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[CRITIQUE] : Vers la Bataille

Réalisateur : Aurélien Vernhes-Lermusiaux
Avec : Malik Zidi, Leynar Gomez, Thomas Chabrol,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Aventure, Western, Drame.
Nationalité : Français, Colombien.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Vers 1860, Louis, un photographe, réussit à convaincre un général de l’armée française de l’envoyer au Mexique pour prendre des clichés de la guerre coloniale qui y fait rage. Sur place, perdu entre les lignes, toujours à contretemps, Louis est incapable de trouver les combats et de prendre le moindre cliché.
Sa rencontre avec Pinto un paysan mexicain auquel il va lier son destin, va le conduire à découvrir, non la gloire et l’argent, mais un moyen d’affronter les fantômes de son passé.


Critique :


Gageons qu'il y a un peu de Werner Herzog (Aguirre, La Colère de Dieu) dans ce premier passage derrière la caméra d'Aurélien Vernhes-Lermusiaux, qu'incarne le très ambitieux Vers la Bataille, la péloche étant résolument de la trempe de ces baptêmes du feu ambitieux comme le cinéma hexagonal n'en compte que trop peu, mais qui peuvent être de ces graines inspiratrices que l'on sème pour un avenir créatif plus radieux.
Vraie bande d'aventure logée entre le récit d'aventure philosophico-initiatique, et l'odyssée westernienne et historique (plus directement, le film s'attache à l'expédition française menée au Mexique par Napoléon III jusqu'en 1867, une intervention militaire qui s'est soldée par un cuisant échec pour le Second Empire), dont l'ouverture aussi tragique qu'énigmatique met subtilement son auditoire dans l'ambiance; le film est une véritable invitation au coeur d'une épopée minimaliste et humaniste à part, sur la reconstruction d'un homme littéralement à la recherche de lui-même.

Copyright Noodles Production

Imprimant chaque parcelle de sa pellicule tel un photographe à la méticulosité presque maladive, prêtant attention au moindre détail qui parsème son cadre, de véritables peintures que le rythme languissant - mais un poil en dent de scie - du récit (agrémenté de longs plans séquences souvent mutiques) permet d'admirer à sa juste valeur, contemplatif tout en étant jamais poseur pour autant; Vers la Bataille pourrait presque se voir comme un songe romanesque et mystique, telle une histoire infernale mais dépouillée ou son héros (le trop rare Malik Zidi, fragile et tout en retenue) s'en va enchaîner et s'infliger moultes épreuves pour se faire le témoin de l'absurdité de la guerre, tout en menant dans le même temps, sa propre guerre intérieur au sein de terres sacrées ou sa perte de sens et de repères n'est qu'un vertige de plus à endurer.
Si le pendant historique de son intrigue ne l'intéresse in fine pas plus que cela (ce qui ne l'empêche pas pour autant de pointer les dérives abjects du colonialisme), et qu'il se laisse parfois aller à quelques facilités scénaristiques un poil irritante, Vernhes-Lermusiaux fait de l'art (la photographie à l'écran, le septième art dans la réalité) une arme puissante et essentielle, et de son premier essai (qui n'a rien d'un galop d'essai vu l'assurance qui l'habite) une expérience visuelle et sensorielle joliment désenchantée.
Une invitation hypnotique et étonnante difficile à refuser, qui pourrait bien être la pierre fondatrice de l'un des grands cinéastes français de demain.


Jonathan Chevrier

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