[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #61. Cliffhanger
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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#61. Cliffanger : Traque au Sommet de Renny Harlin (1993)
Le chef-d'oeuvre (oui, il l'est... et c'est indiscutable) Die Hard aura tellement renouveler le giron du cinéma d'action qu'il en aura aussi, un peu, causé sa perte (Die Hard 3 en sera même son chantre ultime, douce ironie) puisque Hollywood dans sa grandeur et son originalité, n'aura eu de cesse de pomper jusqu'à la moelle sa recette, pour en produire des clones divers et variés avec une frénésie proprement effrayante.
Pas le plus manchot d'entre eux - on pourrait même clairement le classer dans le haut du panier avec Speed -, Cliffhanger du finlandais fou Renny Harlin, produit dans l'urgence pour un Stallone alors férocement acculé (un échec de plus et nous l'aurions sans doute définitivement perdu dans les limbes du B movie plus tôt que prévu), et qui était justement engagé avec le cinéaste sur un autre projet juste avant (Gale Force, un thriller catastrophique vendu comme un " Die Hard dans un Ouragan " et annulé faute de budget, qui aurait vu Sly camper un ex-Navy SEAL luttant contre un groupe de pirates modernes attaquant une ville côtière, lors d'un grand ouragan à la force catastrophique); est de ces bandes d'action comme on en fait plus, qui répond parfaitement aux attentes qu'il suscite et dont la générosité n'a d'égale que l'enthousiasme non feint qu'il provoque, et même ici le vertige étonnant qu'il convoque via des cascades affûtées et des décors rocheux littéralement à couper le souffle.
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Tant pis donc, si l'on ne croit pas vraiment à son histoire furieusement prétexte au vertige justement, démarrant par ce qui reste l'une des séquences les plus traumatisantes des actionners de l'époque : une banale - on se comprend - balade dans les monts rocheux du Colorado (même si tout à été tourné ou presque, en Italie dans les Dolomites), qui faute d'un matériel un peu usé - juste un peu -, voit le personnage de Stallone, le ranger/alpiniste/expert en sauvetage Gabriel " Gabe " Walker, dans l'incapacité de sauver la petite amie de son collègue ami sauveteur Jessie Deighan, qui fait une chute de plusieurs centaines de mètres dans le vide.
Marqué - logique - par cet incident, Gabe tire sa révérence mais va devoir rempiler le jour où des pirates de haut vol, entre terroristes limités et agents du FBI corrompus, se la joue remake de The Pursuit of DB Cooper en détournant un avion du Trésor américain transportant des millions de dollars.
Le hic, c'est que les valises contenant le magot se font la malle justement, en plein vol (le plan était de les transférer d'un avion à un autre, en plein vol) et oblige la bande à amener de force Walker et Deighan dans leur quête pour les retrouver, et surtout se barrer de là fissa.
Sauf que Walker est peu enclin à les aider, tant mieux puisqu'il n'avait pas dans l'idée de le laisser en vie...
Manichéen dans sa lutte à flanc de montagne, entre les gentils très gentils et les méchants vraiment cruels, gentiment saupoudré d'une querelle interne dans les deux camps plutôt bienvenue (les méchants ne se supportent pas, Deighan en veut à Walker de ne pas avoir tout fait pour sauver sa compagne, alors qu'il est lui-même le principal fautif), Cliffhanger, hautement divertissant et riche en suspense - tout est dans le titre -, ne pète décemment pas dans la soie de l'originalité, mais a pour lui un cadre résolument grandiose pour mettre plusieurs coudées d'avance à ses petits concurrents.
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Territoire de tous les possibles, aussi glacial que majestueux, les actionners en pleine montagne ne sont pas légion - les survivals nettement plus -, et Renny Harlin (déjà derrière un Die Hard, une anecdote qui est loin d'être anodine) le sait que trop bien, voilà pourquoi il rend ses scènes d'action les plus palpitantes possible - ou sanglante, c'est selon -, bien aidé par une caméra fluide, une photographie littéralement à tomber (signée Alex Thomson) et des cascadeurs suffisament casse-cou (feu le grimpeur allemand Wolfgang Güllich et l’américain Ron Kauk en tête) - mais moins par un montage aux raccords parfois douteux -; qui subliment le moindre acte héroïque d'un Stallone plus ou moins fragile, tout en sobriété et aux muscles affûtés (certaines scènes les mettent à rude épreuve, en le suspendant réellement dans le vide), et dont le mano-a-mano psychologico-brutal avec un John Lithgow parfaitement Gruberien (un subtil accent britannique couplé à un léger sadisme et une intelligence intimement dangereuse), fait clairement le sel du métrage.
Ajouté à tout ça un bon casting de trogne habituées des séries B (Michael Rooker, Rex Lien,...), un superbe score de Trevor Jones et une application toute particulière pour en donner à son auditoire, et vous ferez donc face à une bonne pizza du samedi soir sur pellicule, jamais indigeste et même tellement goûteuse qu'elle assumera pleinement les multiples visions.
Parce que quand on aime Sly, on ne compte pas les calories, et on ne se refuse absolument pas le moindre plaisir coupable...
Jonathan Chevrier