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[C’ÉTAIT DANS TA TV] : #3. Parker Lewis ne perd jamais

Copyright Fox TV

Avant de devenir des cinéphiles plus ou moins en puissance, nous avons tous été biberonnés par nos chères télévisions, de loin les baby-sitter les plus fidèles que nous ayons connus (merci maman, merci papa).
Des dessins animés gentiment débiles aux mangas violents (... dixit Ségolène Royal), des teens shows cucul la praline aux dramas passionnants, en passant par les sitcoms hilarants ou encore les mini-séries occasionnelles, la Fucking Team reviendra sur tout ce qui a fait la télé pour elle, puisera dans sa nostalgie et ses souvenirs, et dégainera sa plume aussi vite que sa télécommande.
Prêts ? Zappez !!!




#3. Parker Lewis ne perd jamais/Parker Lewis can't lose (1990 - 1993)

Au panthéon des ados les plus cools du petit et du grand écran, Ferris Bueller peut gentiment partager son trône de leader incontesté avec le génial Parker Lewis, une vérité on ne peut plus logique tant le second ne serait sans doute jamais né sans le premier, qui lui-même avait connu une courte déclinaison télévisée en 90 (avec Jennifer Aniston au casting).
Rejeton assumé de la folie pure de Clair de Lune sous de nombreux aspect, autant qu'il est le grand frère évident de shows tels que Scrubs, Ally McBeal ou même - surtout - Malcolm, Parker Lewis ne perd jamais a aussi bien révolutionné le teen drama que la télévision US en elle-même, en jouant continuellement - dans ses deux premières saisons tout du moins - la carte du pastiche délirant des 80's, sous couvert d'un second degré délirant, d'un comique de situation fantasque et d'un esprit comics/cartoonesque irrévérencieux et jubilatoire.

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« Synchronisation des montres »

Un champs de tous les possibles pour les ressorts stylistiques et la mise en scène, qui n'aura de cesse de multiplier les clins d'oeil subtils au septième art et à la pop-culture de l'époque, autant que de briser un quatrième mur qui n'aura jamais été aussi fin et invisible.
Sans trembler et avec une fausse légèreté géniale, Clyde Philips et Lon Diamond se sont amusés tels des sales gosses, à égratigner toute la concurrence (comme ont su le faire La Folle Journée de Ferris Bueller et le méconnu Trois Heures, L'Heure du Crime, sur grand écran) en boxant pourtant dans la même catégorie : celle du teen drama humoristique (et sans faux rire polluant à chaque gag) s'intéressant bien plus aux atermoiements des adolescents, qu'à leur apprentissage scolaire assurément barbant.
Le facteur x, c'est qu'ils ont appuyés franco sur la manette du décalage constant, arrivant de manière totalement improbable à faire que la série soit encore plus juste, représentative et pertinente que toutes celles prenant le sujet au premier degré, se payant même le luxe de ne jamais brader ses seconds couteaux atypiques pour privilégier la caractérisation de ses héros principaux.
Car tout au long des trois années scolaires à Santo Domingo, chaque élève à sa petite importance, idem pour le corps enseignant, dominé avec puissance par la terrifiante mais sentimentale principale Grace Musso (immense Melanie Chartoff).
N'hésitant jamais à se mettre à nu à l'écran, à se remettre en question même dans la difficulté la plus loufoque qui soit, les personnages, même furieusement (et volontairement) archétypaux, n'en paraissent que plus attachants et empathiques, brassant un large panel de problèmes plus ou moins importants, que l'on a tous rencontré à un moment ou à un autre de notre initiation de l'âge adulte.
Une maturité étonnante venant d'une série qui brille pourtant par... son immaturité visible.

