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[CRITIQUE] : Persona Non Grata

Réalisatrice : Lisa Jespersen
Acteurs : Rosalinde Mynster, Bodil Jørgensen, Jens Jørn Spottag, Adam lld Rohweder, Anne Sophie Wanstrup, ...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Danois
Durée : 1h30min

Synopsis :
Laura, jeune romancière, revient dans la ferme familiale, des années après l'avoir quittée. Elle va assister au mariage de son frère avec la fille qui l'a harcelée pendant toute son enfance.


Critique :


La campagne est souvent un lieu idyllique pour se retrouver au cinéma. Dans les comédies romantiques, on y trouve l’amour. Dans les comédies on y trouve une famille, toujours en décalage, là où se niche les scènes humoristiques. Pour son premier long métrage, la réalisatrice danoise Lisa Jespersen emmène son personnage principal vers une réconciliation. Une réconciliation de son passé, de son milieu social, de sa famille qu’elle a quitté dès ses dix-sept ans pour y trouver une nouvelle famille dans la capitale. La Persona Non Grata du titre est Irina (anciennement Laura), l'héroïne du film interprétée par Rosalinde Mynster. Revenant dans son Jutland natal pour le mariage de son frère, elle va devoir faire face à celle qui a fait de ses années lycée un enfer. Présenté au festival de Rotterdam, dans la section Harbour, le métrage danois se veut une véritable comédie dramatique, dans la pure veine des films familiaux où un mariage devient source de conflits et de situations cocasses.

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Il n’existe pas de “Danemark rural” nous annonce une voix dès les premières secondes. Invitée sur un plateau de télévision pour parler de son premier livre publié, Irina s’épanche sur son enfance difficile dans un milieu rural précaire. Mais le présentateur est presque dans la négation de son vécu pour entrer dans un débat plus spirituel du “chez-soi”. Pourtant nous sentons un mal-être chez l’héroïne, quelque chose de profondément enfoui qu’elle a voulu théoriser dans son ouvrage. C’est presque la boule au ventre qu’elle va à la rencontre de sa mère à la gare de son petit village natal. Irina n’est pas revenue depuis un long moment, comprend-on rapidement. Maquillée, les cheveux courts à la “garçonne” comme lui fait remarquer sa mère, elle détonne dans ce milieu agricole. Ses vêtements sont trop recherchés, ses idéaux sont toujours en décalage avec les pensées de sa famille. L’atmosphère est tendue et ne consentira jamais à redescendre. Il y a un profond rejet du passé chez Irina, qui a même changé de nom pour jeter un trait sur son ancienne identité. Mais le passé revient à la charge dès qu’elle rencontre la future épouse de son frère, Catrine, son harceleuse du lycée. À partir de ce moment, la tension explose. Persuadée qu’elle n’a pas changé, Irina veut la confondre à tout prix. De son côté, Catrine a réussi à s’intégrer parfaitement dans sa belle-famille et révèle un esprit de compétition quand il est question de la cérémonie du mariage. Tout doit être parfait.

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Persona Non Grata ne se départit pas d’un point de vue assez classique sur le rapport ville-campagne. Le milieu rural est réactionnaire, rejette tout mode de vie hors des normes, à l’image de ces parents horrifiés de voir leur fille devenue vegan. Pourtant, dans cette dichotomie, la ville en prend également pour son grade. Le milieu élitiste-bobo dans lequel Irina évolue engendre tout autant de réactions disproportionnées, à l’image de Benjamin, le petit-ami d’Irina, attaqué dans son égo de mâle viril parce qu’il n’a pas su soulever une roue de charrette pendant les préparatifs du mariage. Ces stéréotypes ne vont jamais loin cependant et entretiennent un propos éculé d’un côté ou de l’autre. Il est aussi difficile de ressentir la moindre empathie pour cette galerie de personnages. Irina se révèle auto-centrée, prenant très mal de ne pas être le centre d’un monde qu’elle rejette aussi violemment. Les personnages secondaires sont tout aussi détestables dans cette comédie où la famille passe au vitriol. On regrette que Lisa Jespersen ne creuse pas plus le côté antipathique de ses personnages dans sa narration, qui aurait sauvé Persona Non Grata de son côté léger, vite oubliable. Le premier long métrage de Lisa Jespersen se révèle très sage, malgré une cérémonie de mariage grinçante à souhait.


Laura Enjolvy

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