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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #64. Lethal Weapon 4

© 1998 - Warner Bros

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



#64. L'Arme Fatale 4 de Richard Donner (1998)

Avec 300 millions de dollars de recettes, il aurait été franchement dommage pour la Warner à l'époque, de chier sur sa poule aux oeufs d'or qu'incarne la saga L'Arme Fatale, et de se refuser à l'idée d'offrir à Riggs et Murtaugh des adieux en bon et dû forme, mais surtout de capitaliser une ultime fois sur ce qui fut le tandem le plus imposant du cinéma béni des 80's/90's - avec Doc Brown et Marty McFly.
Ce qui n'est pas un mal face à la déception qu'incarnait le troisième opus, qui opérait un virage trop brutal vers la comédie passé deux bijoux de polar noir et nihiliste (saupoudrés de quelques soubresauts légers et attachants profondément salvateurs), qui avait considérablement bousculé le genre - dans le bon sens du terme.

© 1998 - Warner Bros

Un ultime baroud d'honneur, ne trahissant pas totalement le virage précédent (et bien trop entamé pour en prendre le contre-pied), tout en revenant vers une menace sombre et imprévisible proche du dyptique original, c'est le grand écart pas toujours claire mais louable opéré par Lethal Weapon 4, qui annonce la couleur dès une ouverture pétaradante et absurde, mais à la violence totalement décomplexé : un homme en armure façon Robocop du pauvre, fait pleuvoir des balles et des flammes dans les rues de L.A. avant que notre duo chéri, non sans humour (au-delà du fait de ne pas être surpris, ce sont des vétérans après tout, Murtaugh finira en caleçon sous la pluie), le liquide sans le moindre remords, en l'explosant sur un camion citerne.
Simple et efficace, ou comment rompre la routine tout en l'épousant en partie, et en répondant également aux impératifs de l'époque (du kaboom souvent sans cohérence ni véritable mise en place au préalable), dans une sorte de décontraction générale, qui en fait décemment le film plus drôle, chaleureux et idiosyncratique de la saga.

© 1998 - Warner Bros

Appuyant volontiers sur le champignon de l'humour potache - mais cette fois vraiment drôle - du spectaculaire en faisant du tandem les cibles de la Triade, menace crédible parce que réelle et imprévisible, les propulsant bien au-delà de leur zone de confort (course-poursuite à pied et en voiture, terminant même dans un immeuble, home invasion, combats à mains nues totalement déstabilisés, fusillades à gogo,...), Richard Donner redonne du coeur et du corps à la franchise, comme s'il était conscient d'avoir été totalement aux abonnés absents derrière la barre du métrage précédent.
En dosant avec maîtrise ses envolées humoristiques (les délires hystériques de Joe Pesci sont bien plus savoureux, Chris Rock lui apporte même un répondant génial), en se payant un vilain charismatique et crédible (Jet Li n'a pas besoin de dialogues pour démontrer sa puissance et sa dangerosité), tout en articulant son émotion sur un vrai sentiment de famille solide (ce qui nous sera répété tout du long jusque dans une ultime scène incroyablement touchante et même follement méta), L'Arme Fatale 4 réussit là ou le troisième s'était littéralement gamelé, en se focalisant non pas sur les individualités mais sur l'amitié entre Riggs et Murtaugh, noyau central autour duquel tout le monde gravite.

© 1998 - Warner Bros

Fini le malaise égoïste de voir le premier marteler sans cesse au second de prendre sa retraite - l'idée est même totalement exclue de la conversation -, l'intrigue leur offre suffisamment de moments intimes personnels (la naissance d'une famille pour l'un, la volonté d'aider son prochain pour le second, via un discours certes léger mais important sur l'esclavage et le marché humain), pour sublimer ceux ou ils partagent l'écran, avec une complémentarité totalement retrouvée qui se ressent jusque dans l'enthousiasme non feint qu'on Danny Glover et Mel Gibson de partager l'affiche une ultime fois.
Mieux, même s'il a pleinement conscience de ne plus être le même (il est à son tour, trop vieux pour ses conneries, et pas loin d'une bonne crise de la quarantaine), Riggs retrouve son esprit de chien fou n'ayant jamais peur de se mettre en danger, et ce même s'il a énormément à perdre (une compagne et un futur bébé); nous ramenant dès lors à se sentiment grisant du " est-ce qu'il va mourir ou pas ", véritable fil rouge de la saga dès le second long et totalement absent du troisième film.

© 1998 - Warner Bros

Et c'est lors d'un combat final brutal, ou lui et son meilleur ami de toujours en prennent plein la poire comme jamais, que le film va réunir à la fois notre peur de le voir périr et l'impression d'une amitié fraternelle retrouvée, ou Roger sauve définitivement son coéquipier et frère de coeur, avec qui il est connecté de manière presque télépathique (on est d'accord qu'il est impossible d'entendre Riggs sous l'eau hein, autre que par la télépathie).
Plus raffiné que de l'auto-parodie, plus élégant qu'une simple redite et surtout plus énergique qu'une conclusion pantouflarde redouté, Lethal Weapon 4 prouve que si la saga n'était déjà plus aussi incontournable, il aura été fortement dur de lui dire adieu, à tel point que l'on rêve toujours autant d'un cinquième film, arlésienne qui semble plus concrète d'années en années...


Jonathan Chevrier 

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