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[CRITIQUE] : Zeroville - Un anticonformiste à Hollywood


Réalisateur : James Franco
Avec : James Franco, Megan Fox, Seth Rogen, Jacki Weaver, Joey King, Will Ferrell, Danny McBride, Dave Franco,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min

Synopsis :
Août 1969. Jérome Vikar, motard au crâne rasé et tatoué par le couple mythique d'Une place au soleil de George Stevens avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift, débarque à Hollywood Boulevard. Il espère y débuter une prodigieuse carrière cinématographique. Mais très vite, les désillusions s'accumulent pour lui. Le cinéma n'est plus un septième art mais un grand commerce. Hollywood est une ville rongée par le sexe, les drogues et le rock'n'roll. La nouvelle génération qui s'installe progressivement dans la capitale du cinéma américain s'avère décérébrée et inculte. Vikar ne s'y sent plus à sa place, lui l'anticonformiste incompris.



Critique :


Que l'on aime ou non James Franco, force est d'admettre que le bonhomme a su se tailler en a peine deux décennies, une carrière Hollywoodienne des plus singulières et ô combien fascinante, passant de jeune loup à la belle gueule accrocheuse, à comédien aux choix singuliers autant que cinéaste iconoclaste.
Un réalisateur capable d'alterner les projets les plus divers avec une frénésie incroyable, pouvant passer d'une mise en images des arcanes d'un nanar à la popularité quasi-galactique (The Room), à une adaptation intime et respectueuse d'un roman de William Faulkner, tout en concoctant dans la foulée, un trip apocalyptico-foutraque involontairement risible (Future World).
Un touche-à-tout comme on dit, avec toutes les qualités et les défauts que cela implique.

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Gentiment taillé par la critique avec son dernier long, Zeroville (tourné en 2014, il est resté dans les cartons pendant quatre ans avant de pointer le bout de son nez), sorti en catimini dans les salles US il y a un petit peu plus d'un an, et condamné à une sortie hexagonale encore plus discrète, Franco signe son Once Upon a time... in Hollywood à lui, fracturant et revisitant l'histoire de la culture pop et du Nouvel Hollywood à travers une optique fictive biaisée, mais surtout résolument moins subtile que celle de QT - elle commence d'ailleurs là où celui-ci se termine.
Adaptation plus ou moins libre du roman éponyme de Steve Erickson - que le trio Franco/Felten/Olds a tenté de rationaliser sans pour autant lui donner plus de liant, le film incarne une sorte d'effort punk-gothique aussi insupportable qu'il est grisant, mué par un mélange tonal détonnant entre la comédie impassible et le mélodrame fou et un tantinet exaspérant... kamoulox.
Un sentiment de déroute agréable, d'ambition tuée dans l'oeuf par quelques choix douteux autant que d'un manque d'équilibre scénaristique total, pourtant jamais trahi par une direction assurée (s'il ne sait pas où aller, il donne au moins du corps à ses images), qui créée une ambiance extrêmement noire et au glamour fané, dans sa plongée désenchantée et labyrinthique à la fois, au coeur d'une industrie Hollywoodienne à la créativité retrouvée, mais qui tombe peu à peu dans ses (gros) travers commerciaux.

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Un regard unique vissé sur la renaissance d'un amoureux du cinéma à l'éducation religieuse sombre, qui va bourlinguer pour tenter de trouver sa place dans un business qui ne correspond plus vraiment à l'image qu'il s'en faisait.
Une odyssée critique techniquement appliquée (superbe photographie de Bruce Thierry Cheung, jolie partition Johnny Jewel, élégante reconstruction historique de la décoratrice Kristen Adams) et solidement incarné (Franco fait le job, Jacki Weaver et Joey King sont des seconds couteaux de choix), mais totalement futiles dans ses méta-explorations, aux possibilités pourtant fascinantes (la tristesse éteinte d'une actrice à la carrière décevante - incarnée par Megan Fox -, la façon dont les films imprègnent nos vies éveillées ainsi que nos rêves, l'opposition entre la solitude créative et plurielle d'une oeuvre, à son image faussement vanté d'un travail en communauté).
Et si certaines de ses intentions sont formidables (mettre en lumière des talents comme Dorothy Spencer ou Dede Allen, des doyennes du montage dont les contributions au médium sont incommensurables et en grande partie méconnues), le déballage de références cinématographiques qui sont les fondations de Zeroville, ne pèsent pas assez lourd dans la balance pour totalement captiver l'attention sur sa déclaration passionnée pour la créativité et le travail acharné qui émaille le destin des vrais artisans du septième art.

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L'amour de James Franco pour le cinéma n'est pas fein (et l'on avait pas besoin de ce nouvel effort pour en être persuadé), mais ses intentions de mettre en images une rafraichissante galoche fougueuse à l'indépendance artistique tombe un peu trop souvent à plat, et force est d'avouer que c'est très con, parce que des films comme celui-ci, on en a pas tous les jours devant les yeux, même sur son simple écran de télévision...


Jonathan Chevrier



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