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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #106. The Karate Kid Part III

(Columbia Pictures/IMDb/TNS)

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#106. Karaté Kid III de John G. Avildsen (1989)

Sans qu'on ne sache réellement pourquoi, peut-être parce que l'insouciance et le bon temps a une date de péremption, même au coeur d'un septième art ricain réputé pour user jusqu'à la moelle le moindre de ses concepts populaires, la magie des 80's au coeur des franchises cultes, s'est éteinte avant même que la décennie ne tire pleinement sa révérence.
Comme si quelque chose s'était perdu en cours de route, comme si la machine avait tout simplement cassé : Rocky V, Rambo 3, SOS Fantômes 2, Retour vers le futur 3 ou encore Karaté Kid III, et plus tard Tortues Ninja 3, Robocop 3, Le Flic de Beverly Hills 3, l'Arme Fatale 3,... la liste est longue, beaucoup trop longue.
Produite un brin sur le tard pour continuer à voguer sereinement sur la vague du teen movie inhérente au dyptique original, articulée autour d'une revanche sur le papier alléchante (John Kreese qui veut faire payer sa défaite loyale, à Daniel et Mr Miyagi) mais à l'exécution follement ennuyeuse et foutraque, The Karate Kid Part III, toujours mis en boîte par John G. Avildsen et scripté par Robert Mark Kamen, a tout de la suite de trop, aussi attachante dans ses maladresses soit-elle.
On y suit Daniel et Miyagi de retour d'Okinawa, loin d'être comme on les avait laissé (trois ans de plus au compteur, si Pat Morita n'a pas tellement changé, Ralph Macchio n'a plus DU TOUT le même physique), et qui sur un coup de tête du premier - qui ne veut plus du tout aller en fac -, se lance dans le business de... bonsaïs, en ouvrant une boutique ou ils pourront vendre ou soigner, leurs arbres nains.

(Columbia Pictures/IMDb/TNS)

Tout irait bien dans le meilleur des mondes, si John Kreese, qui a tout perdu (ses élèves, son dojo et sa salle de bain, aussi), ne voulait pas se venger, aidé de son poto du Vietnam, le millionnaire malfaisant polluant l'environnement Terry Silver, qui au-delà d'étendre la marque Cobra Kai sur toute la région, va concocter un plan machiavéliquo-pas crédible : pousser Daniel a remettre son titre de champion junior de karaté avec l'aide du " prodige " Mike Barnes (un Johnny Lawrence bis, vraiment), et lui faire prendre confiance en le séparant de Miyagi (qui ne veut pas l'entraîner pour qu'il défende son titre) et en l'entraînant de manière... extrême (sadomasochiste même, avec de gros bobos en prime).
Évidemment, rien ne va marcher, et dans un dernier tiers qui reprend au pied de la lettre le dernier tiers du premier film (seul un kata remplacera la technique de la grue pour la victoire finale), les deux héros vaincront une nouvelle fois Cobra Kai... parce que les vrais héros américains ne perdent jamais.
Intéressant quand il se prend vraiment au sérieux et qu'il aborde les thèmes chers de la saga avec force (la relation LaRusso/Miyagi, ici vraiment éprouvé, les fondements du Karaté qui va de pair avec l'exploration du côté obscur de Daniel, et sa manière de se laisser pervertir par le subtil manipulateur Terry Silver, pour qui le karaté n'est qu'un passe-temps), ou qu'il laisse parler les émotions de ses personnages (Miyagi prouve une nouvelle fois sa bonté et sa sagesse, malgré les erreurs de sale gosse de Daniel), forcément irritant quand il alourdit sa narration de manière inexplicable (une love story qui n'en est pas une, une manipulation jamais crédible, une coloc Daniel/Miyagi jamais cohérente, entre la construction de l'extension de la maison de Miyagi en deux secondes, et le départ précipité de la mère de Daniel - comme dans le second opus); Karaté Kid III ne sait jamais sur lequel pied combattre, et ne tutoie jamais du bout de la pellicule la profondeur des deux premiers longs, tant elle ne semble jamais vouloir s'aventurer plus loin que la répétition d'une recette déjà un brin obsolète dès le générique du premier opus enclenché.

(Columbia Pictures/IMDb/TNS)

Toutes les leçons sont assimilés, les surprises n'en sont plus vraiment, le meilleur personnage (Mr Miyagi, toujours incarné avec force par Pat Morita) est réduit à n'être qu'un élément standard d'une intrigue standard, le vilain est une caricature absolue jamais nuancée (à la différence de Johnny, John Kreese, Chozen ou Sato) et même le score de Bill Conti ne propose pas ou presque, de nouvelles sonorités.
Il était temps d'en finir, même si la franchise offrira plus tard un quatrième film totalement indigne (Miss Karaté Kid, sans Macchio mais avec Hilary Swank et un Morita trop vieux pour ses conneries), mais surtout un remake opportuniste et ultra américain, produit à la wannabe gloire de Jaden Smith par son papounet Will, et dont seule la partition d'un Jackie Chan impliqué, mérite le coup d'oeil... et encore.


Jonathan Chevrier