de sa peine à ne pas y arriver), et de la façon pétillante qu'elle peut avoir de s'imaginer d'être intellectuellement et émotionnellement plus mature que ses petits camarades (un sophisme courant, que nous avons tous un peu pratiquer pour rompre notre solitude), capté aux travers d'une caméra complice qui capture aussi bien toutes ses frustrations que ses éclats d'enthousiasme amoureux alors qu'elle tente de séduire le séduisant comédien qu'est Raphaël, de vingt ans son aîné et qui fréquente un café aux abords de son lycée.
Elle commence à flâner dans ses repaires habituels, et les deux commencent une relation hésitante et confuse, une relation qui est plus que de l'amitié mais pas tout à fait de l'amour, bien que pour Suzanne, cela ressemble réellement à de l'amour.
Lourdement référencé (on pense instinctivement à l'Effrontée - la ressemblance avec Charlotte Gainsbourg en tête -, ou au Manhattan de Allen - dont elle veut rompre le pouvoir insidieux de son regard furieusement masculin, pour finalement faire... la même chose ou presque -, qu'au À Nos Amours de Pialat, dont l'affiche est accrochée dans la chambre de Suzanne, triple résonance puisque Sandrine Bonnaire y campait une adolescente explorant sa sexualité nommée Suzanne, et que l'héroïne de Seize Printemps s'appelle pareil, tout comme sa cinéaste) tout en donnant une vraie impression d'immédiateté dans son approche (après tout, Lindon n'a pas quitté il y a si longtemps l'adolescence), aussi sensible qu'artistiquement hasardeux, Seize Printemps peut se voir autant comme un fantasme naïf d'une enfant pourrie gâtée que comme une sorte de poème lyrique pétri de candeur shooté à la lumière naturelle (superbe photographie de Jérémie Attard) et à la lisière de l'expérimental, ou les danses (qui tente de se marier admirablement avec une mise en scène naturaliste), se font des artifices pas toujours adroits pour exprimer des émotions tacites.
Récit divertissant et suranné (mais point universelle) sur le difficile passage à la vie d'adulte autant que sur la découverte de soi, fixé sans relâche sur un point de vue féminin et évitant quelques clichés inhérents au genre - tout en tombant dans d'autres aussi faciles par la même occasion -, n'hésitant jamais à multiplier les ruptures tonales (dictés par l'évolution des sentiments de Suzanne à propos de son premier vrai amour, ce qui jouera sur le seuil de tolérance de chacun) quitte à parfois décontenancer; ce premier long-métrage est une comédie dramatique mélancolique et vivante, qui peut s'avérer aussi belle à mirer qu'éphémère comme un amour adolescent qu'on ne veut pas forcément garder en mémoire.
Reste à savoir maintenant si c'est un effort isolé plutôt honnête, ou la pierre fondatrice de l'avènement d'une " potentielle " cinéaste à suivre dans le paysage cinématographique hexagonal.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Suzanne Lindon, Arnaud Valois, Florence Viala, Rebecca Marder,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h14min.
Synopsis :
Suzanne a seize ans. Elle s’ennuie avec les gens de son âge. Tous les jours pour aller au lycée, elle passe devant un théâtre. Elle y rencontre un homme plus vieux qu’elle qui devient son obsession. Grâce à leur différence d’âge, ils pensent ne plus s’ennuyer ensemble et tombent amoureux. Mais Suzanne sent qu’elle risque de passer à côté de sa vie, celle de ses seize ans qu’elle avait tant de mal à vivre comme les autres.
Critique :
Coming of age sensible mais lourdement référencé (Manhattan, L'Effrontée, À Nos Amours),#SeizePrintemps est une dramédie aussi mélancolique et vivante qu'irritante, qui peut s'avérer aussi belle à mirer qu'éphémère comme un amour d'ado qu'on ne veut pas vraiment garder en mémoire pic.twitter.com/zzFQiLN20Y
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 11, 2021
Force est d'avouer qu'il y a un petit " je-ne-sais quoi " profondément charmant et irritant à la fois, mais qui inspire intimement un certain respect à la vision du premier long-métrage de Suzanne Lindon, Seize Printemps.
