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[CRITIQUE] : Nimic


Réalisateur : Yórgos Lánthimos
Acteurs : Matt Dillon, Susan Elle, Daphne Patakia ,...
Distributeur : Mubi France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Américain, Allemand, Britannique.
Durée : 0h12min.

Synopsis :
Un violoncelliste professionnel fait une rencontre dans le métro qui va bouleverser sa vie.




Critique :

Il y a une tendance férocement réductrice dans le discours cinématographique actuelle, à devoir adopter une trajectoire naturelle allant des productions courtes aux longs métrages, la première agissant finalement uniquement comme un tremplin pour les réalisateurs en herbe à la recherche de leur saut dans le grand bain; même si quelques petits irréductibles gaulois (coucou David Lynch), s'amusent à jongler entre les deux formats avec une malice salvatrice.
Mais cette ligne de pensée ne rend non seulement pas service aux nombreux cinéastes qui préfèrent activement travailler sur un format plus court, mais aussi et surtout aux œuvres elles-mêmes, de facto considérés comme inférieures et moins ambitieuses parce que plus... courtes.
Pourtant, certaines histoires ne méritent pas plus d'une poignée de minutes pour pleinement exprimer leur potentiel, c'est définitivement le cas de Nimic de Yórgos Lánthimos, petit uppercut dans nos rétines, qui ne demande qu'un tout petit quart d'heure d'attention pour marquer.

Copyright Mubi France

Condensant toutes les gimmicks de son cinéma avec maestria, le cinéaste grec cuisine un petit bout de mal-être sous fond d'humour noir, avec une intrigue au cordeau suivant les aléas d'un violoncelliste, répétant dans un auditorium sophistiqué, qui va avoir le malheur de demander l'heure à la maucaise personne en rentrant de chez lui.
Accentuant crescendo le mimétisme de son histoire, en jouant sur la nervosité paranoïaque d'une menace imminente jamais vraiment contredite, Nimic est un électrique et palpitant récit sur une imitation tellement déroutante qu'elle en vient à pousser sa victime à opérer es ramifications profondes et inattendues sur sa propre personne.
Porté par un tandem parfait (Matt Dillon mais surtout Daphne Patakia, qui prend un plaisir maniaque à démolir sa victime), le court-métrage qui aurait peut-être mérité un poil plus de gras pour cultiver un inconfort encore plus nauséeux, n'en reste pas moins un vrai petit choc concis et aigu sur la notion d'identité si cher à l'orfèvre grec, qui nous fait pleinement réaliser pourquoi on adore tant Yórgos Lánthimos.


Jonathan Chevrier