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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #118. Oscar

Copyright Touchstone Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



#118. L'embrouille est dans le sac de John Landis (1991)

Les 90's n'ont pas fait du bien à tous les héros du cinéma béni des années 80, surtout à Sylvester Stallone qui dans sa rivalité " box-officesque " avec Schwarzenegger, à lui aussi voulu arpenter, à tort et surtout aveuglément, le terrain sinueux de la comédie populaire, avec le manque de réussite criant et le ridicule maousse costaud que l'on connaît aujourd'hui.
Résolument plus défendable que la panouille légendaire qu'incarne le ridicule Arrête ou ma mère va tirer ! de Roger Spottiswoode, sans forcément casser trois pattes à un canard unijambiste, Oscar - le mal-titré L'embrouille est dans le sac par chez nous - d'un John Landis déjà sur la pente descendante (le laborieux Le Flic de Beverly Hills 3 viendra définitivement acter la perte de son mojo deux ans plus tard), seconde adaptation (libre cette fois) de la pièce éponyme de Claude Magnier - après la comédie d'Édouard Molinaro de 1967 avec notre Louis de Funès national -; méritait même presque d'être revu à la hausse ou tout du moins, loin des ornières pleine de préjugés qui pouvait accompagner les tentatives humoristiques de Sly (qui récupérait ici un rôle laissé vacant par Al Pacino, parti tourné Dick Tracy pour Warren Beatty).

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Flanqué au coeur du microcosme criminel du New York des années 30 (soit en pleine Grande Dépressio, l'histoire, pur vaudeville sur un gansgter reconverti en honnête banquier qui peine a abandonné ses habitudes passées, suit donc d'Angelo « Snaps » Provolone, qui promet à son père mourant (un Kirk Douglas on fire dans une introduction hilarante) de se ranger et de rentrer dans le droit chemin.
Le hic, c'est que tout son entourage va gentiment le dissuader de jouer la carte de la sagesse lors d'une journée de folie, à commencer par sa fille proprement insupportable (Marisa Tomei, craquante mais au jeu trop théâtral), mais aussi ses sbires tous plus incompétents les uns que les autres...
Démarrant tambour battant pour ne plus jamais s'arrêter - quitte à épuiser, comme le film de Molinaro au fond -, Oscar sauce américaine (avec la débauche de moyens dans les décors et les costumes qui va avec) est une épopée bordélique à la lisière du huis clos, plutôt drôle grâce à l'abattage sincère de son casting exceptionnel, qui tranche sa prévisibilité certaine avec une série de quiproquos et de situations burlesques plutôt bien amenées, à défaut d'être totalement réussites.
Contre toute attente, Stallone, s'il ne tient logiquement pas la dragée haute avec la vedette de la saga des Gendarmes (qui le peut en même temps ?), s'en sort avec les honneurs, son timing comique étant plutôt solide, notamment dans son duo cocasse avec son bodyguard demeuré campé par le génial Chazz Palminteri (qui vole le show, comme Tim Curry, parfait en prof de diction flegmatique); sorte de gros poisson pas totalement hors de l'eau (son inconfort avec la comédie lui donne justement la distance parfaite pour appréhender le personnage de Snaps) laissant transparaître l'idée, comme dans ses bons buddy movies, que bien encadré, il avait de belles choses à dire dans le giron de la comédie - si tenté bien sur que son public acceptait cette idée.

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Souffrant - évidemment - de la comparaison avec son illustre aîné même s'il en offre de vrais changements notables (et une distribution globalement plus convaincante) tout en étant volontairement grotesque et cartoonesque (mais pas vulgaire ou trashouille, rare à l'époque pour Landis), Oscar fonctionne comme une farce qui n'en est pas vraiment une, tout autant qu'un retour nostalgique aux films de gangsters comico-loufoques des 30s (avec une partition ludique d'Elmer Bernstein comme cerise sur le gâteau).
C'est peut-être un peu maigre au final certes, mais on a connu une pluie de remakes/adaptations US montrer avec moins de gêne, la vacuité et le cynisme de la machine Hollywoodienne...


Jonathan Chevrier