Sans doute peut-être, parce qu'il est rare de voir des efforts aussi personnels pour des baptêmes du feu, mais avant tout parce qu'elle l'a bâti par sa propre volonté, du scénario débuté du haut de ses quinze ans (ce qui confère dès lors une blessure face aux affres de l'adolescence encore plus authentique, même si de facto dénué d'universalité puisque vissée sur sa condition plus que privilégiée), à sa mise en scène quatre ans plus tard, quelle devait chapeauter tout en étant le rôle-titre de ce qui est, clairement, l'un des plus ambitieux teen movie de récente memoire, produit par le cinéma hexagonal - avec À l'Abordage, bien plus empathique et enlevé.
Copyright 2020 Avenue B Productions |
Portrait dépouillé du ressentiment d'une adolescente envers son statut de vilain petit canard qui peine à s'intégrer (et dont l'arrogance défensive peut se voir comme une preuve, ou non, de sa peine à ne pas y arriver), et de la façon pétillante qu'elle peut avoir de s'imaginer d'être intellectuellement et émotionnellement plus mature que ses petits camarades (un sophisme courant, que nous avons tous un peu pratiquer pour rompre notre solitude), capté aux travers d'une caméra complice qui capture aussi bien toutes ses frustrations que ses éclats d'enthousiasme amoureux alors qu'elle tente de séduire le séduisant comédien qu'est Raphaël, de vingt ans son aîné et qui fréquente un café aux abords de son lycée.
Elle commence à flâner dans ses repaires habituels, et les deux commencent une relation hésitante et confuse, une relation qui est plus que de l'amitié mais pas tout à fait de l'amour, bien que pour Suzanne, cela ressemble réellement à de l'amour.
Copyright 2020 Avenue B Productions |
Lourdement référencé (on pense instinctivement à l'Effrontée - la ressemblance avec Charlotte Gainsbourg en tête -, ou au Manhattan de Allen - dont elle veut rompre le pouvoir insidieux de son regard furieusement masculin, pour finalement faire... la même chose ou presque -, qu'au À Nos Amours de Pialat, dont l'affiche est accrochée dans la chambre de Suzanne, triple résonance puisque Sandrine Bonnaire y campait une adolescente explorant sa sexualité nommée Suzanne, et que l'héroïne de Seize Printemps s'appelle pareil, tout comme sa cinéaste) tout en donnant une vraie impression d'immédiateté dans son approche (après tout, Lindon n'a pas quitté il y a si longtemps l'adolescence), aussi sensible qu'artistiquement hasardeux, Seize Printemps peut se voir autant comme un fantasme naïf d'une enfant pourrie gâtée que comme une sorte de poème lyrique pétri de candeur shooté à la lumière naturelle (superbe photographie de Jérémie Attard) et à la lisière de l'expérimental, ou les danses (qui tente de se marier admirablement avec une mise en scène naturaliste), se font des artifices pas toujours adroits pour exprimer des émotions tacites.
Copyright 2020 Avenue B Productions |
Récit divertissant et suranné (mais point universelle) sur le difficile passage à la vie d'adulte autant que sur la découverte de soi, fixé sans relâche sur un point de vue féminin et évitant quelques clichés inhérents au genre - tout en tombant dans d'autres aussi faciles par la même occasion -, n'hésitant jamais à multiplier les ruptures tonales (dictés par l'évolution des sentiments de Suzanne à propos de son premier vrai amour, ce qui jouera sur le seuil de tolérance de chacun) quitte à parfois décontenancer; ce premier long-métrage est une comédie dramatique mélancolique et vivante, qui peut s'avérer aussi belle à mirer qu'éphémère comme un amour adolescent qu'on ne veut pas forcément garder en mémoire.
Reste à savoir maintenant si c'est un effort isolé plutôt honnête, ou la pierre fondatrice de l'avènement d'une " potentielle " cinéaste à suivre dans le paysage cinématographique hexagonal.
Jonathan Chevrier