[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #108. Re-Animator
© 1985 Empire Pictures |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#108. Re-Animator de Stuart Gordon
J’écrivais récemment un billet sur Mon Voisin Totoro et notre intarissable soif de revenir à une perception enfantine du cinéma en ces heures troubles. Et s’il est en effet important de préserver notre âme d’enfant, outil vital dans notre rapport à l’art, on ne va pas se mentir il est aussi pour certains d’entre nous extrêmement cathartique de voir des corps se déchiqueter sans grâce, des tripes se répandre au sol dans un fracas gluant et des têtes se détacher laborieusement d’un corps frêle à coup de pelle. Tout ça en fiction, bien entendu. Si l’humain est irrésistiblement attiré par des œuvres empruntes de vitalité juvénile, il l’est également par des œuvres salement gore dans lesquels il peut s’amuser de la mort atroce et douloureuse et ses congénères. Et c’est une des raisons pour lesquels le cinéma est une invention merveilleuse, il peut convoquer et rassasier aussi bien la pulsion de vie que la pulsion de mort, être un outil cathartique jouissif que ce soit pour les parts lumineuses ou ténébreuses tapies au fond de notre psyché. Et entre son ajout comme un des étendards du lancement de la plateforme « Shadowz » et le triste décès de son réalisateur Stuart Gordon, c’est le moment ou jamais pour se replonger dans cette œuvre majeure du genre qu’est Re-Animator.
© 1985 Empire Pictures |
Très librement inspiré d’une nouvelle de H.P. Lovecraft, le
film nous parle de Herbert West, étudiant en médecine plus que brillant mais
avec un gargantuesque pète au casque, bien décidé à combler son ego en parvenant
à vaincre la mort grâce à un sérum vert fluo de sa confection capable de
réanimer les cadavres. Dans sa folie obsessionnelle il entrainera son colocataire
Dan Cain, personnage typique de premier de la classe en voie d’épouser une
jolie blonde et se dirigeant vers une vie propre et bien rangée au côté de son médecin
de beau-papa à l’hôpital. Et c’est dans le nœud de cette relation que le film
trouve le début de son pouvoir malsain d’attraction. West est un personnage atypique,
il effraie la fiancée, il effraie le chat (à raison, vu l’état dans lequel la
pauvre bête va finir), mais quand Dan découvrira les travaux de son savant fou
de colocataire, alors que chaque parcelle de raison en lui devrait le pousser à
chasser ce malade de sa cave et appeler les flics sans tarder, la raison s’effacera
face à l’ivresse de la perspective de cette recherche de toute puissance sur la
grande faucheuse. Il n’hésitera pas à mettre en péril la certitude rassurante
de sa vie future facile et toute tracée pour essayer en quelque sorte.. de
devenir Dieu. Regrettable choix pour tout le monde car il finira par
transformer son beau-père en zombie, créera un bordel sans nom sur son lieu de
travail parfait, et verra sa petite copine se faire lécher les tétons par une
tête coupée libidineuse. Oui, oui c’est dégueulasse.
© 1985 Empire Pictures |
La mise en place du film est intéressante, on est
directement confronté à la mégalomanie impertinente de West, et l’on sait
pertinemment où ses recherches déraisonnables et prétentieuses finiront par
emmener le film. Du moins on croit le savoir, parce qu’il parvient à être plutôt
surprenant. Et on attend que ça. On sait très bien que tout ce que nos deux
scientifiques parviendront à ramener, ce sont des corps sans âmes avides de
violence. Et le film finira bien évidemment par atteindre des sommets dans l’inventivité
gore et perverse... mais néanmoins fascinante, constamment en recherche de l’attraction
plus que de la répulsion. Si le film bénéficie de quantité d’effets spéciaux sanguinolents
de grande qualité, il donne dans une certaine forme d’absurde, en décalage
total avec la réalité qui le rend extrêmement ludique et forcément abordé avec
un second degré total. Par exemple parce que les règles entourant le sérum et
ses effets sont aussi loin qu’on puisse être de toute forme de rigueur
scientifique, et surtout parce que le choix du zombie lubrique à la tête coupée
comme grand méchant du climax est aussi glauque qu’hilarant. Re-Animator reste
avec le temps un des monuments culte du film gore qu’on voit et revoit pour se
marrer comme des bossus, animé par une absurdité jubilatoire, une inventivité
gratifiante et un grand savoir-faire. Alors merci pour ça, et au revoir Mr
Gordon.
Kevin
Kevin