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« Note pour plus tard... »

Toujours en recul avec ses situations (la force d'un humour racé, d'une absence totale de politiquement correct et d'un second degré intelligent et maîtrisé, ne répondant jamais aux sirènes abrutissante du cynisme facile), le show s'autocritique avec une subtilité détonante en pointant habilement tous les travers (on peut même clairement dire charme) et le fétichisme de son époque, et ce dès la personnalité de son héros, le charismatique Parker Lewis (excellent Corin Nemec), King of cool (il est sans vraiment l'être, le roi de son lycée) assumant sans fléchir sa geekitude galopante (merci papa et maman d'avoir un vidéo club, fantasme absolu de tout amoureux/amoureuse du septième art) et son look détonant (chemise trop grande bariolée, mèche défiant les lois de la gravité, basket à la mode,...), et dont les deux meilleurs amis Mickey Randall et Jerry " Monsieur " Steiner, sont eux-mêmes des caricatures grossières des 90's (le rockeur rebelle au grand coeur et le nerd à lunettes accro aux sciences et à la technologie, à l'imperméable gris contenant un million d'objets... au moins).
Une critique jamais facile et emprunt d'espoir, ou même le plus détestable des personnages, est justement plus qu'un simple personnage à détester (que ce soit l'agaçante petite soeur Shelly Lewis, Ms Musso, son fidèle bras droit le gothique Lemmer, véritable Vil Coyote n'arrivant jamais à coincer les héros, ou le terrible Norman Pankow, sorte de Docteur d'Enfer à cheveux et en plus machiavélique, dont la love story impossible avec Musso est hilarante), une écriture sincère de toutes les figures possibles, gravitant dans un univers bienveillant et agréable ou tout le monde peut cohabiter et exister tel qu'il est réellement - comme devrait l'être tout lycée au fond -, et ou Parker et ses amis incarnent des Robins des bois moderne (plus proche d'une Team Mission : Impossible), toujours là pour aider son prochain dans la galère.
Un optimisme sans doute trop naïf pour certains, mais qui est justement le sel évident de ce bon gros bol de nostalgie rafraîchissant et enchanteur, qui a prit un sacré coup de vieux tout en réussissant la prouesse d'être toujours aussi géniale.

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« Manger Maintenant »

Au fil de ses trop courtes trois saisons - et 73 épisodes -, surtout les deux premières finalement puisque la dernière salve d'épisodes a considérablement renouvelé le show, quitte a en saloper toute son essence (moins de fantaisie dans les scripts et la mise en scène, un changement de titre maladroit, des personnages aux looks plus sobres, la disparition de certains seconds couteaux géniaux - Lemmer et Pankow en tête -,...), Parker Lewis ne perd jamais a toujours banalisé ce qui ne pouvait pas l'être (enfermer des bizuths dans des casiers, nourrir et récompenser la brute du lycée avec des sardines crues, faire tourner en bourrique son CPE, avoir une base secrète dans son propre établissement scolaire qui ne ressemble jamais à un bahut comme les autres,...), mais aussi et surtout à dynamiter les lois d'un politiquement correct qui aujourd'hui, a littéralement gangrené la télévision US - mais pas que -, démontrant que l'on pouvait gentiment se moquer de tout le monde, sans pour autant le faire avec méchanceté et cruauté.
Les sportifs adulés de tous mais sensiblement égoïstes et débiles ne parlant que par la violence, les figures populaires ayant les mêmes soucis d'acceptation et de regard sur soi que les nerds et autres " exclus " de la hiérarchie du microcosme scolaire, les personnes à l'embonpoint certain ne pensant qu'à manger (comme Francis Lawrence « Larry » Kubiac, campé par le touchant Abraham Benrubi), ou les beaux gosses ne pensant qu'à aligner les conquêtes tout en arguant être romantique et chercher le grand amour : la série singe tout le monde avec la même verve, se moque des caricatures évidentes et ne masque jamais l'aspect hétéroclite de l'adolescent moyen, qui ne correspond absolument pas aux cases dans lesquelles ont l'enferme dans notre réalité.

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« Aucun problème »

Révérence assumée et irrévérencieuse à la fois, au cinéma de feu John Hughes (sans quelques parti-pris douteux paraissant sensiblement dérangeants aujourd'hui), totalement tourné avec amour vers ses personnages savoureusement surréalistes et finement croqués (et que l'on redécouvre très souvent au fil des épisodes), Parker Lewis can't lose est une merveille de sitcom loufoque, réaliste et humaine, dont l'inventivité n'a d'égale que de la maîtrise incroyable qui l'habite.
Un show qui parle aux adolescents (mais aussi aux adultes) sans les prendre de haut ni en jouant la carte de la moralisation à outrance, puisqu'elle le fait toujours avec subtilité en flattant leurs références et en usant leur langage avec humour, décontraction et émotion.
Parker Lewis a toujours raison, et il ne perd (vraiment) jamais.


Jonathan Chevrier

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