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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #124. Semaine du 21 au 27 février




Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.


Semaine du 21 Fevrier au 27 Fevrier



Dimanche 21 Février. Première Année de Thomas Lilti sur France 2.

Antoine entame sa première année de médecine pour la troisième fois. Benjamin arrive directement du lycée, mais il réalise rapidement que cette année ne sera pas une promenade de santé. Dans un environnement compétitif violent, avec des journées de cours ardues et des nuits dédiées aux révisions plutôt qu’à la fête, les deux étudiants devront s’acharner et trouver un juste équilibre entre les épreuves d’aujourd’hui et les espérances de demain.

L’une des choses fascinantes chez Thomas Lilti, c’est la manière dont il se sert de son passé de médecin généraliste pour ausculter notre système médical. Première Année ne fait pas exception, et se voit, encore une fois, nourrit des expériences de son auteur qui, au travers d’une approche quasi documentaire tient à faire émerger un vrai objet de cinéma. Avec de doubles parcours, celui de Benjamin dont le milieu social ne l’a jamais poussé à se dépasser; et celui d’Antoine qui issu d’une classe moyenne n’a eu de cesse de se battre, l’œuvre met en valeur toutes les failles du système secondaire. Lilti filme cette première année de médecine comme un cycle de machine à laver et qui laisse des séquelles sur chacun. Mais, toute la force du long-métrage est de parvenir à faire entrer, partout où il le peut de l’humain. Car, au-delà de cette précision quant à son sujet, c’est bel et bien l’amitié qui va lier Antoine et Benjamin qui anime le film, le fait vivre et lui apporte autant d’oxygène que d’émotion.



Lundi 22 Fevrier. Raccrochez, c’est une erreur de Anatole Litvak sur Arte.

Mme Leona Stevenson, invalide, clouée dans sa chambre de malade alors qu’elle tente de joindre son mari, surprend une conversation téléphonique entre deux hommes qui projettent d’assassiner une femme…

A la lecture du synopsis, on pourrait se croire dans Fenetre sur Cour d’Alfred Hitchcock. Sauf qu’ici James Stewart est Barbara Stanwyck et que la fenêtre est un téléphone. Impeccablement mené, Raccrochez, c’est une erreur bénéficie d’un scénario malin, qui, comme les fils d’un combiné téléphonique ne cessent s’enrouler avant que tout le nœud ne se défasse. Afin d’aérer l’histoire, mais aussi de donner les clés à son spectateur, Litvak utilise des flashbacks dont le sens double ne peut s’apprivoiser que lorsqu’on comprend où nous amène le film. C’est cependant là que se niche tout un ban de réflexion du long-métrage, qui tient à évoquer le mariage comme un droit de propriété dans lequel s’accroche une lutte des classes. Ainsi, l’œuvre se pare d’un réel propos dont la saveur n’est pas sans rappeler toute la perfidie Hitchcockienne, le tout splendidement mis en scène afin de laisser sur le coin du front une goutte de sueur.



Jeudi 25 Fevrier. Million Dollar Baby de Clint Eastwood sur Cherie25.

Rejeté depuis longtemps par sa fille, l’entraineur Frankie Dunn s’est replié sur lui-même et vit dans un désert affectif. Le jour où Maggie Fitzgerald, 31 ans, pousse la porte de son gymnase à la recherche d’un coach, elle n’amène pas seulement avec elle sa jeunesse et sa force, mais aussi une histoire jalonnée d’épreuves et une exigence, vitale et urgente : monter sur le ring, entrainé par Frankie, et enfin concrétiser le rêve d’une vie.

Avec Million Dollar Baby, Clint Eastwood vient transcender une histoire qui, mise en d’autres mains, aurait pu n’être qu’un mélodrame sirupeux. En effet, le cinéaste, comme souvent, s’empare d’un genre, ici le film de boxe, dont il épouse les figures et les codes tout en ne cessant d’en redessiner les contours. C’est là toute la force et la beauté du cinéma Eastwoodien, embrasser les paradoxes. Million Dollar Baby est alors une obscure fable où les schémas se disloquent. Le gagnant est perdant, le lucide est orgueilleux, le pieu est athée. Ces chemins sinueux qu’emprunte le cinéaste est autant de moyens pour lui d’arriver à nous, de parvenir à choper le spectateur et à le laisser dévaster par le dernier tiers de son film. Chez Eastwood l’émotion n’est pas frontale, elle se mérite, elle se cache dans l’ombre et nous saute dessus.

Mais aussi... TF1SeriesFilms propose Pan de Joe Wright. Pan est un vrai et beau morceau de cinéma, celui qui est vivifiant, celui qui respire l’inventivité, celui qui parvient à plonger son spectateur dans un univers onirique. Mené tambour battant, le long-métrage offre une aventure ou les influences se chevauchent ; empruntant autant au mythe de Barbe Noire qu’aux romans de Dickens, Wright semble se faire plaisir, comme s’il était parvenu a créer le film qu’il aurait voir étant enfant.


Thibaut Ciavarella

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