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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #54. Doomsday

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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


#54. Doomsday de Neil Marshall (2008)

C'est assez fou, voire même assez tragique au fond, de voir comment un cinéaste tel que Neil Marshall, est devenu selon l'avis général - ce qui n'en fait évidemment pas pour autant une vérité indiscutable - le plus gros des tâcherons en l'espace d'une seule et unique péloche : Hellboy sauce 2019, gros nanar friqué qui n'arrive même pas au plus bas de la cheville du diptyque de Guillermo Del Toro, à qui on aurait pu/dû laisser clore sa trilogie.
Il n'en reste pas moins un solide faiseur et un véritable amoureux du cinéma de genre, qui à défaut d'être un bon grammarien du septième art, avait su joliment replacer sur la carte du fantastico-horrifique, sans forcément avoir une grammaire cinématographique férocement dense, le film de loup-garou bricolé et jouissif - Dog Soldiers -, et le survival viscéral dans les entrailles de dame nature - le bouillant The Descent -, avant de gentiment se perdre avec des péloches sincèrement bis mais croulant bien trop autant sous leurs défauts que leurs multiples références pas toujours bien digérées.

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Des bandes comme Doomsday, trip nostalgique certes maladroit sur de nombreux points mais qui mérite pourtant, comme peu de péloches sur ses vingt dernières années, son étiquette de bisserie à fort relan rital tout droit sortie des 80's.
Vraie ode débrouillarde et couillue au post-nuke gentiment enlacée entre Mad Max 2 de Miller et New York 1997 de Carpenter, le film catapulte son intrigue au coeur d'une Écosse post-années 2000 (en 2008) ravagée par un virus mortel qui décime littéralement la population.
Pour contenir la menace, le gouvernement britannique décide d'ériger le mur d'Hadrien (ou plutôt de le faire renaître, 1900 ans plus tard, comme une frontière symbolique entre l'Angleterre et l'Écosse déjà édifiée par l'empereur Hadrien... d'où le nom), qui met irrémédiablement le pays en quarantaine, laissant tout juste le temps à une mère de confier sa jeune fille a des soldats anglais avant quelle ne soit condamnés dans ce no man's land terrifiant.
Trente ans plus tard, alors que le gouvernement pensait en avoir fini avec cette saloperie - ils ont d'ailleurs cachés au reste de la population britannique, l'existence des survivants -, le virus ressurgit au-delà du mur et au coeur de Londres, les obligeant à envoyer dans ce qu'il reste de l'Écosse, un commando d'élite pour déceler un potentiel vaccin auprès des survivants.
Dit commando mené par Eden Sinclair, la petite fille sauvée par les soldats, et devenue une véritable arme absolue...

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Posant avec puissance les bases d'une histoire qu'il chérit depuis des lustres, en l'espace d'une seule petite bobine (une ambiance post-apocalyptique palpable et gentiment gore), avant de se laisser aller avec quelques idées bien barrées (de l'oeil de verre de Sinclair aux barbecues cannibales des survivants punks) et un ton alternant cynisme et violence crue, Doomsday à une générosité aveugle qui ne se refuse rien (des envolées brutales avec des chevaliers en armures, une course-poursuite finale Mad Max-esque,...), pas même un constat politique bien saignant (un portrait au vitriol des élites politiques britanniques), mais il pêche malheureusement dans ce qu'il y a de plus vital dans tout B movie qui se respecte : croquer des personnages si ce n'est attachants, au moins un tant soit peu plaisant à suivre.
Ne tirant jamais vraiment parti de son potentiel Shakespearien (que ce soit son retour sur ses terres natales de l'héroïne ou le conflit familial entre le chef des cannibales Sol, et son empereur de père Kane, régnant sur le monde médiéval), ni ne donnant jamais plus de substance à Sinclair autre qu'un statut de Snake Plissken au féminin (malgré la prestation charismatique et bestiale de Rhona " Fucking " Mitra), Marshall se perd aussi dans ce qui est le défaut élémentaire de toute bande nostalgique donnant un gros coup de rétroviseur vers le passé : oublier qu'une abondance de références, même bien amenées, ne vaudront jamais une histoire solide et cohérente.

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S'il est indéniable que tout amateur nostalgique sera flatté par cette accumulation folle de clins d'oeil et une imagerie bis savoureusement déglinguée (puisque elle-même l'oeuvre d'un fanboy absolu, de la photo crepusculaire aux décors naturels et grandioses, en passant par un humour destroy faisant partiellement mouche), le vrai cinéphile ne pourra que reconnaître la vacuité souvent frustrante de l'intrigue, à laquelle se greffe un surdécoupage irritant rendant toutes les scènes d'action quasiment illlsibles et une sensation tenace que Marshall n'a jamais réellement pu faire le film dont il rêvait (que ce soit pour une question de budget ou même de vision).
Il n'empêche que sous ses défauts tenaces, Doomsday convoque le plaisir régressif d'une époque folle ou les bandes décérébrées et honnêtes même si profondément perfectibles, squattaient abondamment dans les vidéo-clubs.
Définitivement pas l'oeuvre d'un gros tâcheron donc.


Jonathan Chevrier