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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #109. Predator 2

© 1990 Twentieth Century Fox. All Rights Reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !


#109. Predator 2 de Stephen Hopkins (1990)

À une heure ou la franchise Predator ne ressemble plus vraiment à grand chose, que ce soit du côté de la saga originelle (malgré la bonne volonté de Shane Black) que des spin-off opportunistes et vaseux (coucou Aliens vs Predator), il est de bon ton d'aller lâcher un petit coup de rétroviseur vers le passé et surtout les deux premiers opus : le chef-d'oeuvre absolu de McTiernan, et l'excellente suite follement mésestimée de Stephen Hopkins.
On quitte cette fois-ci la jungle amazonienne pour en trouver une autre - on reste dans sur le même continent - toute aussi poisseuse : une Los Angeles un poil futuriste et totalement à la merci de l'ultraviolence, cuit à point par le réchauffement climatique et littéralement écartelée par une guerre des gangs furieuse et sans pitié.
Soit le terreau parfait (même si pas forcément creuser plus que cela, malgré son potentiel énorme) pour un survival urbain moite et sauvage, mais surtout une zone de chasse mûre et adéquate pour la cueillette humaine d'un tout nouveau Predator novice espérant gagner ses galons de chasseur ultime.

© 1990 Twentieth Century Fox. All Rights Reserved

Loin d'être férocement opportuniste sur le papier (malgré l'absence du tandem de McTiernan/Schwarzenegger, et le fait indéboulonnable que le film original se suffisait à lui-même et n'avait pas fondamentalement besoin d'une suite), cette suite redéfinie aussi bien frontalement le cadre que le rapport de force mâle Alpha vs extraterrestre Alpha du McT, en imposant dans la balance un homme " normal "; un flic badass mais déjà trop vieux pour ses conneries (Danny Glover, dans ce qui est l'un des rares blockbusters porté par un comédien noir, même s'il n'est pas toujours dirigé à bon escient), qui va devoir utiliser son intelligence et sa connaissance de la rue - mais avec un poil de testostérone brute tout de même - pour l'emporter face au Predator qui, accessoirement, aide la police à nettoyer la ville de la pègre (comme quoi).
Un changement de ton drastique qui se retrouve un chouïa douloureusement à l'écran (mise en images peu ambitieuse de l'action, même si la photographie crepusculaire de Pete Levy et quelques plans iconiques d'Hopkins, imprime joliment la rétine), mais plus agréablement dans l'écriture du film, reluquant avec une certaine habileté deux des " habitudes " scénaristique de l'époque : la menace des narcotrafiquants héritée des séries B burnées (avec un double combo jamaïcains/mexicains), ou l'aspect postmoderne d'une urbanité en souffrance (comme la trilogie Robocop).
Le tout en faisant la part belle à une action sanglante et tribale, ainsi qu'à une - légère - exploration/enrichissement de la mythologie Predator dans son climax, au coeur du vaisseau du chasseur (démontrant que la chasse sur terre est un sport commun chez cette civilisation extraterrestre supérieure... tout autant que de botter le cul des xénomorphes, un easter egg prémonitoire sur l'avenir de la franchise).


© 1990 Twentieth Century Fox. All Rights Reserved

Dénué de toute subtilité et ne tenant - évidemment - pas la route au jeu des comparaisons avec le premier film, même s'il reprend sa passion pour enrôler les gueules cassées géniales du cinéma d'action (Danny " Murtaugh forever " Glover, Gary Busey, feu Bill Paxton, Maria Conchita Alonso, Robert Davi, Ruben Blades,...); Predator 2, injustement (stupidement ?) conspuée depuis sa sortie, n'en reste pas moins une excellente suite qui ne s'enferme pas dans la redondance ou le calque de son illustre ainé, et qui convoque joliment la force antique et décomplexée des actionners musclés et jouissifs des 80's/90's, dont le charme n'a strictement rien perdu de sa superbe.
S'il est difficile de croquer une suite, et d'autant plus celle d'un vrai tour de force à tous les niveaux, il est encore plus dur de la rendre originale et surtout pleinement divertissante sans trahir les fans de la première heure, et le film d'Hopkins coche clairement ses deux cases, tout en incarnant la meilleure suite au film de McTiernan.


Jonathan Chevrier