[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #81. Urban Legend
© 1998 - TriStar Pictures, Inc. |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#81. Urban Legend de Jamie Blanks (1998)
Dans la trop chargée vague de néo-slasher initiée par le carton monstrueux (mais totalement mérité) de Scream et de ses suites, gageons qu'elles sont rares, très rares les péloches à pouvoir se prétendre un tant soit peu à la hauteur du bijou de feu le regretté Wes Craven.
Sorti plus ou moins dans son sillage - deux ans après -, et même s'il s'échine involontairement à accumuler la plupart des clichés dont se moquait justement le slasher né de la plume de Kevin Williamson, Urban Legend de l'Australien Jamie Blanks, dont c'était le premier long-métrage (qui lui fut proposé par le producteur Neal H. Moritz, après que celui-ci fut impressionné par la bande annonce qu'il avait concocté pour postuler à la réalisation de Souviens-toi... l'été dernier, in fine échoué à l'écossais Jim Gillepsie), n'en demeure pas moins tout à fait recommandable et s'avère même, quoi qu'en diront certains, l'un des meilleurs clones de Scream - au même titre d'ailleurs, que le film de Gillepsie ou Halloween, 20 ans après de Steve Miner.
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Véritable hommage sincère et soigné aux classiques des glorieuses 80's, le film dégaine sans trembler et avec un enthousiasme non feint, tous les passages obligés du genre : le boogeyman masqué (ou plutôt ici encapuchonné), le cadre universitaire (ici un gros campus US), quelques courses-poursuites au féminin (avec des vraies scream queens qui s'époumonent sans compter), des mises à morts jouissives (sans pour autant jouer la carte du gore), une lumière ocre (tout droit sortie d'un giallo, mais définitivement moins marquée que dans son essai suivant, le bancal Mortelle St-Valentin), et des révérences assumées à ses aînés (on pense autant au cinéma de Dario Argento, qu'à la décontraction des franchises Freddy et Phantasm).
Plus malin que ses petits camarades de l'époque jusque dans son casting, alternant wannabe superstars (Jared Leto, Joshua Jackson, Rebecca Gayheart, Alicia Witt,...) et vieux briscards iconiques (Robert Englund, Brad Dourif et même la pourtant jeune Danielle Harris), la péloche démontre surtout ses talents au détour aussi bien de son scénario, pas révolutionnaire mais solide dans son utilisation ludique du thèmes des légendes urbaines (sans oublier quelques dialogues bien savoureux), que de sa réalisation opératique (redoutable et stylisée, il exploite pleinement son cadre et sa caméra arbore de grands mouvements assurés).
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Dans l'univers froid et mécanique du slasher et, plus directement, de l'horreur pour ados prépubères et attardés - nous en somme -, Urban Legend est clairement de ce qu'on faisait de mieux à la fin des 90's, trouvant son essence fun dans la mise en scène psychotique des légendes urbaines, plutôt que dans une surenchère graphique putassière.
La nostalgie a (souvent) ses bons côtés.
Jonathan Chevrier