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[CRITIQUE] : La Communion


Réalisateur : Jan Komasa
Acteurs : Bartosz Bielenia, Eliza Rycembel, Aleksandra Konieczna,...
Distributeur : Bogeda Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Polonais, Français.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour la jeunesse mais le crime qu'il a commis l'empêche d'accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L'arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.




Critique :


Parfois, il y a un peu du bon a être confronté à un rouleau compresseur tel que Parasite, au coeur de la course aux statuettes dorées; surtout quand on arrive a se frayer un chemin dans la psyché des votants, et que l'on s'extirpe sans trop trembler de la (très) riche phase des éliminatoires de l'Oscar du Meilleur Film Étranger.
Voilà qui place donc de facto la petite bête de festival qu'est La Communion de Jan Kommasa (Insurrection), gentiment au-dessus de la mêlée des petites curiosités qui émaillent les sorties actuelles, et pas uniquement donc, par la force d'un pitch franchement accrocheur.
Démarrant comme un uppercut à en décoller la mâchoire avec une ouverture filmé sèchement - mais pas sans brio - (on assiste impuissant à une scène de viol collectif entre prisonniers, dans l'atelier de menuiserie d'un centre de détention), la péloche donne le ton d'une expérience sans concession, qui n'est pas censé exister pour brosser son auditoire dans le sens du poil.
Vissé sur son héros titre, le film suit les aléas de Daniel, un délinquant trouble et violent, qui se trouve une passion soudaine pour la religion catholique et à la profession de prêtre depuis sa rencontre avec l'aumônier du centre de détention pour jeunes ou il purge sa peine.
Placé en semi-liberté, il désire suivre des études de séminaristes mais son passé de criminel lui barre toute possibilité d'assouvir son rêve... ou presque.
Envoyé dans un village voisin pour travailler dans une menuiserie, il va en profiter pour se faire passer pour un prêtre dans une paroisse en mal de curé.


Même si son mesonge est gros comme une maison, il va peu de plus en plus s'investir dans la vie locale, et devenir le témoin privilégié de tous les secrets du village.
Arpentant un terrain plutôt rebattu et connu des cinéphiles - sans que cela ne soit dommageable pour autant -, et étonnament inspiré d'une histoire vraie (plus c'est gros en même temps), La Communion théorise avec passion sur les notions de foi et de religion, véhiculé par un antihéros à l'ambiguité rare, aussi bien psychologiquement que physiquement, sorte de véritable démon en soutane, d'ange aux vices assumés; incarnation vibrante d'une Pologne au penchant catholique imposant, dont la condamnation de son prochain faillie sous le simple port d'un clergyman.
Un vrai/faux pasteur atypique, dont l'amour pour la religion est le seul salut, la seule possibilité de rédemption pour totalement aseptisé ses penchants violents et destructeurs, un homme qui oeuvre pour le bien de son prochain, passant de criminel à pasteur passionné - et même possédé -, qui n'existe et ne se sent exister que dans l'imposture.
Kommasa propulse son loup dans la bergerie (Bartosz Bielenia, incroyable), le fait devenir agneau en cultivant subtilement toute l'ambiguité de son entreprise (manipulateur diabolique ou repenti sincère, le doute persiste jusque dans l'ultime morceau de bobine), fustige les travers et la schizophrénie de son pays (dans un discours à charge sur l'Etat et l'Eglise, tous deux corrompus, porté par un personnage lui-même englué dans le mensonge), et croque un brulot radical et interrogatif, sur les notions de morale et de vocation viscérale.
Une (très) belle surprise.


Jonathan Chevrier


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