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[CRITIQUE] : Guns Akimbo


Réalisateur : Jason Lei Howden
Acteurs : Daniel Radcliffe, Samara Weaving, Rhys Darby, Ned Dennehy,...
Distributeur : Amazon Prime Video
Budget : -
Genre : Action, Comédie.
Nationalité : Néo-zélandais, Allemand, Britannique.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Miles, un homme ordinaire, se retrouve à lutter contre un site du dark web qui propose de la violence à ses spectateurs.




Critique :



En ces temps de confinement plus ou moins facile à vivre pour les cinéphiles que nous sommes, quoi de mieux que (potentiellement) se vider la caboche avec un bon divertissement gentiment régressif, qui envoie du pâté tout en ne se prenant jamais au sérieux ?
Sur le papier, Guns Akimbo de Jason Lei Howden - également derrière le script -, porté par un Daniel Radcliffe définitivement trop rare (surtout qu'il a une sérieuse tendance à vraiment bien choisir ses projets depuis près d'une décennie maintenant), vendait cette belle réclame, saupoudré d'un potentiel regard affûté sur les dérives des réseaux sociaux et du jeu vidéo tout en évitant soigneusement le radotage de vieux con (les jeux c'est pô bien, les RS c'est le mal).

© Jen Raoult-ClairObscur

S'il est loin d'être un père la morale, Howden manque pourtant gentiment le coche d'apporter le moindre discours sur le médium, et transforme son essai en une sorte de rejeton fun mais léger de Running Man et Ultimate Game, une comédie d'action SF loin d'être éloigné de son sympathique mais (très... trop) foutraque Deathgasm.
Lui-même issu - comme nous - de la culture geek, et bien plus coutumier du ton " rentre-dans-le-lard " que de la subtilité, le cinéaste peine pourtant gentiment à faire démarrer une intrigue ne dépassant pas le recto d'une feuille de papier toilette Lotus, et qui se fait le chantre du old school gaming (tu shootes, tu shootes et... tu shootes).
C'est donc avec la main gentiment sur le levier de vitesse que l'on découvre les aléas de Miles, codeur de jeu/gamer timide qui apprend à cesser de s'inquiéter et à accepter le fait totalement délirant, qu'il fait partie contre sa volonté d'une communauté en ligne - Skimz - pleine de joueurs désensibilisés et de trolls sanguinaires, n'ayant pour seul but que de lui faire la peau à lui et à son peignoir fatigué.

© Jen Raoult-ClairObscur

Mettant en scène - comme Ultimate Game - la dissolution joueur/jeu, transformant l'expérience en un véritable lien social ou l'interaction n'est plus virtuelle et où n'importe qui, même contre son gré, peut devenir un héros aux yeux du monde - connecté - entier rien qu'en usant de deux guns vissés contre sa volonté, sur ses mains; la péloche désacralise ainsi les interdits moraux de plus en plus fins dans notre société moderne baignée dans la violence, pour mieux placarder le défouloir qu'est le jeu vidéo, à la réalité.
Une thématique pertinente et cinglante qui n'est malheureusement que la seule chose à retirer d'une histoire concept certes débile et jouissive, mais foutrement creuse aux personnages croqués à la truelle (une monumentale erreur quand on a Samara Weaving en lead féminin), et au discours sur la société moralement décadente, jamais assez appuyé (même si on le perçoit, ce qui est déjà mieux que rien).
Course-poursuite/contre-la-montre simpliste mais aux savoureuses courbes d'actionner SF pétaradant aux scènes d'action gonflées aux stéroïdes et à l'hémoglobine (montées avec les pieds mais cadrées avec verve), Guns Akimbo fait montre d'un manque cruel d'enjeux (quête de survie facile, love story générique, volonté de liquider le " créateur ",...) mais aussi et surtout d'un mauvais goût forcené qui ne plaira pas à tous les auditoires.

© Jen Raoult-ClairObscur

Jamais une quelconque émotion n'est palpable, autre que celle d'un enthousiasme bien gras à se retrouver face à de l'explosivité sèche et déglinguée, ce qui rend de facto l'empathie pour un Daniel Radcliffe pourtant furieusement impliqué (son timing comique pour l'humour slapstick et sa propension à rendre crédible les personnages torturés, fait mouche), presque totalement caduque (son personnage ne ressort pas grandit de ce retour à ses instincts primaires, et ne semble rien apprendre de tout ça), mais surtout la volonté du film de s'inscrire dans l'ombre de ses pairs, difficilement possible (même dans un final qui les convoque directement).
En résulte donc un joli bordel, entre le gros plaisir coupable jouissif et la sympathique et énergique parabole vidéoludique et connectée, pas aussi fucked up et jusqu'au-boutiste que voulu mais porté par un Daniel Radcliffe parfait dans un rôle ingrat.
C'est déjà pas si mal.


Jonathan Chevrier


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