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[CRITIQUE] : Une Mère Incroyable


Réalisateur : Franco Lolli
Acteurs : Carolina Sanin, Leticia Gomez, Alejandra Sarria, Vladimir Duran, Antonio Martinez,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Colombien.
Durée : 1h35min

Synopsis :
À Bogota, Silvia, mère célibataire et avocate, est mise en cause dans un scandale de corruption. À ses difficultés professionnelles s'ajoute une angoisse plus profonde. Leticia, sa mère, est gravement malade. Tandis qu'elle doit se confronter à son inéluctable disparition, Silvia se lance dans une histoire d'amour, la première depuis des années.



Critique :


On avait laissé le prometteur cinéaste colombien Franco Lolli, il y a déjà cinq ans avec un excellent premier long, Gente de Bien, conte moral bouleversant articulé sur les retrouvailles compliquées entre un père et son enfant de dix ans en pleine fêtes de fin d'année, au message social aussi affuté que sa mise en image des rapports entre les personnages, est d'un naturel cru et brutal.
S'il a pris sacrément du temps à mûrir, son film de la confirmation débarque donc en ses dernières heures d'hiver : Une Mère Incroyable, qui surfe sur le même thème charnière de la complexité des liens familiaux au pluriel et de la maternité, et plus directement sur ceux qui unissent un jeune fils et sa coriace de mère et ceux qui unissent celle-ci à sa propre mère.



Soit les aléas douloureux de Silvia, une avocate et mère célibataire (un choix totalement assumé de sa part), même si son enfant désire connaître son père), qui doit autant faire face à la maladie de sa propre mère qui ne veut pas se soigner (et qui vit chez elle, ce qui n'aide absolument pas à rendre serein leur rapport), que le fait de s’occuper - évidemment - seule de son fils mais aussi et surtout, d'affronter un scandale de corruption qui la met en cause (la faute à la malhonnêteté d'un supérieur, qui la poussera à démissionner; le tout dans un Bogota au soleil écrasant.
Chronique intime, tendre (et même assez drôle parfois) et cruelle à la fois sur une vraie héroïne du quotidien, aculée et se refusant au bonheur autant par peur de le perdre que de ne pas en être digne, autant qu'une oscultation sombre des relations filiales, tiraillées entre amour sincère et haine revancharde (et une confrontation pétaradante des égos), laissant au bord du cadre une figure masculine volontairement absente.
Résolument féministe, et ne brossant jamais vraiment son spectateur dans le sens du poil - et encore moins ses personnages -, Une Mère Incroyable sublime la banalité et l'universalité du quotidien par la force d'une mise en scène lente et immersive, de dialogues finement sculptés et percutants, et d'une interprétation proprement incroyable de Carolina Sanin et Leticia Gomez, comédiennes non-professionnelles (cela ne se sent pas une seule seconde, c'est dire la puissance de leurs partitions), mais qui bousculent par leur naturel confondant et leur justesse folle.



Un brin entre Bergman et Moretti (Mia Madre, résolument plus doux et à la porté moins politico-sociale), notamment dans son message difficile mais essentiel sur l'importance de la famille, le film est une merveille de drame sensible, touchant et contrariée, qui n'a absolument pas volé son titre furieusement évocateur, et incroyablement juste.



Jonathan Chevrier


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