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[CRITIQUE] : Le Chevalier et la Princesse


Réalisateurs : Bashir El Deek et Ibrahim Mousa
Avec les voix de : Mohammed Henidi, Dunia Samir Ghanim, Majed Elkidwani, Medhat Saleh, Abdulrahman Abu Zahra, Ablah Kamel,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Saoudien, Égyptien.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Une histoire vraie mais dont la fin a été revisitée. Un jeune guerrier est résolument déterminé à sauver des femmes et des enfants qui ont été enlevés par des pirates. Cela le conduit à tomber amoureux d'une princesse et à devoir affronter un tyran brutal ainsi que son perfide sorcier.


Critique :



Après un passage au festival de El-Gouna, le tout premier film d’animation égyptien, réalisé par Bashir El Deek et Ibrahim Mousa est projeté à l’occasion de l’édition exceptionnellement en ligne du festival d’Annecy.
Il aura fallu presque une vingtaine d’années pour que les festivaliers privilégiés puissent assister à une projection du film Le chevalier et la princesse installés confortablement chez eux. Produit par une équipe intégralement arabe, le film représente une étape cruciale pour l’industrie cinématographique égyptienne, pour qu’elle puisse s’exporter et être vue par le plus grand nombre. C’est un fait historique qu’il nous est offert de voir, romancé et ré-adapté pour les plus jeunes, afin de viser un plus large public. 


© Festival international du film d’animation d’Annecy 2020



Le chevalier et la princesse nous conte l’histoire de Mohammed Bin Al Qasim, jeune homme au destin exceptionnel. Une vie tragique en réalité, mais le film décide de ne pas montrer sa mort à l’âge de dix-neuf ans pour s’arrêter à sa victoire de la bataille contre le roi du Sindhistan, Daher, au côté de sa fiancée (la fameuse princesse du titre). Jeune homme de quinze ans, il est scandalisé quand il apprend que le roi tyran de la région de Sindh (située au sud du Pakistan) a enlevé les femmes des marchands, morts en héros. Pour éviter une épidémie de peste, qu’ils avaient contracté à bord d’un bateau, ils ont décidé de se sacrifier aux abords de l’île Ceylan, laissant derrière eux, veuves et enfants. En essayant de rejoindre l’Arabie Saoudite, leur pays d’origine, elles sont enlevées par des pirates, qui les vendent au roi du Sindh. On ne verra jamais la moindre violence envers elles, mais le film évoque quand même, par quelques répliques, les agressions qu’elles subiront, d’ordres sexuels. Mohammed a appris de son grand-père le maniement des armes et les tactiques militaires depuis son jeune âge. Il décide, avec une petite équipe, de monter une mission pour libérer les veuves discrètement. En chemin, il rencontre la princesse Lola Benny, qu’il sauve. Coup de foudre immédiat, mais leur amour ne sera pas une priorité. Le roi Daher doit être arrêté et c’est Mohammed qui va mener la bataille.
Malgré le titre, équivoque, Le chevalier et la princesse n’est pas une comédie romantique, mais un film de guerre. L’histoire d’amour est reléguée au second plan et c’est tant mieux tant elle est banale. Sauvée des flammes, Lola Benny, ne fait rien d’autre que d’attendre son chevalier bien aimé tandis qu’il mène une armée au combat. Malheureusement, le récit principal n’est pas plus plaisant. Une voix-off nous plonge dans la péninsule arabique au VIIe siècle et s’évertue à nous présenter l’univers. Si le fait de creuser le fonctionnement de cette société est intéressant et cohérent, il aurait aussi fallu creuser les personnages, qui ne possèdent aucune profondeur. Mohammed Al Qasim nous est montré comme un héros dès le début, parce qu’il sauve un jeune garçon, au lieu de gagner une course. Le film ne creusera pas plus la question, alors que nous sommes désireux de comprendre ce qui anime ce personnage, dont la soif de justice le mène à protéger les innocents. Ses compagnons sont des personnages génériques, auxquels on ne s’attachera jamais. Une séquence où l’un d’eux meurt, en sauvant les femmes de marchand, censée être forte, n’arrivera jamais à un degré d’émotion supérieure parce que le film n’aura pas fait le boulot d’empathie dès le début. 

© Festival international du film d’animation d’Annecy 2020


L’animation est aussi très sommaire, et n’est pas assez développée pour obtenir des visages expressifs. La magie vient se mêler à tout cela avec la magicien de Daher, et ses deux djinns, Shamhoresh et Bakhtou, une sorte de Peine et Panique à la Hercule, apportant une pointe d’humour, qui ne trouve pas vraiment sa place.
Le chevalier et la princesse ne sait jamais sur quel pied danser, alors qu’il essaye de faire plaisir à tout le monde. Le souffle épique que veut insuffler le scénario retombe très vite (la séquence finale, le climax de la confrontation, se résume en deux petites minutes de combat) à cause d’un ton bon enfant qui ne convient pas à cette histoire de guerre et de justice. 



Laura Enjolvy